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19/09/2013
Pie XII
Pape illusionniste
"Après que le ministre des Affaires étrangères du Reich lui eut transmis les hommages du Führer, le pape ouvrit l'entretien en rappelant ses dix-sept années d'activité en Allemagne. Il dit que ces années passées dans l'orbite de la culture allemande correspondaient certainement à la période la plus agréable de sa vie, et que le gouvernement du Reich pouvait être assuré que son cœur battait, et battrait toujours, pour l'Allemagne". (11 mars 1940, extrait du rapport sur la conversation entre Von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères du Reich nazi, et Pie XII. - Archives secrètes de la Wilhelmstrasse, RAM. 10 A).
Pie XII : (1876-1958) Pape en 1939. Nom de jeune fille : Eugenio Pacelli
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Carrière
Nonce apostolique à Munich en 1917 (autrement dit ambassadeur du
Vatican), nommé évêque dans la foulée. En 1929 il devient cardinal et
dans la foulée (1930)
secrétaire d'état (et homme de confiance) de Pie XI.
En 1933, il signe à ce titre le concordat entre l'Eglise
et le régime nazi. Comme disent les petits malins, s'il ne l'avait pas signé, un
autre l'aurait fait à sa place. Mais le refus de signature aurait eu une
certaine gueule... mais ce n'est pas le genre du bonhomme qui s'est contenté
d'aller se laver les mains.
Pie XII et les juifs
En octobre 1941, le délégué américain au Vatican demande au pape de condamner les atrocités commises contre les juifs ; la réponse du pape fait état de son souhait de rester "neutre", confirmant la position prétendument stratégique du Vatican exprimée dès septembre 1940.
Deux juifs hongrois évadés du camp d'Auschwitz font parvenir au Vatican, via le
Nonce apostolique de Slovaquie, un rapport détaillé sur la situation dans ce
camp. Pie XII part se laver les mains, et oublie volontairement le rapport dans
un placard. Il continuera à déclarer qu'il ignorait le sort des juifs.
Lorsque les juifs de Rome sont raflés en plein ghetto, le 16 octobre 1943, le
pape se refuse à protester publiquement et s'en va se laver les mains.
Le 28 octobre 1943, Ernst von Weiszaecker, secrétaire d'état du Reich
adressait à von Ribbentrop son ministre de tutelle le message suivant :
" Bien que pressé de toutes parts, le Pape ne s'est laissé
entraîner à aucune réprobation démonstrative de la déportation des Juifs de
Rome. Encore qu'il doive s'attendre à ce que cette attitude lui soit reprochée
par nos ennemis et qu'elle soit exploitée par les milieux protestants des pays
anglo-saxons dans leur propagande contre le catholicisme, il a également tout
fait dans cette question délicate pour ne pas mettre à l'épreuve les relations
avec le gouvernement allemand… "
Il est
vrai qu'une protestation officielle aurait peut-être (c'est même pas sûr)
mis en
danger sa propre sécurité, mais ce qu'on peut au minimum reprocher à ce pape
c'est son manque flagrant de courage. D'autres en ont eu au péril de leur vie
(par exemple le roi Christian X du Danemark refusant, alors que le pays était
occupé, que les allemands raflent les juifs de son pays).
Ceci dit il fit tout de même quelques gestes
(ainsi, il compléta les 15 kg d'or manquant à la rançon que les nazis exigeait
de la part de juifs de Rome, ainsi il organisa des réseaux d'évasions permettant
de sauver 11.000 juifs)
Wikipédia, (vous savez le site qui cherche la neutralité), a choisi de nous
présenter un Pie XII qui aurait sauvé des milliers de juifs. Cela semble
incontestable, mais c'est aussi très politique (faire quelques gestes au cas où
l'Allemagne perdrait la guerre...)
Pie XII et l'Allemagne nazie
En 1946 "Le Saint-Père, dans son amour paternel,
adresse à Oswald Pohl la bénédiction apostolique comme garantie de la plus haute
consolation céleste".
Oswald Pohl, général de la Waffen-SS est l'un des principaux
responsable de la suppression de millions de Juifs et d'autres qui ont été
assassinés dans les camps de concentration nazis. C'est sur son ordre que les
camps de la mort ont été dotés de chambres à gaz… Capturé en 1946, jugé et
condamné à mort en 1947, il ne sera pendu qu'en 1951
Pie XII et le fascisme ordinaire
En 1941, la Yougoslavie est occupée et démantelée. Un état fantoche dirigé
par le fasciste et criminel de guerre Ante Pavelitch est crée en Croatie. Cruel,
sanguinaire... et catholique, Pavelitch n'aura de cesse pendant quatre années de
persécuter la minorité orthodoxe, (exécutions de masse, destruction de
villages, exactions, tortures, pillages, viols...) L'église catholique est
au courant, elle ne proteste pas, se réjouissant même publiquement des
nombreuses conversions au catholicisme de la part d'orthodoxes qui ainsi
échappent à la mort. Le chef de l'église croate était alors le dénommé
Monseigneur Stepinac(1)
qui était également député d'extrême-droite et qui n'hésitait pas à parader aux
côtés des fascistes. Le Vatican était aussi au courant, et que croyez vous qu'il
faisait ? Et bien Pie XII envoyait des messages de sympathie à Pavelitch et à Stepinac...
Une note du Foreign office britannique décrit à ce
propos Pie XII comme "le plus grand couard de l'époque"
Pie XII et
Pétain
Pie XII eut cependant quelques inquiétudes assez insolites durant la durée
de la seconde guerre mondiale : Ainsi il s'inquiétait de la situation conjugale
de Pétain qui n'était marié avec Annie Hardon que civilement depuis 1920.
Il y eut donc des tractations afin qu'il se marie religieusement (ce
qui fut fait secrètement en mars 1941. et qui soulagea grandement le pape !)
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Pie XII et l'après guerre
En janvier 1944, alors que les armées alliées font route pour libérer
Rome, occupée par les nazis, le pape Pie XII exige, curieusement, qu'aucun
soldat de couleur ne soit déployé aux portes du
Vatican.(2)
Pie XII aura ensuite plusieurs
actions très discrètes :
1) Discrétion totale devant la découverte de la réalité des charniers, des
chambres à gaz et des camps d'extermination. Aucune réaction. Pie XII est dans
doute reparti se laver les mains
2) Discrétion totale quand le cardinal Adolf Bertram
(le chef de l'église
allemande) fait organiser des messes de Requiem à la mémoire d'Adolf
Hitler. Aucune
réaction. Pie XII est encore reparti se laver les mains
3) Mise en place d'une filière (orchestrée par l'évêque autrichien
Alois Hudal), pour aider la fuite de certains dignitaires nazis
(dont Adolf Eichmann, Klaus Barbie et Joseph Mengele). Le Vatican délivre des documents tamponnés avec son visa
officiel et utilise des monastères comme cache...
4) Modernisation des lavabos du Vatican pour que le Pape puisse se laver les
mains de façon plus discrète.
Pie XII et les communistes
Le Pape n'aimait pas les communistes, ce qui est normal pour un pape, on ne va
pas lui reprocher, et même qu'il aurait souhaité voir les Allemands foutre la
pâté aux Russes... Après la guerre, et après avoir bien vérifié qu'il pouvait le
faire sans aucun risque il condamna sévèrement les communistes.
Staline qui
avait parfois de l'humour fit semblant alors de se renseigner pour savoir
combien le Vatican avait de division blindées...
Pie XII et les prêtres ouvriers
Dans les combats sans risques, il était très fort, et c'est avec fermeté,
détermination et poing sur la table qu'il condamna de la façon la plus énergique
le mouvement des prêtres ouvriers. Comme quoi il savait aussi prendre des
décisions cet homme là ! Non, mais dès fois !
Pie XII et l'Opus Dei
En 1950, Pie XII approuva l'organisation Opus Dei,
fondée en 1928 par un curé espagnol, Josemaría
Escriva de Balaguer. Cette organisation au comportement de secte, violemment
anti-communiste et secrètement affairiste s'était compromise pendant la guerre
civile espagnole avec les partisans du général Franco
Pie XII et Jésus
En 1955, Pie XII déclare devant un congrès International d'historiens se
tenant à Rome : "La question de l'existence de Jésus relève de la foi
et non de la science !" Serait-ce un lapsus ? Qu'un pape nous dise que le
sujet relève de la foi est logique, mais dire que la science (l'Histoire donc)
n'a pas a s'en mêler est une façon bien cavalière de "fermer" le sujet.
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Pie XII et la Popessa
Pie XII avait aussi sa "bonne du curé" Sœur Pascalina, une très jolie bavaroise,
née Joséfine Lehnert (1894-1983)
Il la rencontre dans une maison de repos des Alpes suisses en 1917, la fait
venir à Munich où le pape occupe les fonctions de nonce apostolique, puis à Rome
en 1930. Sa bibliographie précise qu'elle occupait les fonctions de secrétaire,
de femme de ménage et l'aide-soignante de Pacelli. (pour le reste, on ne sait
pas !). C'est la seule personne qui avait une réelle influence sur le pape.
Son autoritarisme y compris envers les cardinaux lui valut d'être surnommée la
Popessa
Pie XII et les OVNIs
En 1950, et en 1954 il déclare avoir vu le soleil danser plusieurs fois dans le
ciel du Vatican. La fatigue sans doute...
Pie XII et le hoquet
Hic ! Il en est mort en 1958 ! Hic ! Amen ! Hic !
Le débat sur Pie XII
Dans le débat sur ce qu'il est convenu d'appeler "les silences de Pie XII
tout est exagérément faussé, car on passe d'un extrême à l'autre, or ce n'est
pas à l'extrême qu'il faut analyser le personnage, mais ailleurs.
Eliminons donc d'emblée les bêtises et les excès, Pie XII n'est ni nazi, ni
antisémite, ce n'est pas non plus, loin s'en faut, un "résistant" déclaré au
régime hitlérien.
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Le personnage : il peut
paraître hasardeux de calquer les choix politiques fondamentaux des uns et des
autres sur des dignitaires religieux. C'est pourtant ce qu'il faut s'efforcer de
faire si l'on veut cerner le personnage. Or force est de constater que ses
premières prises de position le classe non seulement à droite, mais à la droite
de la droite. L'une de ses premières décisions n'a-t-elle pas été d'annuler
l'excommunication de l'Action Française de Charles Maurras.
(Bonjour l'infaillibilité pontificale !).
Par ailleurs depuis Pie X, il existe un problème entre la France et le Vatican
suite à la loi de séparation de l'église et de l'état. Le Vatican n'admet pas
cette situation (même s'il faut saluer l'attitude
réaliste de Léon XIII), il soutient donc
en France les formations cléricales, monarchistes et antirépublicaines
(marginales et se situant toutes à très à droite de
l'échiquier politique, voire à l'extrême droite) et d'une façon
générale soutient les états catholiques traditionnels contre la France.
L'Allemagne n'est pas à proprement parler un état catholique, mais les bastions
du catholicisme y sont légions, comme la Bavière et la Prusse. Quand à
l'Autriche elle a toujours été l'un des pays fétiches du Vatican en raison de
son catholicisme profond.
Pie XII n'est pas nazi, il en est même loin mais il est pro-allemand,
anticommuniste et antirépublicain (au sens laïque du terme) viscéral. Il
regrette et probablement de façon sincère, les "excès du régime" nazi, mais il ne les
condamne que du bout des lèvres, et sans que cela ne remette en question ses
choix fondamentaux. De plus l'Allemagne reste pour lui le meilleur rempart
contre une éventuelle expansion du communisme.
Comme le constate très judicieusement (et très
jésuitement) la prestigieuse revue bimensuelle des jésuites
italiens contrôlée par le Vatican "Civiltà cattolica" : "Pie XII n'a pas eu,
probablement, une trempe de prophète" (décembre 2002)
A noter que le pape de la guerre de 1914-1918, Benoît XV
(aujourd'hui complètement oublié), fit les
mêmes choix et fut l'objet d'une polémique (Clemenceau
l'appelait le pape boche, et les allemands lui reprochaient de ne pas assez
relayer leurs positions, cela malgré le fait qu'il proposait plan de paix sur
plan de paix calqués sur les propositions allemandes.)
Rappelons que si les silences faces à la shoah furent éloquents, lorsqu'il s'est
agit de remettre de l'ordre dans sa propre boutique, ce pape à trouvé
parfaitement normal :
- le soutien actif de tout l'épiscopat espagnol au régime franquiste espagnol
- le soutien actif de toute l'église croate aux assassins du régime oustachi.
- la bénédiction de la hiérarchie catholique italienne aux expéditions du régime
fasciste en Afrique et en Albanie
- et même si l'intérêt est anecdotique, la circulaire du chef de l'église
allemande Adolf Bertram, demandant à tout les
prêtres allemands de faire dire des messes de Requiem à la mémoire d'Hitler !
Par ailleurs, Pie XII voit d'un mauvais œil l'arrivée des américains en Italie, et il trouve
même le moyen de condamner la résistance (discours du
12 mars 1944).
Les arguments de ses défenseurs :
- il a protesté de nombreuses fois pour chaque violation du concordat (du moins
au début) : exact et normal, il a défendu sa boutique
- il a condamné la shoah dans son message de Noël 1942 : Oui, quelques pauvres
lignes peu explicites noyées dans un très long texte. Comme disait Albert Camus
en 1944, "Nous attendions que la plus haute autorité
spirituelle de ce temps voulût bien condamner en termes clairs les
entreprises des dictatures... La grande foule des hommes attendait, pendant
toutes ces années, qu’une voix s’élevât pour dire nettement où se trouvait le
mal."
- il a fait ouvrir les portes des monastères lors de la rafle de 1943 :
absolument exact mais aucune condamnation officielle.
- d'autres aussi se sont tus et de citer Roosevelt,
Churchill, De Gaulle... :
Euh, ils faisaient la guerre, ces trois là, et n'étaient pas dépositaires d'une
autorité spirituelle. Et puis de toute façon on ne justifie pas une action (ou
une inaction) en invoquant celles des autres.
- la conversion du grand rabbin de Rome ! Un personnage complètement
discrédité par sa communauté.
- les remerciements de Golda Meir : elle n'a retenu que les sauvetages de
1943, depuis Israël a modifié sa position, allant jusqu'à afficher le portrait
du pape au mémorial de la Shoah, avec pour légende "celui qui a laissé faire"
- la pièce "le vicaire" dénonçant la passivité du pape aurait été "commandé" par
le KGB : peu probable, mais la question est ailleurs. Quand suite à cette
pièce un historien juif, Saul Friedländer, veut en vérifier les sources, il ne
peut que les confirmer de façon accablante.
Aujourd'hui :
Benoît XVI veut en faire un
saint, on peut penser que rien ne l'arrêtera,
après tout il ne sera un saint que pour ceux que ça arrange et Benoît a
parfaitement raison de dire qu'il ne s'agit là que d'une affaire interne à
l'Eglise.
On a bien béatifié (ou canonisé) Pie IX et
Alojzije Stepinac qui étaient des assassins,
Pie XII n'était pas un assassin, mais un couard.
(1) Le Pape
Jean-Paul II ne trouva pas mieux que de béatifier cet infect personnage
(2) Le 26/1/44 le cardinal Luigi Maglione, intervient auprès de l'ambassadeur de
Grande-Bretagne, près le Saint-Siège, sir Francis Godolphin d'Arcy Osborne, il
retransmet la requête en ces termes au commandement des forces alliées : "Le
pape espère qu'il n'y aura pas de soldats de couleur au sein des troupes alliées
qui seront déployées à Rome après la libération."