Page mise à jour le 16/02/2016

Des drôles de gens d'église

Alfred Baudrillart (1859-1942) Cardinal, collaborationnisme militant pendant l'occupation, s'afficha dans de nombreuses manifestations de collaborateurs parisiens, ainsi que parmi les soutiens de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme, qui se battit en uniforme allemand sur le front de l'Est. A sa mort, en 1942, l'écrivain catholique Paul Claudel (qui n'avait rien d'un gauchiste) protesta auprès de l'archevêque de Paris contre la solennité des obsèques données à Notre-Dame à "l'émule de Cauchon".

Adolf Bertram (1859-1945) créé cardinal par le pape Benoît  XV en 1919. Il deviendra à partir de cette date, le président de la Conférence de Fulda qui réunissait tous les évêques allemands. C'est donc le chef officiel de l'église catholique allemande. Sa complaisance à l'égard des dirigeants nazis ne sera jamais mise en défaut; à ce point qu'en mai 1945 (alors que la guerre était perdue) il ordonnera aux prêtres de son diocèse de prononcer des messes de requiem à la mémoire d'Adolf Hitler ! Il mourra de stress ne supportant pas de voir le nazisme vaincu ! A noter que jamais le pape Pie XII ne lui a fait de reproches


Adolf Bertram est le 3ème en partant de la gauche (Photo de 1933)

 

Michael von Faulhaber (1869-1952) Cardinal et archevêque de Munich, s'oppose d'abord aux nazis de 1933 jusqu'en 1940 (ce qui ne l'empêchera pas de faire dire une messe d'action de grâce et d'envoyer à Hitler un télégramme de soutien, suite à sa tentative d'assassinat. Sa biographie est très discrète ensuite, mais en 1945 après la défaite on peut lire ce texte ahurissant :
Le dimanche 23 décembre 1945, Son Éminence le cardinal Faulhaber a inauguré solennellement, au camp des SS de Dachau, l'église érigée pour et par les anciens SS… Son Éminence fit son entrée au camp, où elle se rendit aussitôt, en compagnie de ses coadjuteurs, à l'église. Aux accents sonores d'un chœur viril et puissant, Son Éminence se mit aussitôt à bénir les murs extérieurs, après quoi les portails s'ouvrirent laissant entrevoir le sanctuaire dans toute sa splendeur… Le cortège, conduit par le cardinal et les autorités ecclésiastiques, s'avança jusqu'au presbytère, tandis que des SS remplissaient la vaste nef jusqu'à la dernière place. Une fois de plus, Son Éminence donna sa bénédiction aux installations intérieures de l'église et gravit ensuite les marches de la chaire afin de prononcer, de ce ton à la fois magistral et paternel qu'on lui connaît, un sermon émouvant à l'adresse des SS sur la Sainte-Croix, la fidélité à la Croix et la bénédiction de la Croix…  Le R.P. Pfanzelt, curé de la paroisse de Dachau, gagna l'autel pour célébrer la première Sainte Messe dans la nouvelle église de la Sainte-Croix ; celle-ci fut rehaussée par les harmonies merveilleuses de l'excellent chœur des SS, ainsi que par l'orchestre des internés, sous la direction d'Émile Forst. Après la messe, le R.P. Pfanzelt prit à son tour la parole pour remercier chaleureusement Son Éminence du moment inoubliable que l'assistance venait de passer… Son Éminence elle-même a été profondément impressionnée par la consécration de l'église, ce dont fait foi sa proclamation à son diocèse lors de la Saint-Sylvestre dans laquelle elle précise « que la haute tenue religieuse des SS n'a pas manqué de produire sur elle le plus profond effet (Dachauer Amstblatt, 30/01/1946)

Conrad Gröber (1872-1948) Archevêque de l'Église catholique de Fribourg. Le 9 septembre 1933, à Karlsruhe, lors d'une réunion groupant plusieurs organisations, Gröber déclare au milieu des applaudissements qu'il accorde son "soutien complet et sincère au gouvernement du Reich nouveau". En 1938 les SS et SA organisent la "Nuit de Cristal" : Déguisés en civils, les miliciens nazis attaquent synagogues et magasins appartenant à des juifs. La population allemande est à la fois horrifiée et terrifiée. Gröber, déclare alors : " On ne peut refuser à quiconque le droit de sauvegarder la pureté de sa race et d'élaborer les mesures nécessaires à cette fin.".

Jean Mayol de Luppé (1873-1955)  S'engage dans la LVF  Légion des volontaires français et en devient aumônier, portant l'uniforme allemand sur le Front de l'Est. Décoré de la croix de fer. il s'enrôle en 1944 dans la Division SS Charlemagne.  Lors de la cérémonie de prestation de serment, il célèbre la messe et dédie son homélie à "Notre très saint père le Pape et notre Führer Adolf Hitler". En 1945, il est arrêté par les alliés, et emprisonné à  Fresnes. Condamné à quinze ans de réclusion, il sortira en 1951.

Ludwig Müller (1883 -1945) nommé premier "évêque du Reich"  (en fait, un poste créé rien que pour lui) était le chef de l'église protestante évangélique allemande. Ouvertement pro-nazi, il se suicidera quand il considérera la défaite comme inéluctable le 31 juillet 1945.


Ludwig Müller à Wittenberg en 1933 (Ouverture du synode national)


Et à Berlin en 1934


Hitler et Muller en 1933

Alois Hudal (1885-1963) Evêque catholique autrichien, s'étant illustré pour avoir jusqu'au bout défendu une synthèse entre catholicisme et national-socialisme, (Publication en 1937 de "Les Fondements du national-socialisme".) Antisémite déclaré, il prêche pour qu'une armée chrétienne envahisse la Russie. Après la guerre, il occupe le poste de recteur dans un séminaire pour ressortissants germanophiles à Rome et organise la fuite de plusieurs criminels nazis vers l'Amérique du Sud. (C'est grâce à cette filière que Adolf Eichmann, Klaus Barbie, Joseph Mengele, pour ne citer que les plus connus, ont pu s'échapper)
Lisons ce qu'écrit lui-même cet étrange cureton : "...je sentis qu’il était de mon devoir après 1945 d’orienter mon travail de charité essentiellement vers les anciens Nazis et Fascistes, et plus particulièrement vers les soi-disant criminels de guerre."

Otto Friedrich Coch (1887-1945)
Chef de l'Eglise évangélique luthérienne de Saxe. Adhère au parti Nazi en 1931, nommé évêque en 1933. Fait prisonnier par les américains, il est mort en détention.


Otto Friedrich Coch à Dresde en 1933

Quelques autres en vrac


Deux dignitaires non identifiés, faisant le salut nazi (par contre on reconnaît bien Joseph Goebbels (à l'extrême droite) et Wilhelm Frick (à ses côtés)


Et une bonne sœur se faisant faire une petite dédicace par Tonton Adolf


Ici nous sommes en Croatie, le type en casquette est le dictateur local, Pavelic. Le beau gosse à l'extrême gauche est le cardinal Alojzije Stepinac, chef de l'église croate et député d'extrême droite, cette ordure fut ensuite béatifié par Jean-Paul II (voir article détaillé ici)

Dans les semaines qui suivent son arrivée au pouvoir, Ante Palevic fait ouvrir des camps de concentration pour les orthodoxes. Beaucoup des gardiens et des bourreaux des camps de concentrations seront des frères franciscains. L'un d'eux, Frère Mirosav Filipovic, sera même le commandant du camp de Jasenovac où plus de 40 000 hommes, femmes et enfants trouvent la mort. Dans toute la Croatie, des conversions forcées de masse ont lieu.  Le clergé participe activement aussi aux exactions. Le père Ivan Raguz lance un appel public demandant de tuer tous les Serbes Orthodoxes, y compris les enfants, "afin que même la semence de ces bêtes ne reste"..Le génocide d'orthodoxes par le régime théocratique des Oustachis tua environ 400 000 personnes. Stepinac était au courant, Stepinac approuva et Stepinac fut béatifié par Jean-Paul II.

Plus près de nous

Paul Casimir Marcinkus (1922-2006). Gorille du pape Paul VI qui cherchait un diplomate anglophone et énergique pour organiser ses voyages à l’étranger et sa sécurité.(Marcinkus mesurait 1,91 m). En 1969 il est nommé archevêque et est propulsé à la tête de l’Institut des Oeuvres Religieuses (IOR), la très riche banque du Vatican qui gère les comptes des ordres religieux et des associations catholiques. l'IOR est le principal actionnaire de la Banco Ambrosiano.
Sur les conseils de Michele Sindona, mafieux mais aussi conseiller financier du Vatican, Marcinkus fait nommer Roberto Calvi à la tête de la Banco Ambrosiano. Les magouilles peuvent commencer.
En 1978, Le pape Jean-Paul 1er est élu et veut faire le ménage dans les finances vaticanes. Il meurt subitement 33 jours après son élection, les noms de Paul Marcinkus et du cardinal Villot sont cités avec insistance comme étant les responsables de sa mort.
En 1979 Michele Sindona commandite le meurtre de l'avocat Giorgio Ambrosoli  en raison de son témoignage contre lui (preuve qu'il blanchissait l'argent de la mafia à travers la banque du Vatican en Suisse)
Roberto Calvi disparaît en juin 1982, laissant un trou de 1,4 milliard de dollars dans sa banque et un second trou, d’environ 250 millions de dollars, dans les caisses de l’IOR.  La destination de l’argent "volatilisé", dont d’importants montants appartenaient à la mafia, n’a jamais été complètement élucidée. Détournement sur des comptes privés, soutien à la loge maçonnique italienne P2, au syndicat polonais Solidarnosc interdit à l’époque, recyclage d'argent sale, trafic d'armes sur la guerre des Malouines, financement de la dictature de Somoza au Nicaragua...  les experts se sont perdus en conjectures. Toujours est-il que l'on retrouve Calvi le 18 juin 1982 pendu à un pilier du pont des Blackfriars de Londres (1). (une première enquête conclura à un suicide alors qu'il avait des briques dans ses poches, ce qui indique un meurtre rituel mafieux). Trois de ses proches collaborateurs sont assassinés dans la foulée.
En 1983, Emanuela Orlandi, (15 ans) fille d'un important fonctionnaire du Vatican et citoyenne vaticane, disparaît ! On ne l'a jamais retrouvé, mais en 2008 le nom de Marcinkus est évoqué comme étant celui du commanditaire de sa disparition (affaire de moeurs, chantage ?)
Jean-Paul II protégera Marcinkus en lui évitant la justice italienne, mais s'en débarrassera en 1989 en le renvoyant comme simple prêtre en Arizona.
Entre temps Michelle Sindona est condamné à la prison à vie, mais veut faire des révélation un  café empoisonné au cyanure distribué par son geôlier le fait taire définitivement..

Consolata Mukangango dite sœur Gertrude Mukangango (née en 1958) Mère supérieure du couvent de Sovu au Rwanda. En 1994, cette religieuse a livré 7.000 citoyens innocents aux miliciens Hutus, qui les ont tous massacrés sauvagement alors qu'ils cherchaient refuge. Coupable d’avoir distribué du carburant dont s'est servi la milice hutu pour brûler un garage où 500 Tutsis s’étaient cachés. Planquée de 1994 à 2001 dans un couvent près de Namur avec Julienne Mukabutera. Condamnée par une Cour d'assise belge à 15 ans de réclusion en 2001.

Julienne Mukabutera dite sœur Marie Kisito (née en 1964) Intendante du couvent de Sovu au Rwanda et complice de Consolata Mukangango, Coupable d’avoir distribué du carburant dont s'est servi la milice hutu pour brûler un garage où 500 Tutsis s’étaient cachés pendant le génocide de 1994. Planquée de 1994 à 2001 dans un couvent près de Namur. Condamnée par une Cour d'assise belge à 12 ans de réclusion en 2001. Libérée en 2006 et assignée à résidence.

 

 

On n'a pas parlé des curés complaisants envers le fascisme italien et/ou le franquisme espagnol, faut bien se garder des cartouches pour les prochaines mises à jours.


et quand on pense que ces hypocrites sont soi-disant choqués à la vue d'une paire de cuisses..


Notes : (1) : Peu de jours avant son exécution par la mafia, Roberto Calvi à Jean-Paul II : "Votre Sainteté, c'est moi qui ai endossé le pesant fardeau des erreurs mais aussi des fautes commises par les actuels représentants du IOR, et aussi de leurs prédécesseurs ...; C'est moi qui sur ordre précis de Vos estimés représentants ai mis à disposition d' énormes sommes d'argent en faveur de beaucoup de pays et d'associations politico-religieuses à l'Ouest comme à l'Est...; C'est moi qui ai coordonné dans tout le centre de l'Amérique du Sud la création de nombreuses agences bancaires, et cela surtout dans le but de contrecarrer la pénétration et l'expansion d'idéologies marxistes...; Et c'est moi qui finalement, aujourd'hui me vois trahi et abandonné.". Cette lettre ne fut rendue publique quel plusieurs années plus tard par le fils de Calvi.
Liens : http://www.rationalisme.org/french/moralite_missionnaires_2.htm