Page mise à jour le 25/12/2023

Jean-Paul 1er
Pape éphémère
 

Jean-Paul 1er né en 1912 fut pape pendant un mois en 1978 avant de mourir prématurément.

Election (26 aout 1978)

Citons tout d'abord Radio-Vatican et son commentateur pince sans rire : Nous sommes à présent sûrs d'une chose c'est que cette fumée est soit blanche soit noire"

Et maintenant citons l'intéressant ouvrage de David Yallop : "Au nom de Dieu"


Jean-Paul 1er et son rayon laser

A la faveur de tractations, d'alliances et guerre des clans, un obscur cardinal, Albino Luciani, est élu pape. Pour une fois le nouveau pape Jean-Paul 1er est honnête! Il a 65 ans, en très bonne santé et semble décidé à mettre de l'ordre dans la maison. Il souhaite une Eglise pauvre pour les pauvres. Vaste programme ! Sitôt élu, il se met au travail. Le petit cardinal effacé se révèle rapidement un pape efficace qui souhaite au plus vite nettoyer les écuries d'Augias du Vatican. En fouillant, le pape tombe vite sur les magouilles financières de Marcinkus, de Sindona et de Calvi : évasion fiscale, mouvement illégal d'actions, escroqueries diverses. Le pape acquiert rapidement la conviction qu'il faut remplacer Marcinkus, l'évêque véreux, Cody, le cardinal de Chicago, se débarrasser des financiers pourris et couper les ponts avec les nombreuses banques possédées par le Vatican ou dont il est actionnaire. Puis le pape découvre la fameuse liste P2 et se rend compte que l'état italien tout entier mais surtout le Vatican est infiltré par les maçons de la P2. Le pape se résout alors d'écarter tous les membres du Vatican affiliés à la P2. Cela fait beaucoup de monde ! Un peu partout, dans différents pays, en découvrant le caractère inflexible du pape et sa détermination, de nombreuses personnes prennent peur. Si le pape applique son programme, les Marcinkus, Cody, Calvi, Sindonna, Gelli et consorts vont passer du statut de richissimes hommes d'affaires à celui de détenus, et pour longtemps.

Décès (28 septembre 1978)

Citons encore le même ouvrage :

Une ou plusieurs personnes menacées par les fermes résolutions du nouveau pape prennent une décision : il n'existe qu'une solution pour résoudre le problème: se débarrasser du pape, en douceur si possible. Avec l'appui de Gelli, le grand-maître de la P2, ils mettent leur plan à exécution : l'accès, pour ces gens-là, au Vatican est aisé et l'argent ne manque pas. Une petite main introduit une importante dose de Digitaline dans le médicament que le pape prend tous les soirs pour augmenter sa tension un peu faible. Après dîner, le pape se couche avec, en mains, les documents sur les nouveaux changements qu'il voulait opérer (Certaines nominations à la Curie romaine et dans l'épiscopat italien) et la fameuse liste P2. Vers 23 heures, le poison fait effet, le pape ne se sent pas bien, pris de nausée, il se lève et vomit dans les toilettes en maculant ses pantoufles. Il sonne, sans résultat. Il se recouche, reprend les documents, tombe inconscient puis finit par mourir vers 2 heures du matin. A 4 heures 30, la sœur Vicenza le découvre. Le secrétaire d'état Villot est prévenu. Villot rentre dans la chambre, constate le décès, récupère la fiole de médicament, les documents que le pape avait dans les mains, ses pantoufles et ses lunettes maculées ainsi que le testament. On ne reverra jamais ces objets. Les employés des pompes funèbres sont prévenus pour un embaumement urgent. A 7 heures, dans la cour du Vatican, un garde croise Marcinkus qui habite hors du Vatican et a la réputation de se lever tard. A 7 h 30 Villot annonce officiellement la nouvelle. A partir de là, le Vatican déverse des tombereaux de mensonges pour masquer la vérité : Le pape avait une santé précaire, on ne peut pas faire d'autopsie... Les appartements pontificaux sont méticuleusement nettoyés et tous les objets personnels du pape disparaissent. On se dépêche d'embaumer le défunt avec interdiction de prélever quoi que ce soit : la moindre goutte de sang ou autre chose sur le cadavre. Tous les partisans du pape réalisent que tous les projets qui allaient se concrétiser tombent à l'eau. Pour faire taire les questions et les rumeurs d'assassinat qui comment à courir, le Vatican organise en toute urgence un conclave pour élire un nouveau pape et faire une diversion pour les medias qui répètent en boucle les mensonges du Vatican.

Version officielle du décès : Infarctus du myocarde.

La contre enquête :

Pour tenter de mettre fin à ces rumeurs le Vatican décide en 1987 de confier à un écrivain anglais John Cornwell une contre-enquête. Ce dernier publie ses conclusions dans un ouvrage intitulé "Comme un voleur dans la nuit". Hélas pour lui, a vouloir trop prouver on finit par dire n'importe quoi et l'auteur va effectivement jusqu'à innocenter Marcinkus de tout ce qu'on lui reproche (on se demande donc pourquoi celui-ci était sous le coup d'un mandat d'arrêt international ?). Mais contrairement à ce qu'on peut lire ça et là, Cornwell ne blanchit pas la curie romaine, puisque s'il récuse la thèse de l'empoisonnement, il conclu néanmoins qu'on a laisse sciemment mourir Jean-Paul 1er, ce qui n'était sans doute pas la thèse que souhaitait voir publier le Vatican. Cornwell se montrera par la suite très critique envers les papes en publiant en 1999 "Pie XII le pape d'Hitler" et en 2004 "A Pontiff in Winter", ouvrage très critique sur Jean-Paul II et semble-t-il non traduit en français.

Annexe : le complotisme

La thèse de l'assassinat de Jean-Paul 1er est qualifié à tort de complotiste par le Vatican et ses défenseurs(3) afin de la disqualifier d'office en évitant de l'examiner plus avant.

On qualifie comme "complotistes" des explications d'événements impliquant le mensonge d'état à un très haut niveau. Ainsi selon ces thèses les événements du,11 septembre 2001 seraient l'oeuvre de la C.I.A., le petit pas sur la lune de Neil Armstrong en 1969 aurait été tourné en studio et un crash d'un engin habité extra-terrestre aurait bien eu lieu à Roswell (Nouveau Mexique) en juillet 1947... il y en a d'autres. Or au-delà des preuves matérielles (dont certaines sont irréfutables) rendant ces thèses stupides, il convient de prendre en compte un axiome statistique selon lequel tout secret partagé par plus de sept personnes (et ce chiffre est vraiment considéré comme un maximum) sera dévoilé un jour où l'autre. Plus on augmente le nombre de personnes, moins le secret a de chances de tenir. Or imaginez le nombre de personnes qu'une conspiration de type "11 septembre" ou "Apollo 11" devrait impliquer(4) ? Dans le cas de Jean-Paul 1er on n'a pas sept personnes, juste trois (Paul Marcinkus (mort en 2006), le cardinal Villot (mort en 1979), et peut-être le cardinal Cody (mort en 1982) plus éventuellement un commanditaire mafieux. Dans ce cas on ne parle pas de complot mais de contrat !


Note :
(1) L'excellent film de Francis Ford Coppla "Le parrain - 3" a pour thème les scandales mafio-financiers liés au pontificat de Paul VI, le film reprend la thèse de la mort non naturelle de Jean-Paul 1er (dans le film il porte aussi ce même non de pape, son nom d'origine ayant été changé en Cardinal Lamberto)
(2) Jo
hn Cody (1907-1982) Archevêque de Chicago en 1965, cardinal en 1967. Sa nomination à Chicago a été marquée par des conflits et des controverses, y compris les enquêtes fédérales de malversations financières et une relation ambiguë avec Helen Wilson Dolan, probablement sa maîtresse. Celle-ci a suivi le cardinal un peu partout pendant 25 ans et a été accusé d'avoir reçu d'importantes sommes d'argent détournées par Cody, dont certaines pour acheter une  maison à Boca Raton,  une voiture de luxe, des vêtements chers et et des fourrures, et des cadeaux divers et variés.
(3) Parmi lesquelles on ne s'étonnera pas trop de retrouver Wikipédia !
(4) Pour Apollo 11 voir ici et pour Roswell voir là