Page mise à jour le 05/03/2015

Des drôles de papes.

Toutes les informations contenues dans cette page sont véridiques et vérifiables

Seuls deux personnes dans le monde semblent pouvoir se prévaloir d'un titre reconnu de pape, Benoit XVI pour l'église catholique, mais aussi le dénommé Shenouda III, pape de l'église copte orthodoxe qui revendique 15 millions de (plus ou moins) fidèles. Nous laisserons ces deux là de côté, car notre propos est ailleurs.

Il y a des mecs qui se prennent pour Napoléon, pour Elvis Presley ou pour Raspoutine, (beaucoup sont en soins psychiatriques), il y en a d'autres qui se prennent pour le pape et qui sont en liberté.

Il est amusant de chercher à savoir ce que sont tous ces personnages dont beaucoup possèdent un site internet, une petite structure, des réseaux, des correspondants... et des fidèles. Un bon travail de déblayage a avait été fait par un auteur anonyme dont le site semble aujourd'hui disparu (dommage, il avait inventé le terme de papocryphe, c'était joli !)

De Nancy au Québec (l'Église rénovée du Christ)

Clément XV (Michel Collin 1905-1974), prêtre du diocèse de Nancy, rendu à l'état laïc par un décret de Pie XII en 1951. En 1963 une "révélation céleste" le désigne comme Pape sous le nom de Clément XV. Fondateur de l'"Église rénovée du Christ", Il prêche une doctrine ultra traditionnelle, fait des annonces prophétiques et apocalyptiques agrémentées d'apparitionisme (il croit à l'origine divine des extra-terrestres). C’est à Clémery, en Meurthe et Moselle, qu’il organisa son "Vatican". Il recevait beaucoup d’argent de France et du Canada. Clément XV qui avait l'excommunication facile la prononça à l'encontre de son inspecteur des impôts, coupable selon lui d'avoir voulu fouiner dans ses comptes ! Au moment de sa retraite en 1968, sa mouvance connaît diverses scissions, le québécois Gaston Tremblay (Jean-Grégoire XVII) revendiquera se succession. En savoir plus


Portrait imaginaire de Léon XIV

Jean-Grégoire XVII (ou Grégoire XVII ou Jean Grégoire de La Trinité) de son vrai nom Jean-Gaston Tremblay, québécois (1928-2012). Sacré évêque par Clément XV en 1962, rompt avec ce dernier en 1967. Une apparition de la Vierge en 1968 à une mystique le fait s'autoproclamer successeur de celui-ci. S'installe à Saint-Jovite au Québec et rattache son "Ordre du Magnificat de la Mère de Dieu et ses Apôtres de l'Amour infini" à l'"Église rénovée du Christ". Se fait couronner pape en 1971 par 8 évêques qu'il a lui-même nommé. Plusieurs fois inquiété pour des affaires de mœurs (et blanchi uniquement en raison d'erreurs de procédures). Aurait confié sa future succession à une papesse, Gregoria XVIII, mais depuis le décès du gourou on n'en entend plus parler.

Léon XIV, québécois, serait né en 1975, nationaliste et royaliste, membre de la communauté de Jean-Grégoire XVII en 2003. "En 2005 Dieu retira la tiare de Grégoire XVII pour ensuite me la mettre sur ma tête tout cela sans le vouloir" explique-t-il. Demandant à Jean-Grégoire XVII de démissionner afin qu'il prenne sa place, ce dernier l'expulse en 2006. Se prétend "ermite moderne dans le sous-sol d’un bloc appartement à Montréal ne vivant que de la charité sociale et de la prière." ce qui ne l'empêche pas d'avoir un site web tenu à jour et d'y développer des idées aussi farfelues que rétrogrades. (il va jusqu'à justifier l'inquisition) Ce Léon XIV ne semble pas s'être manifesté publiquement ailleurs que sur le web, il serait donc le premier pape virtuel. (Complètement timbré, il s'est également proclamé roi de France). S'est prononcé en 2013 pour le mariage gay, mais attention parce que... le véritable mariage n’est jamais sexuel et sera toujours asexué... Son site  

En Espagne (Eglise Catholique Palmarienne)


Une vraie photo de Grégoire XVII en plein extase mystique

Grégoire XVII (Clemente Domínguez y Gomez, 1946-2005). Espagnol, ancien employé d'assurance, aveugle suite à un accident de la route en 1976, ordonné prêtre, puis évêque (de façon illicite) en 1976 par l'évêque vietnamien Pierre Martin Ngo-Din Thuc.(1) A la mort de Paul VI, en 1978, il avait affirmé avoir reçu un message de la Vierge, et s'était proclamé successeur du pontife, sous le nom de Grégoire XVII de l'Ordre des Carmélites de la Sainte face. Il excommunie Jean-Paul II, béatifie le dictateur Franco et crée un "Vatican dissident". Il érigea une basilique à Palmar de Troya, en Andalousie entourée de hautes murailles, pour son ordre des Carmélites de la Sainte face qui est reconnu comme une église par les autorités espagnoles en 1988 (inscrit sur le registre des associations religieuses). Son ordre regroupe quelques centaines de religieux dans le monde. Manuel Corral lui succéda sous le nom de Pierre II.

Pierre II  (Manuel Alonso Corral, né en 1934). Espagnol. Ancien avocat, auparavant "Père Isidore", nommé évêque par Pierre Martin Ngo-Din Thuc, peu de temps après Clemente Domínguez y Gomez (Grégoire XVII) a pris sa succession à la mort de celui-ci.

Aux Etats Unis

Michel Ier (David Allen Bawden, né en 1959). Américain. Séminariste chez les lefebvristres, ne semble jamais avoir été ordonné. Élu pape en 1990 par un groupe de six électeurs seulement, dont lui-même et ses deux parents. Il accuse Jean XXIII et ses successeurs d'hérésie. Il aurait prétendu que Paul VI était le diable incarné.


La fumée blanche annonçant l'élection de Pie XIII

Pie XIII (Lucian Pulvermacher, 1918-2009). Américain entrée dans l'Ordre des Capucins en 1942, ordonné prêtre en 1946. Rejoint d'abord la mouvance Lefebvriste en 1970. Il fonde ensuite la True Catholic Church (Véritable église catholique). Celle-ci en 1998 décrète que les quatre papes ayant succédé à Pie XII étaient des usurpateurs, que par conséquent le siège papal était vacant depuis 40 ans. Il y avait donc urgence, selon eux, à élire un nouveau souverain pontife. Pie XIII est donc élu suite à un conclave tenu en partie par téléphone. Découvrant que pour être pape, il fallait être évêque, Pie XIII, nomma évêque le dénommé Gordon Bateman qui a son tour consacra le Pape avant de rompre avec ce dernier. Son site n'a pas été mis à jour depuis 2000. Décédé, il ne semble pas avoir de successeur.

En France

Pierre II  (Maurice Archieri, né en 1923), mécanicien automobile à la retraite habitant Le Perreux en France, il s'est fait ordonner prêtre et sacrer évêque en 1997 par Mgr Gillon, "évêque" depuis 1995 de l'Église gallicane de Belgique (2) Il se déclare : "apôtre et prophète, Vicaire du Christ (et non Pape, vicarius en latin signifie "remplaçant") investi par l'opération du Saint-Esprit par paroles substantielles le jour de la Pentecôte 1995 ; lien de la Foi, responsable universel du salut des âmes pour l'avènement de la Parousie." Celui-là mérite le détour, voulant avoir des renseignements complémentaires, je l'ai appelé au téléphone... (et oui j'ai téléphoné au Pape !) en me faisant passer pour journaliste. Tout content d'avoir quelqu'un à qui parler, il m'a tout débité, sa doctrine (très traditionaliste), sa révélation (très confuse), sa date de naissance et son ancien métier. Il m'a aussi expliqué que son fils, Jean-Marie avait été également consacré évêque (celui-ci est né en 1951 mais Maurice Archieri est incapable de se souvenir de son âge), et qu'il a déjà ordonné un autre "prêtre" afin d'être assisté dans ses lourdes fonctions et de préparer sa succession. Les offices se déroulent dans une chapelle aménagée dans son ancien garage. L'entretien a été agréable (même si je ne souscrit en rien à ses délires) mais assez fatigant... Il possédait un site Internet qui répond par une erreur 404 depuis septembre 2013, ais on peut retrouver les archives ici

En Italie

Emmanuel 1er (Gino Frediani, italien, 1913-1984). Autoproclamé pape en 1973. fondateur de l'Eglise Nouvelle du Sacré Cœur de Jésus. A sa mort ses disciples renoncèrent à élire un nouveau pape préférant choisir d'attendre le retour sur terre d'Emmanuel 1er !

Valerian I (Valeriano Vestini de Chieti, en Italie)  Prêtre Capucin, se proclame pape en 1990, en 1991  il a créé 24 cardinaux et a ordonné des femmes.  Il a été suspendu a divinis en 1993. En retraite et de retour chez les capucins depuis 1995.

Au Benin

Christophe XVIII (Mathias Vigan) Pape depuis le 17 novembre 2012. Choisit directement par Dieu, réincarné dans le corps de Soeur Parfaite (ou Parfaite de Banamé mais de son vrai nom Vicencia Chanvoukini, née le 18 avril 1990). En savoir plus et encore plus. (mais pourquoi ce numéro 18 ?)

D'autres

Linus II (Victor Von Pentz, Sud-Africain né en 1953), séminariste dans le Minnesota, est élu par un conclave réuni à Assise en Italie le 25 juin 1994. Quatre jours plus tard, ses partisans tentent de pénétrer au Vatican pour l'installer à la place de Jean-Paul II mais se font refouler par la police. Vit en Angleterre

Pierre II (encore un) William Kamm, allemand né en 1950, vivant en Australie, fondateur de l'Ordre de Saint Chabrel. Il reconnaît la légitimité des papes jusqu'à Jean-Paul II et proclame qu'il sera élu successeur de celui-ci sous le nom de "Pierre II". Après l'élection de Benoît XVI, il déclare que le « Ciel a changé ses plans » et qu'il sera le successeur de Benoît XVI. La Vierge Marie lui aurait directement conseillé de sélectionner pour épouses 12 reines et 72 princesses, qui lui permettraient de redévelopper la race humaine après sa destruction par une boule de feu. Ce qu'il s'est empressé de faire. Le problème est que deux de ces jeunes filles était mineures et qu'il a écopé de 10 ans de prison ferme pour agression sexuelle :

Au Kenya (Legio Maria)

Né en 1960, le mouvement Legio Maria (les légions de Marie) revendiquent 3 millions de fidèles. Il s'agit d'un mélange de christianisme et d'animisme crée par "Babba Messie" à sa mort, un pape fut chargé de diriger la communauté
Timothy Blasio Ahitler (1991-1998)  (un nom pareil, ça ne s'invente pas !)
Maria Pie Lawrence Jairo Chiaji Adera (1998-2004) 
Raphael Titus Otieno (depuis 2004, photo ci-contre)

En vrac

Pierre II (Chester Olszewski de Pennsylvanie)  Pape en 1980, était auparavant prêtre anglican
Pierre II (Pierre Henri Dubois de Middelkerke en Belgique), Pape en 1985 - Un correspondant nous signale toutefois que cette personne ne se serait jamais présentée ni n'aurait revendiqué le titre de "pape", étant membre et archevêque de l'église gallicane de Belgique ,donc par essence même, contre le pape
Pierre II (Aimé Baudet, Belgique), Pape en 1984.
Pierre II (Julius Tischler, allemand), Pape en 1998)
Hadrien VII (Konrad Schuckardt de Spokane, Washington - 1937-2006), Pape en 1984
Grégoire XIX (Reinaldus Michael Benjamins) couronné par les anges en 1983 (!), Pape en 2001

Nous aurions aimé conclure que tous ces zigotos étaient plus amusants que dangereux, nous aurions aimé conclure que nonobstant leur nombre de fidèles, ces gens là n'étaient sans doute pas plus farfelus que le(s) pape officiel(s). Mais la réalité est autre : si cette liste comprend quelques aventuriers se comportant comme des gourous de sectes (Jean-Grégoire XVII, Pierre II de St Chabrel), quelques cas relevant de la psychiatrie (Léon XIV, Vinceza Chanvoukini), quelques exotismes (Légio Maria), les autres ont presque tous en commun un traditionaliste exacerbé, des références politiques inquiétantes et une schizophrénie narcissiste  (ah ! avoir raison à quelques uns contre la foule qui n'y comprend rien... que voilà un plaisir qui n'est pas à la portée de n'importe qui, surtout quand on se prend pour le Pape). A noter le grand nombre d'occurrences pour Pierre II et Grégoire XVII, ce n'est pas par hasard, ces deux noms étant liés à des "traditions" prophétiques et apocalyptiques.

Annexe : La légende du cardinal Siri

Giuseppe Siri (1906-1989), archevêque de Gênes, nommé cardinal par Pie XII. Conservateur et anticommuniste viscéral, Pie XII en avait fait son dauphin. On a prétendu qu'il avait obtenu la majorité des voix au conclave de 1958, qu'il aurait dans un premier temps accepté d'être pape sous le nom de Grégoire XVII pour ensuite se rétracter rapidement (sous pression ?). Cette rumeur trouve son origine dans un cafouillage dans la couleur des fumées pendant ce conclave.(3)  Bien que les délibérations des conclaves soient sous secret, tout finit par se savoir et aucun ouvrage sérieux consacré à leurs délibérations n'est venu confirmer cette thèse. Ce qui est sûr c'est que Siri, chef de file des conservateurs a obtenu beaucoup de voix aussi bien au conclave de 1958, qu'à ceux de 1963 et de 1978, mais pas assez pour être élu et qu'à chaque fois l'assemblée a recherché un consensus sur des personnalités dites "de compromis".(4) Siri a tenu parfois des propos pouvant paraître ambigües à ceux qui ne comprennent pas qu'en fait, l'immense désespoir de sa vie a été de ne jamais être élu pape et qu'il n'a jamais vraiment digéré ses défaites...


(1) Ces consécrations illicites de Pierre Martin Ngo-Din Thuc lui vaudront d'être excommunié par Paul VI, quelques années après il fera amande honorable et l'excommunication sera levée, il se rapprocha ensuite des lefebvristes, fit de nouvelles consécrations illicites et fut de nouveau excommunié (par Jean-Paul II)
(2) information confirmée, mais étonnante, la très (trop) discrète église gallicane se fait notamment connaitre par un certain nombre de positions progressistes (mariages des prêtres, élection des évêques par les fidèles, places des femmes et des divorcées dans l'église...) positions qui sont aux antipodes de celles d'Archieri.
(3) sans doute provoquée par une simple erreur de manipulation.,
(4) le consensus recherché porte sur la doctrine et non sur autre chose. Prétendre que Siri aurait été écarté en 1978 en raison de son anticommunisme viscéral n'a aucun sens quand on sait que c'est Jean-Paul II, un autre "champion" de l'anticommunisme qui a été élu !

Les sites perso de ces drôles de papes deviennent parfois subitement inaccessibles... c'est la vie !