Page mise à jour le 07/07/2013

Raymond Barre
dit Raymond la science

 

Raymond Barre (1924-2007)

A sa mort, ce fut un concert de louanges. Les méritait-il ? Pas sûr !

Cursus

D'abord professeur d'économie puis directeur de cabinet ministériel. En 1976 il est nommé ministre du Commerce extérieur, puis Premier ministre par Giscard d'Estaing, qui nous le présenta comme "l'un des meilleurs économistes de France"

Il mène une politique d'austérité économique, (ou de rigueur comme on dit). Résultat le chômage ne baisse pas, le pouvoir d'achat diminue. Merci Raymond !

Le personnage est froid, suffisant (on le surnomma Raymond la science), pontifiant, voire méprisant, son élocution est pénible à l'écoute. (les imitateurs s'en donneront à cœur joie en le caricaturant en nounours et lui faisant commencer tous ses discours par Pouf, pouf, pouf...)

En 1979 il nomme ministre du budget, le très controversé Maurice Papon.(1)

De 1977 à 1981 il aura comme ministre de l'intérieur le dénommé Christian Bonnet qui réussit l'exploit de faire interdire 386 ouvrages de kiosque ou de librairie ! (Un livre différent interdit tous les 4 jours !)

La côte de popularité de Barre est tellement basse en 1981, que Giscard d'Estaing le prie de se tenir à l'écart de la campagne présidentielle.

En 1982, il ne trouve rien de mieux à faire que de témoigner au procès de béatification d'Escriva de Balaguer, fondateur de l'Opus Dei, et partisan du général Franco, attestant les "signes de sainteté" du bonhomme.

On le retrouvera ensuite député, (il roupillera pas mal à l'assemblée nationale) puis maire de Lyon (1995-2001) En 1988 il se présente à l'élection présidentielle, et malgré des premiers sondages encourageants (les sondés sont amnésiques) il termine 3ème avec 16,5%.

Des propos inquiétants

Se classant lui-même politiquement soit au centre droit, soit nulle part, certains de ses propos montrent le vrai visage du bonhomme :

En 1980, suite à l'attentat de la rue Copernic, Barre, alors Premier ministre, parle de : "Cet attentat odieux qui voulait frapper les juifs se trouvant dans cette synagogue et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic".

Suivra ensuite le refrain bien connu du "j'ai pas voulu dire ça, les juifs sont mes amis" (air connu)

Sauf qu'il en remettra une couche en 2007 (et quelle couche !) : "C'était des Françai
s pas du tout liés à cette affaire (sic) qui circulaient dans la rue et qui se trouvent fauchés parce qu'on veut faire sauter une synagogue. Alors, ceux qui voulaient s'en prendre aux juifs, ils auraient pu faire sauter la synagogue et les juifs"

En 2007, au cours de la même interview, il défend Maurice Papon(1) (le responsable de la déportation des juifs de Bordeaux pendant l'occupation) déclarant que ce dernier avait été un grand commis de l'état et qu'il a avait bien fait de ne pas démissionner de son poste de haut-fonctionnaire en 1940 (quand les allemands ont envahi les pays)

A propos d'un conseiller municipa
l lyonnais d'extrême droite condamné pour des propos négationnistes, il déclare que "c'est un homme bien"

Evidemment après tout ça, il revient en arrière et déclare qu'il n'est pas antisémite et dénonce un "lobby juif de gauche" qui s'acharnerait contre lui "depuis plus de trente ans". C'est bien connu les méchants c'est toujours les autres !

Sénilité ? Non puisqu'il ne fit que reprendre des propos esquissés 27 ans auparavant. Il a simplement lâché son fiel... et c'est cet individu dont les obsèques ont été célébrées avec tous les honneurs de la république ! Berck !

Citations intellectuelles (et véridiques)
- L'avenir ce n'est pas la fuite en avant dans le passé.
- La meilleure façon de résoudre le chômage, c'est de travailler. .
- Le manque de cadres justifiait le maintien de Papon(1) dans ses fonctions après la guerre. 
- Moi, je viens toujours au salon de l’agriculture pour voir les vaches, et voir les vaches me regarder.
- Pourquoi voulez-vous que j’esquive la question quand la question ne se pose pas ?
- Quand le moment est venu, l'heure est arrivée. 


Anecdote :
A sa mort, un journaliste d'une chaine d'info radiophonique interroge l'un des restaurateurs chez qui Barre avait ses habitudes.
Le journaliste : "Alors Raymond Barre était un habitué de votre établissement, quel souvenir garderez vous de lui..."
Le restaurateur : "Bof, il s'empiffrait"
Le journaliste est resté sans voix

Humour
- Heureusement qu'on ne l'a pas cloné, ça aurait fait des Barres parallèles. (Coluche)
- "Un esprit carré dans un corps rond" aimait-il se définir ! Maintenant, ce sera un homme rond dans une boite carrée.
- Quand je le vois roupiller à l'assemblée nationale et qu'il ne roupille pas, il se tourne les pouces et je me dis, tiens il fait son jogging. (André Santini).
- Barre, c'est mon compagnon de chambre, il dort à coté de moi à l'Assemblée. (André Santini)


Notes
(1)
Maurice Papon fut en en tant que préfet de police responsable de deux massacres collectifs :
- En mars 1958 il ordonne de réprimer de façon extrêmement violente une manifestation pacifique des algériens de Paris. Il y aura des arrestations massives, des séances de passages à tabac systématiques, au moins 50 manifestants décéderont dans la cour de la préfecture de police, au moins 150 corps seront également repêchés dans la Seine.
- Le 8 février 1962, la police réprime sauvagement sous l'ordre du préfet Papon une manifestation anti-OAS (organisation extrémiste d'extrême droite favorable à l'Algérie française) : Bilan 8 morts, la plupart ayant été écrasé par la projection de lourdes grilles de fer entourant le bas des arbres aux pieds des escaliers de la station de métro Charonne. Raymond Barre et le président Giscard ne pouvait ignorer ces faits.
Pour le reste le grand public découvrira avec horreur que Maurice Papon, qui était secrétaire général de la préfecture de Gironde sous l'occupation allemande entre 1942 et 1944 avait organisé la déportation d'environ 1600 juifs de Bordeaux vers Drancy. Il sera condamné en 1998 à la réclusion perpétuelle pour complicité de crimes contre l'humanité. (mais libéré ensuite pour "raisons médicales")