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08/01/2012
Bokassa 1er
(clown dangereux)
Le web nous offre des pages d'anthologies, celle-ci par exemple :
Le 3 novembre 1996, nous avons vu le départ de la scène politique mondiale d'un
homme d'Etat qui avait dirigé son pays avec une dévotion altruiste à travers son
service à une nation qui avait désespérément besoin d'une guidance ferme dans
une ère de corruption gouvernementale étendue. |
Bokassa 1er (1921-1996) a été président de la République centrafricaine de 1966 à 1976, empereur de Centre-Afrique de 1976 à 1979.
La prise de pouvoir
En 1965 David Dacko était président de la République centrafricaine, et Bokassa
son chef d'état-major. Cette année-là, le chef de la gendarmerie organise un
coup d'État (spécialité locale), et il envoie des hommes neutraliser
Bokassa. Ce dernier retourne la situation et renverse Dacko. C'était le 31
décembre, le réveillon fut donc un peu retardé.
Aussitôt au pouvoir, il emprisonne, la garde de David Dacko (qui sera aussi son
successeur). La plupart de ces hommes mourront en prison, battus et/ou affamés.
Dans un pays sans liberté de la presse, Bokassa jouit d'une certaine popularité.
Pourtant le régime est violent, autoritaire, répressif. Les arrestations
arbitraires, la torture et les exécutions sommaires sont monnaies courantes. La
France que ce soit sous De Gaulle, Pompidou puis Giscard d'Estaing, s'accommode
de son régime qui ne remet pas en cause ses intérêts dans la région.
En 1972, il se proclame président à vie
En 1974, il se proclame Maréchal
En 1977, il se sacre lui-même Empereur
Sale caractère
Ça se passe en Juillet 1973. Bokassa qui pratique l'espionite aigue attends se
ses chauffeurs qu'ils lui signalent tous les mouvements aussi bien des ministres
que des membres de la famille. Le chauffeur de sa femme Catherine a oublié de
jour là de rapporté la visite de cette dernière a une maie que Bokassa
n'apprécie guère. Il convoque le jeune chauffeur et le tue d'un coup de
canne.
On rapporte aussi que certains condamnés à mort étaient donnés vivants en pâture
aux crocodile et aux lions du palais.
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Le couronnement
Le 4 décembre 1977, jour du sacre impérial, Catherine Bokassa est habillée par
Lanvin d'une longue robe en lamée or valant 72.000 dollars, rehaussée de 935.000
sequins et de pièces d’or brodée de rubis. Sur son front brille une couronne en
or sertie d’un diamant de 38 carats d’une valeur inestimable. Ses dames
d'honneur portent des robes Fuchsia et rose tirées des scènes "D'autant en
emporte le vent".
Tandis que Jean Bedel Bokassa porte une longue aube brodée de 785.000 perles
blanches et 1.220.000 perles de cristal (12 m et 38 Kg), une cape de
velours et d’hermines pour un coût de 145.000 dollars américains. Il porte sur
le front la couronne de lauriers d'or de César Imperator.
Après la longue remontée du tapis rouge (80 mètres), le couple impérial
s’installe dans deux énormes trônes en or, en forme d’aigles dressés sur une
estrade tendue de velours rouge.
L'empereur reçoit successivement de la main de ses officiers de la garde, son
épée de sacre (offert par le président Valery Giscard d’Estaing), sa
couronne de diamants, (la même que celle de la reine d'Angleterre), ornée
d’un diamant de 138 Carats (évalué à 2 millions de dollars) le sceptre de
diamants et la cape rouge et or du triomphateur.
L'empereur prête serment et, d'un geste qui laisse sans voix l'assistance, prend
la couronne et se la pose lui-même sur la tête, s'auto proclamant "Empereur de
Centrafrique par la volonté du peuple Centrafricain, uni au sein du parti
politique national : le Mouvement pour l'Evolution Sociale de l'Afrique Noire "
devant 5.000 invités.
L’impératrice Catherine met un genou en terre, reçoit sa cape et sa couronne de
diamants de la main de son mari impérial.
Le couronnement aura coûté au trésor centrafricain plus de 20 millions de
dollars dans un pays où le PIB est alors de 250 millions de dollar.
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Famille
Il eut 17 femmes et 39 enfants reconnus. Au moment du couronnement sa
favorite n'était pas Catherine, mais une jolie roumaine prénommée Gabriella.
Effacée et discrète, la belle Catherine acceptait néanmoins sur "ordre" de
Bokassa de servir de cadeau aux invités du régime.(1)
Bokassa dans ses mémoires l'accuse d'avoir couché avec le président Valery
Giscard d’Estaing et d'avoir contribué à sa chute (elle était à paris au
moment de la chute de l'empire)
L'empire et la chute
En janvier 1979, il participe au massacre d'une centaine d'enfants qui avaient
été arrêtés pour avoir protesté contre le coût trop élevé des uniformes
scolaires imposés par l'empereur. L'affaire fit scandale et Bokassa sous la
pression africaine et internationale accepta qu'une commission d'enquête
internationale fasse la lumière sur ses faits. Si l'accusation fantaisiste de
cannibalisme fut rejeté, la responsabilité de Bokassa dans ces massacres fut
mise en évidence.
La France prend ses distances avec le dictateur. En septembre 1979, alors que
Bokassa Ier se trouvait en déplacement en Libye, les services secrets français
lancent une opération militaire pour prendre Bangui, la capitale. Le lendemain
David Dacko annonce la chute de l'empire et le rétablissement de la république.
L'avion de Bokassa est dirigé vers la France, il reste 4 jours dans l'appareil
avant d'être expédié à Abidjan.
L'affaire des diamants
Bokassa a-t-il offert des diamants d'une valeur d'un million de francs de
l'époque à Giscard D'Estaing, comme le prétendit le "Canard Enchainé" ?(2)
La polémique enfla et coûta probablement sa réélection à Giscard. Offrir des
cadeaux de ce prix quand son peuple est dans la misère est évidement
condamnable, mais dans le lot des reproches que l'on peut faire à Bokassa, cela
paraît presque mineur !
L'exil et le retour
Tandis qu'un procès le condamne à mort par contumace, Bokassa s'exila en Côte
d'Ivoire, pendant quatre ans chez son collègue dictateur, Félix
Houphouët-Boigny, puis quelques temps en France avant de retourner au pays en
1986
Sitôt débarqué à Bangui, il est arrêté et jugé pour trahison, meurtre,
cannibalisme et détournement de fonds. La charge de cannibalisme ne fut pas
retenue mais la peine de mort fut confirmée pour le reste.
Sa peine fut d'abord commuée en prison à vie en février 1988, puis de façon
incroyable en seulement 10 ans de réclusion.
Et comme ci, ça ne suffisait pas, il fut amnistié par le président André
Kolingba en 1993
Fin et postérité
En 1996, il casse sa pipe en homme libre et
est inhumé dans son ancien palais de Berengo !
Et non ce n'est pas fini : le 1er décembre 2010, le président François Bozizé le
"réhabilite dans tous ses droits" à l'occasion du cinquantième anniversaire de
l'indépendance.
Notes
(1) Au moins ce genre de pratique ne porte préjudice à personne ! Mais il faut
lire le ton outragé de certains blogs africains... Comme si ce genre de
badinerie était plus grave que le massacre de 100 enfants !
(2) Après expertise, les diamants furent vendus au profit d'œuvres caritatives.
L'estimation était 10 fois inférieure à celle du Canard Enchainé qui n'a
rien démenti.