La Papesse

Le MOMOSITE vous propose
	La Papesse Jeanne et quelques autres papesses
	*Page mise à jour le 17/03/2019*

Certains situent en 858 la mort de la papesse Jeanne qui aurait régné sous le nom de Jean l'Anglais, Jean l'Angélique ou Jean VIII

D'après certains auteurs, Anastase III (dit le bibliothécaire), antipape en 855 et candidat de l'empire contre Benoît III, puis collaborateur de Nicolas 1er, serait "la papesse Jeanne", à moins que ce soit Benoit III lui-même.

Une autre biographie nous indique que Jeanne serait née en 822 à Ingelheim, à proximité de Mayence (Allemagne), et serait fille de moine. Elle se serait rendue à Rome en 848, camoufla sa féminité et obtint une chaire d'enseignement. Elle rencontra le pape Léon IV et devint sous l'habit masculin l'un de ses secrétaires, chargé notamment des relations internationales. (donc ni le Pape, ni ses proches ne se sont douté de la supercherie qui a perduré plusieurs années... mais bon... notre future papesse avait peut-être une apparence naturelle masculine). En juillet 855, succédant à celui-ci, elle se fit élire pape sous le nom de "Benoît III". Deux ans plus tard, la papesse se retrouva enceinte ; obligée de dissimuler sa grossesse, elle fut malencontreusement prise de contractions au cours d'une procession et accoucha quasiment publiquement. Ensuite les sources divergent, selon Jean de Mailly, elle fut lapidée à mort par la foule, selon Martin le Polonais, elle serait simplement morte en couches.

Pour l'Encyclopædia Universalis, ces événements se seraient déroulés en 1100, (élection de Jean, antipape non reconnu comme tel par l'église) Certains situent ce même épisode à une date différente (885, 1087) à moins qu'il y ait eu deux papesses ?

L'aventure aurait contraint le Vatican à procéder à une vérification rituelle de la virilité des papes dès leur élection. Un homme d'église était censé contrôler leur masculinité en passant sous une chaise percée. L'inspection terminée, il devait prononcer la phrase rituelle : " Duos habet et bene pendentes " ("il en a deux, et bien pendantes")

L'histoire est aujourd'hui niée par l'église moderne et il est de bon ton aujourd'hui d'affirmer que l'existence de la papesse Jeanne est une légende. Elle fut pourtant reconnue par le concile de Latran et citée par diverses sources religieuses officielles jusqu'au XVIe siècle.

L'histoire de la papauté renferme de considérables zones de flou (sans parler des papes des premiers siècles dont le caractère apocryphe est à peu près certain, nombre de papes du premier millénaire et au-delà sont des inconnus de l'Histoire dont on ignore et la date de naissance, les circonstances de leur élection, et celles de leur mort...) Pour certains papes, on est même pas sûr du nom, ni de la numération (voir l'article sur Marozia) Les dates supposées du règne de la papesse Jeanne s'inscrivent dans cette période de flou et ceux qui affirment aujourd'hui avec force qu'il ne s'agit que d'une légende me paraissent étonnement sûrs d'eux. Il est vrai que les détracteurs de la Papesse ont trouvé aujourd'hui deux renforts plutôt inattendus :

- Guy Breton, (1919-2008) "historien" autoproclamé, dont le sérieux n'a jamais été le point fort (Les beaux mensonges de l'histoire, 1999)
- Le cercle zététique (auto-dissous en 2005) ou plus exactement un de ses ancien auteurs, Paul-Eric Blanrue⁽¹⁾, né en 1967, désormais complètement discrédité depuis qu'il s'est rapproché de la mouvance négationniste !

Quant à ceux qui affirment que les chaises percées n'existaient pas, laissons-les croupir dans leur ignorance. Tous les musées de la Renaissance en possèdent au moins un, on sait qu'Henri III y fut assassiné alors qu'il y était installé, que la duchesse de Bourgogne, maîtresse de Louis XIV avait l'habitude de recevoir ses amies, Mesdames de Nogaret et du Châtelet, sur des chaises percées.... et on pourrait multiplier les exemples. (d'autres précisions ainsi que des photos de l'objet sur cet excellent site)

Si le prénom de Jeanne est généralement associé à la supposé papesse d'autres la prénomment : Agnès, Anna, Gerberthe ou Gilberte Isabelle, Jutta ou Justa, Marguerite (et même Dorothy)

Autres papesses :

Guillelma, Guiglelma, Guillemette, Guillemine ou Wilhelmine, originaire de Bohême, se déclarait la réincarnation du Christ et du Saint-Esprit, stigmatisée, morte en 1282.
Manfreda morte sur le bûcher en 1300, cousine du vicaire impérial de Milan, désignée comme papesse par Guillelma, nomma des cardinales et serait à l'origine de la figure de la papesse dessinée sur les jeux de tarot

Dame Marozia, duchesse de Toscane (892-937) : exerça la réalité du pouvoir papal au moins de 926 à 932

Olimpia Maidalchini (1594-1657) : à l'instar de Dame Marozia au 10ème siècle, elle fût pendant les dernières années du règne d'Innocent X, la seule et véritable gouvernante du Vatican. A ce point que certains commentateurs locaux la qualifiait de papesse.

Sœur Pascalina dite la Popessa (1894-1983) rencontra le futur pape Pie XII en 1917 et devint sa "gouvernante". C'était la seule personne qui avait une réelle influence sur le pape. Son autoritarisme y compris envers les cardinaux lui valut d'être surnommée la Popessa.

Gregoria XVIII : Voici une personne sur laquelle nous ne savons rien (le portrait réalisé par Niko étant bien sûr imaginaire). Voir les détails ici : il existe à St-Jovite au Québec une secte dirigé par un pape scissionniste se faisant appeler Grégoire XVII. Ce dernier, décédé en 2012 avait préparé sa succession, en désignant pour lui succéder une joyeuse inconnu qui devait prendre comme nom de pape (de papesse plutôt) Grégoria XVIII. Mais depuis la disparition du gourou, nous n'avons plus de nouvelles !

Sœur Parfaite (ou Parfaite de Banamé, de son vrai nom Vicencia Chanvoukini, née le 18 avril 1990) : Cette jolie béninoise est présenté par son père au curé exorciste Mathias Vigan qui la "délivre". Elle se met à son tour à exorciser d'autres personnes et se forge rapidement une réputation, les exorcismes deviennent publics et sont accompagnés de violents discours contre l'église catholique. Les foules deviennent considérables (on parle de 100.000 personnes en août 2012.) La hiérarchie catholique locale s'émeut et excommunie carrément Vincencia et le curé Vigan en octobre 2012. Elle s'en fiche se fait appeler l'Esprit Saint (donc Dieu) et le 17 novembre 2012, elle nomme Vigan pape (pourquoi se gêner ?) qui prend donc le nom de Christophe XVIII. En savoir plus et encore plus.

La papesse au cinéma. Il est curieux que cet épisode sulfureux de la vie vaticane (qu'il soit réel ou nom) n'ai pas inspiré grand monde au cinéma.

En 1972 le britannique Michael Anderson réalisait Pope Joan (La papesse Jeanne, Jeanne, la papesse du diable) avec Liv Ulmann dans le rôle titre (musique de Maurice Jarre).

Il fallu attendre 2009 pour voir sortir un remake, (Die Päpstin) il s'agit d'un film allemand de Sönke Wortmann avec Johanna Wokalek dans le rôle titre.


L'affiche du film de Wortmann	Johanna Wokalek incarne la papesse dans le film de Wortmann

La papesse à la scène
On aperçoit aussi la papesse Jeanne en la personne de Karina Steffens dans Top Girls, un spectacle de Caryl Churchill en 1982. Il s'agit en fait d'une pièce à sketches voulant représenter cinq femmes intrigantes, outre la papesse sont évoquées Dull Gret, (personnage d'une peinture de Bruegel commandant une armée de femmes à travers l’enfer) Dame Nijo, (courtisane japonaise, puis religieuse bouddhiste), Griselda (héroïne patiente et obéissante de Geoffrey Chaucer) et Isabella Bird, (voyageuse aventurière de l'époque victorienne)

En 2009, fut présentée à Los Angeles une comédie musicale intitulée Pope Joan (musique de Christopher Moore) avec Whitney Avalon dans le rôle titre.
En 2010, fut présentée au festival d'Avignon une papesse américaine.


Karina Steffens incarne en 2006 la papesse dans Top Girls, spectacle de Caryl Churchill	Une autre production de Top Girls avec Ashley Phillips (2009)	L'affiche de la comédie musicale Pope Joan	La papesse (Whitney Avalon) et le pape Anastase

La papesse (Whitney Avalon) et le roi de France, Louis II	La papesse américaine de Thierry Harcourt avec Nathalie Mann (2010)

La papesse en bande dessinée
On trouve deux papesses dans la BD :
Leslie XII : papesse en 6666, dans la bande dessinée 6666 de Froideval et Tacito (Glénat - 2004)
La Papesse Ludovique : dans Sky Doll, Bande dessinée de Barbara Canepa et Alessandro Barbucci : "Sur la planète Papathéa, la papesse vient de déclarer que ce n'est plus pécher que de faire l'amour avec une poupée Sky Doll" Série débutée en 2000


La Papesse du diable, de Jehan Sylvius et Pierre de Ruynes (1931)	Réédition chez Losfield en 1966	Sans mention d'éditeur	Tarot détourné avec l'inévitable Paris Hilton	Manifestant réclamant le droit à la Papesse

hors sujet (malgré le titre)

Ce film (la Papesse) de Mario Mercier (1974) n'a rien à voir avec le thème de la Papesse, mais à voir avec le cinéma nanar, le satanisme et les sectes à la con. (Papesse et "Grande Prêtresse de l'Ere du Verseau")

Les éditions Elvifrance y sont allé de leur papesse, mais manque de pot, il s'agit d'une Papesse ...du Diable !

Notes :
(1) Un certaine dame m'a écrit son courroux après avoir visité ma page et exige un droit de réponse.
N'ayant en rien entaché l'honneur ni la réputation de la dame en question, son droit de réponse elle peut se le mettre là où nous le pensons bien fort !
En substance elle me disait la chose suivante : "Vos méthodes sont dignes des pires procédés staliniens, non content de vouloir ridiculiser la religion vous balayez d'un coup de plume les arguments pourtant clairs et définitifs d'historiens talentueux comme Monsieur Blanrue… et quand bien même ne partageriez-vous pas ses interrogations sur les chambres à gaz, cela signifie-t-il pour autant que toute son œuvre soit entaché de partialité ?…"
J'ai effectivement constaté que lorsqu'une personne se mettait à dire n'importe quoi sur un sujet précis et s'entêtait dans ses erreurs (cette précision est importante) cela signifiait une anomalie au niveau de sa démarche de pensée globale.
J'ai la faiblesse de croire qu'un négationniste n'est jamais un historien, il fait passer ses propres convictions avant la vérité historique, il contorsionne les faits pour les faire coller à sa propre façon de voir les choses, les contre-arguments sont balayés sans chercher à les approfondir, tandis que les pro-arguments pour sont soumis aux exagérations et aux assimilations les plus grossières.
Qu'on ne me fasse pas croire qu'un prétendu historien pourrait avoir une démarche différente suivant le sujet étudié. Objectif dans un cas, subjectif dans un autre ? La subjectivité est dans la tournure d'esprit. Sur la papesse Blanrue a peut-être raison, mais il se trouve que je n'ai aucune confiance en ses dires.


Les affiches du film


Quelques scènes du film