Hommage au
nanar : Le Diable rose
Page mise à jour le
24/10/2016
Un film qu'on regarde jusqu'au bout dans la bonne humeur ne saurait être mauvais.
Avant de lire cette page, sans doute faudrait-il lire celle consacrée à "Mon curé chez les thaïlandaises" qui renferme un certain nombre de considérations générales sur les nanars teintés d'érotisme.
Le diable rose est un film de Pierre B. Reinhard (1987) tourné à la Barfleur (la plus petite localité de la Manche).
Pierre B. Reinhard est également l'auteur d'une autre pépite du cinéma bis : la revanche des mortes vivantes, objet d'une page spéciale de notre site !
Il serait vain de nier le côté nanar du film.
Les deux acteurs jouant les aviateurs anglais ne savent pas jouer, le
maquereau non plus et le milicien n'est pas mieux loti. De plus c'est fauché
(un nanar est toujours fauché), il y a aussi quelques raccords hasardeux mais
ce n'est pas propre aux nanars, un film sans faux raccord c'est rare, même du
coté des blockbusters !
Le reste de la distribution masculine est très correcte : Pierre Doris nous
joue un "Monsieur Maurice" fort convenable, quant à Roger Carrel
dans le rôle du général Von Goteborg, il a
l'occasion de se déchaîner, et il n'hésite pas, il faut le voir le nez entre
les nénés d'Angelica Barthe et a l'air de s'amuser comme un petit fou. Côté
dames, la partie "non érotique' est assurée correctement par Marie-Christine Demarest pour
le rôle de Madame Estelle, la mère maquerelle et par la vétérante Jeanne
Herviale qui à 80 ans nous joue Clémentine, la cuisinière du bordel.
Le côté érotique nous est servie par une cohorte de demoiselles plus charmantes les unes que les autre, Brigitte Lahaie en tête, ici très impliquée et très à l'aise et qui nous pousse même la chansonnette (deux chansons de corps de gardes : "Adieu, fais toi putain" (tout à fait adaptée au contexte) et "La petite tache noire" (1). La pulpeuse Angelica Barthe dans le rôle de la lieutenante allemande Schmitzelbrau, non contente de consoler Carrel, son supérieur hiérarchique avec ses appâts, montera deux fois sur la scène du Diable rose pour s'exhiber, avec pour sa première prestation l'air d'"Heidi Heido" en guise d'accompagnement (il fallait quand même oser !). Niniche, la parisienne (Marina Borringer) et Sœur Gabrielle des anges, la religieuse (Jezabel Boisseau) sont également fort agréable à regarder, et puis il y a quelques autre demoiselles anonymes qui nous dévoilent furtivement leur charmes. Bref de ce côté là on est gaîtés d'autant que les scènes érotico-soft sont de bonnes tenues et s'intègrent parfaitement au récit.
On ne s'ennuie pas
une seconde. Et si certains gags tombent à l'eau (il y a dans tous les films
des gags qui tombent à l'eau) on retiendra le dialogue surréaliste entre
Marie-Christine Demarest et le répondeur téléphonique :
- Passez-moi de Gaulle ! (Marie-Christine Demarest)
- Ne quittez pas, nous recherchons votre correspondant (la voix du téléphone)
En filigrane, juste en filigrane mais ça a le
mérité d'être là, on notera une critique de la collaboration, et une défense
des maisons closes (du moins de ce type de maisons closes). En conclusion
voici un bon nanar sympathqiue et sans prise de tête qui vaut bien mieux que
le mépris que les pisse-froids lui accordent
Résumé du film
En 1944, un avion de combat britannique est abattu au-dessus des côtes normandes, les deux aviateurs sautent en parachute. Les allemands tentent de s'en emparer tandis que la résistance reçoit l'ordre de les protéger. Il seront "accueillis" (avec une certaine réticence) par Monsieur Maurice et Madame Estelle, les gérants du "Diable Rose", un établissement faisant cabaret et bordel. Mais l'affaire n'est pas simple, l'établissement est fréquenté par les soldats allemand, commandé par le général Von Goteborg (qui est amoureux de la pensionnaire vedette Naska joué par Brigitte Lahaie) et sa fidèle lieutenante Schmitzelbrau. Les deux anglais sont planqué dans la chambre aux miroirs sans tains et en voient ainsi de toutes les couleurs, c'est le cas de la dire. L'affaire se complique encore davantage quand une religieuse résistante doit à son tour être cachée.
Les allemands qui ont fouillés toutes la petite ville à la recherche des anglais finissent par avoir des soupçons sur le Diable Rose. Prévenu de leur visite, Naska demande à la religieuse de jouer le rôle d'une prostituée. Le subterfuge fonctionne, mais suite à une dénonciation les allemands projettent de revenir. Cette fois la situation est grave. Les anglais vont être pris en charge mais dans cette attente, la religieuse aidé par Naska devra charmer le général allemand tandis Gaston, le maquereau recruteur tentera de débaucher Schmitzelbrau, l'adjointe du général.
Le plan semble fonctionner sauf que Von Goteborg ne tient pas la distance et finit par venir au Diable rose avec ses soldats en armes. Schmitzelbrau tombé sous le charme de Gaston, le maquereau, est à présent complètement démotivée et fera un magnifique strip-tease sur scène, Monsieur Maurice et Naska (qui se dévoile auprès des gérants comme chef d'un réseau de résistance) improviseront pour divertir le général. Cette dernière ayant épuisé son imagination lui fait par jeu écouter les messages codés de la BBC pour détourner son attention, ce dernier les répète sans rien n'y comprendre jusqu'à ce qu'il prononce les vers de Verlaine annonciatrice du débarquement. La guerre n'en a plus pour longtemps... mais les bordels non plus conclura le film avec une pointe de nostalgie.
Ce film se regarde avec un plaisir coupable, un peu comme quand on croque du chocolat en cachette ! Quoi, vous n'aimez pas le chocolat ?
(1) On peut écouter ses deux chansons sur Youtube dans une interprétation de Pierre Perret
Photos
Brigitte Lahaie (Naska) dans un tableau vivant puis, chantant "la petite tache
noire"
Angelica Barthe dans le rôle de la lieutenante allemande Schmitzelbrau,avec
Roger Carrel dans le rôle du général Von Goteborg
Niniche (Marina Borringer) nouvelle recrue venant de Paris passe la visite
médicale obligatoire
Scène de diversion chez le général Von Goteborg (Roger Carrel) avec Naska
(Brigitte Lahie) et Sœur Gabrielle des anges (Jezabel Boisseau)
Le ieutenant Schmitzelbrau (Angelica Barthe) avec Gaston, le maquereau
(Frédéric Eve)
Le striptease final d'Angelica Barthe