Nous avons toujours aimé les personnages facétieux et libertins de surcroît ! Quel meilleur hommage pouvions nous rendre à George Sand(1) et à Alfred de Musset(2) qu'en publiant cette incroyable correspondance, dont certains s'acharnent à nous écrire qu'il s'agirait d'un canular.... Comme si les écrivains célèbres n'avaient pas le droit de délirer...

HOMMAGE à George Sand et Alfred de Musset
(1804-1876) et (1810-1857)



Georges Sand
 par Thomas Couture
(1815-1879)

Lettre de  Georges SAND à Alfred De MUSSET:

Cher ami,
Je suis heureuse de vous dire que j'ai
bien compris l'autre jour que vous aviez
toujours une envie folle de me faire
danser, je conserve le souvenir de votre
baiser et j'aimerais beaucoup que ce soit
une preuve que je suis aimée et désirée
par vous. Je suis prête à vous montrer mon
affection toute désintéressée et sans cal-
cul et si vous voulez vraiment me voir
vous dévoiler sans aucun artifice une âme
toute nue, daignez au moins venir chez moi,
nous bavarderons franchement entre nous.
Je vous prouverai que je suis la femme
capable de vous apporter l'affection
la plus étroite et aussi la plus profonde,
l'épouse la plus fidèle et la plus sure
que vous puissiez imaginer. Oh! Comme votre
amour me sera doux car la solitude qui m'ha-
bite est longue, dure et sûrement bien
pénible et mon âme en est fortement é-
branlée. Venez vite vous pourrez me la
faire oublier, et à vous je peux me sou-
mettre entièrement.

Celle qui vous aime


(relire tout ça une ligne sur deux à partir de "Je suis heureuse...)


Et la réponse d'Alfred De Musset :


Musset par
Charles Landelle (1821-1909)



Quand je mets a vos pieds un éternel hommage,
Voulez-vous qu'un instant je change de visage ?
Vous avez capturé les sentiments d'un cœur
Que pour vous adorer forma le créateur.
Je vous chéris, amour, et ma plume en délire
Couche sur le papier ce que je n'ose dire.
Avec soin de mes vers lisez les premiers mots,
Vous saurez quel remède apporter à mes maux.


(c'est un acrostiche : relire uniquement le premier mot de chaque ligne)

Et nouvelle réponse de George Sand qui fait "rapide"

Cette insigne faveur que votre cœur réclame
Nuit à ma renommée et répugne à mon âme.


George Sand (encore un acrostiche : relire uniquement le premier mot de chaque ligne)


Il existe sur le même modèle des textes plus modernes, concoctés avec plus ou moins de réussite, nous avons choisi celui-ci qui n'est pas trop mal :

APPRECIATIONS PROFESSIONNELLES

Mademoiselle D... est toujours en train de
travailler à son bureau avec assiduité et diligence, sans jamais
perdre son temps en jasant avec ses collègues. Jamais elle ne
refuse de passer du temps pour aider les autres et malgré cela, elle
termine ses projets à temps. Très souvent, elle rallonge
ses heures pour terminer son travail, parfois même en sautant
les pauses café. C'est une personne qui n'a absolument aucune
vanité en dépit de ses accomplissements remarquables et de sa grande
compétence en informatique. C'est le genre d'employée de qui on
parle avec grande estime et respect, le genre de personne dont on ne
peut se passer. Je crois fermement qu'elle est prête pour la
promotion qu'elle demande, considérant tout ce qu'il nous ap-
porte. L'entreprise en sortira grande gagnante.

(relire tout ça une ligne sur deux...)

un autre :

AVANT ET APRÈS LE MARIAGE...

Avant le mariage :

Elle : Salut !
Lui : Ah, depuis le temps que j'attends ça !
Elle : Tu veux que je parte ?
Lui : Non. Je n'ose même pas y penser.
Elle : Tu m'aimes ?
Lui : Bien sûr ! Énormément !
Elle : Tu m'as déjà trompée ?
Lui : Non ! Pourquoi demandes-tu ça ?
Elle : Tu veux m'embrasser ?
Lui : Chaque fois que j'en aurai l'occasion
Elle : Tu me battras un jour ?
Lui : Tu es folle ? Je ne suis pas comme ça !
Elle : Je peux te faire confiance ?
Lui : Oui
Elle : Chéri !

Après le mariage :
Lire le texte de bas en haut...

encore un

CHAT

Ceci est ceci chat.
Ceci est est chat.
Ceci est une chat.
 Ceci est manière chat.
Ceci est de chat.
Ceci est tenir chat.
Ceci est un chat.
Ceci est gogol chat.
Ceci est occupé chat.
Ceci est pendant chat.
Ceci est au chat.
Ceci est moins chat.
 Ceci est 60 chat.
Ceci est secondes chat.

Lire le troisième mot de chaque ligne à partir du début... Sans rancune

PROGRAMME POLITIQUE

Dans notre parti politique, nous accomplissons ce que nous promettons.
Seuls les imbéciles peuvent croire que
nous ne lutterons pas contre la corruption.
Parce qu'il y a quelque chose de certain pour nous :
L'honnêteté et la transparence sont fondamentales
pour atteindre nos idéaux.
Nous démontrons que c'est une grand stupidité de croire que
les mafias continueront à faire partie du gouvernement comme par le passé.
Nous assurons, sans l'ombre d'un doute, que
la justice sera le but principal de notre mandat.
Malgré cela, il y a encore des gens stupides qui s'imaginent que
l'on puisse continuer à gouverner avec les ruses de la vieille politique.
Quand nous assumerons le pouvoir, nous ferons tout pour que
soit mis fin aux situations privilégiées et au trafic d'influences
nous ne permettrons d'aucune façon que
nos enfants meurent de faim
nous accomplirons nos desseins même si
les réserves économiques se vident complètement
nous exercerons le pouvoir jusqu'à ce que
vous aurez compris qu'à partir de maintenant
Nous sommes le parti Groliste "nouvelle politique"

C'est complètement nul, mais pour savoir ce que va véritablement faire le parti Groliste, relire tout ça en commençant par la dernière ligne et en remontant. 

FOU D'AMOUR

Je ne pense qu'à vous et quand la nuit venue,
Vais par monts et par vaux, triste comme le saule
Vous composer odes et sonnets tel Tristan à Yseult,
Prendre avec soin la plume blanche d'un cygne,
Par les Dieux que vous me semblez loin Ô mon inaccessible idole !
Tous les anges du ciel compatissent à ma peine,
Les Séraphins, Chérubins me consolent de ces maux,
Trous profonds, humides et sombres comme le caveau.

Vers de mirliton, certes, mais ne lisez que le premier mot de chaque vers, ça change tout !

SOUMIS

 Ne sachant résister, mon coeur fond brusquement.
En toi, tout m'a troublé bien véritablement.
Immense, ton doux charme a l'effet d'un aimant.
Belle à souhait, tu plais véritablement.
Ma vie change avec toi, devient comme un roman.
Où m'emmènes donc tu aussi élégamment?
Conquis, je me soumets, m'inclinant dignement.
Tu es telle une étoile brillant au firmament
Si tu manques, mon âme hurle, te réclamant
Présentement, tu m'obsèdes, c'est alarmant.
Choyé, je ne peux voir ma vie tout autrement


Trouvé sur le Web, ou un poète anonyme déclarait sa flamme à une femme qu'il désirait nuitamment, il y a une clé, saurez vous la trouver ? (sinon la réponse est là)


Pas si évident, celui-ci, quand on ne connait pas la clé, et archi facile quand on la connait, il a été concocté par le dénommé Paul Adam, écrivain fécond (1862-1920), quasi anarchiste dans ces jeunes années, il deviendra en vieillissant partisan du général Boulanger, nationaliste et se posera même en adversaire des mariages d'amour. Quant à son œuvre il ne restera sans doute que ce qui suit :

Poème naïf par Paul Adam (1862-1920)

La première fois quand je l'ai vue
J'ai tout de suite remarqué son regard
J'en étais complètement hagard

Dans ce jardin du Luxembourg
Je me suis dit : il faut que je l'aborde
Pour voir si tous les deux on s'accorde

J'ai déposé mon baluchon
Alors j'ai vu tes gros yeux doux
J'en suis devenu un peu comme fou

Quand je t'ai dit que tu me plaisais
Que j'aimerais bien te revoir
Tu m'as donné rendez-vous le soir

Et je t'ai dit Oh Pénélope
Que tu étais une sacrée belle fille
Que je t'aimerai toute ma vie

Quand dans ce lit de marguerites
Tu m'as caressé doucement la tête
Ma vie entière est une fête

Et sous les regards de la foule
J'ai posé ma main sur ta main
Vous voyez bien que ce n'est pas malsain

A l'ombre des eucalyptus
Je t'ai dit : je veux que tu me suives
Je te sentais d'humeur lascive

Alors comme ça dans les tulipes
Tu m'as fait une petite promesse
Gage d'affection et de tendresse

Si notre amour devait céder
Je n'aurais plus qu'à me faire prêtre
Je ne pourrais jamais m'en remettre

Car si un jour notre amour rouille
Je m'en mordrai très fort les doigts
Chérie vraiment je n'aime que toi

La clé ? Changez le dernier mot du second vers de chaque strophe, de manière à ce qu'il rime avec le premier vers, plutôt qu'avec le troisième. C'est fou comme les mots vont vous venir naturellement.
 


Et revenons à Alfred de Musset qui nous a concocté l'une des poésies les plus joyeusement obscènes de la littérature

LES FILLES DE LOTH(3)

Le vieux Loth ronflait au fond de sa caverne ;
Assises à côté d'une pâle lanterne,
Ses deux filles en pleurs se rappelaient tout bas
Les plaisirs de Sodome et ne s'endormaient pas.
L'aînée avait vingt ans, une figure altière,
L'œil bleu et des cheveux rejetés en arrière,
Des trésors sous sa robe et des doigts exercés...
La plus jeune était blonde, avait seize ans passés,
Des fruits s'arrondissaient sur sa blanche poitrine
Et son poil frissonnait où l'esprit le devine ;
Les yeux pleins de langueur et de timidité
Cachaient sous leurs cils d'or l'ardente volupté.
Vierges ! Comprenez que deux filles à cet âge
N'ont pas quitté Sodome avec leur pucelage.
Elles avaient goûté le breuvage amoureux,
Et leur soif insatiable avait fait des heureux,
Jusqu'au jour redouté du divin châtiment,
Leur vie entière fut détruite en un moment,
Tous les hommes perdus, car il n'en restait pas
Qui pussent désormais jouir de leurs appas !
D'où viendra la rosée à leur bouche altérée ? ...
"Ne pleure pas ma sœur, ma sœur, que ton âme éplorée
Retrouve quelque espoir. Tiens ! Déshabillons-nous,
J'ai trouvé pour jouir, un moyen simple et doux."
Ainsi parla l'aînée. Déboutonnant sa robe,
Elle montre à sa sœur, avec un double globe
Un ventre satiné qui se trouve en bas
Par un petit triangle couvert de poils ras,
Noirs comme de l'ébène, et doux comme de la soie,
Sarah sourit, s'approche et écarte avec joie
Les lèvres de la trousse, ainsi les vieux Hébreux
Nommaient l'endroit charmant qui les rendait heureux.
" Que faut-il faire Agass ? - Du bout de ton doigt rose,
Chatouille-moi - J'y suis, attends que je me pose
Pour que mon doux bouton s'érige sous ton doigt
Et que j'écarte les cuisses comme toi. "
Et sous leur main, servie d'une amoureuse ivresse,
La symphyse se gonfle et palpite et se dresse.
Enfin n'en pouvant plus et d'amour se pâmant,
Agass donne à sa sœur un doux baiser d'amant.
Mais celle-ci lui dit : " Faisons mieux, ma charmante
Remplaçons notre doigt à la place amusante
Par une langue agile ; et tu verras, ma sœur 
Que nos attouchements auront plus de douceur.
Oui, sur ton petit ventre, attends que je me couche,
Ta bouche sur mes lèvres, ton poil dans ma bouche
Qu'une douce langue chatouille en l'excitant
Notre bouton de rose encore tout palpitant.
Que nos corps enlacés se tordent et se roulent,
Que le jus de l'amour sur nos cuisses s'écoule. "
Sitôt dit, sitôt fait, et bientôt ce doux jeu
Arrose leur trésor d'un liquide onctueux.
Mais ce sperme infécond ne rappelle les hommes
Que de manière vague. " Ah ! Sottes que nous sommes,
A quoi rêvons-nous donc quand on a ce qu'il nous faut :
Notre père est bien vieux, mais il est encore chaud.
Il peut bander encor quand les femmes sont belles,
Bien heureux qu'il n'ait pas affaire à des pucelles.
Mais il ne voudra pas, tant il est scrupuleux,
Nous donner la bouteille où jadis toutes deux
Avons puisé la vie,... où notre pauvre mère, 
Allait remplir ses fleurs, teindre son cratère.
Tâchons de l'enivrer, il aime le bon vin,
Et s'il veut nous baiser, sauvons le genre humain... "
Chacune sur le chef portait un grand voile noir ;
Loth avec sa lanterne, a demandé, hagard :
" A qui sont ces tétons dont la blancheur rayonne ?
Ces globes opalins, dont la pointe frissonne ? "
Il jette sur Agass des regards polissons,
Ecoute en soupirant les charmeuses chansons
Qu'ensemble ont commencé ses filles toutes nues,
Il croit être à Sodome et, sur ses propres filles
Haletant de planter le bâton de famille,
Il s'élance soudain. Agass l'avait prévu.
Au ventre paternel, elle saisit tout nu
Le membre recherché par l'ensemble des femmes
S'aperçoit qu'il faut encore qu'elle l'enflamme,
Et, pour mieux en jouir, elle roule à la main
L'instrument qui doit féconder le genre humain.
" J'enfanterai, dit-elle, et pour être plus sûre
Adoptons pour jouir la meilleure posture. "
Elle tombe à genoux, découvre son cul blanc ;
Le vieux Loth inclinant la tête et s'approchant
Voit le cul : Oh ! Jeune Femme ! Oh ! ma toute belle",
Dit-il alors, jetant ses deux bras autour d'elle.
Agass, poussant le cul, accroît le mouvement
Car elle connaissait l'effet du frottement.
Elle se sent mouiller. Aucune jouissance 
N'a pourtant assouvi sa brutale espérance.
Un soupir la saisit ; elle porte la main
Je ne sais où. " Tu n'es pas dans le bon chemin,
C'est à recommencer ", dit-elle à son vieux père.
Et l'ivrogne à nouveau recommence l'affaire ?
En craignant de manquer, il se laisse guider 
A travers les replis qu'il devra féconder.
Agass tressaille. Enfin tout son beau corps frissonne ;
Les os ont craqué. Le père Loth s'en étonne
" Qu'as-tu donc ? Mon enfant : va donc que je jouisse !
Si je m'en suis douté, que le ciel m'engloutisse ! "
Dit le vieux Loth. Agass dit alors à sa sœur :
" Viens goûter à ton tour la divine liqueur. "
L'autre aussitôt s'approche et dans ses douces cuisses
Elle montre à son père un doux nid de délices.
Elle chatouille alors les couilles du taureau,
Prend l'arme tout à coup et la met au fourreau.
Entre ses blanches mains, saisit la vieille épée
Pour la faire entrer plus grosse et mieux trempée.
Enfin elle se pâme, laisse tomber ses bras,
Le sceptre paternel inondant ses appas.
" Gloire à Dieu " se dit-elle, " à présent j'ai conçu. "
Loth, en se réveillant n'avait rien vu, ni su.


Allez on se calme et on va faire dans la tragédie cornélienne, celle qui ne rigole pas... (v. 444 à 450 d'Horace de Pierre Corneille,  1606-1684)

S'attacher au combat contre un autre soi-même,
Attaquer un parti qui prend pour défenseur
Le frère d'une femme et l'amant d'une sœur
Et rompant tous ces nœuds, s'armer pour la patrie
Contre un sang qu'on voudrait racheter de sa vie,
Une telle vertu n'appartenait qu'à nous ;
L'éclat de son grand nom lui fait peu de jaloux...


C'est un acrostiche, relisez que le première lettre de chaque vers ! Alors pas rigolo, le père Corneille ?


Remercions George Sand de faire partie du petit club, somme toute assez restreint des personnalités qui ont eu le courage de refuser la légion d'honneur ! ("Ne faites pas cela cher ami, je ne veux pas avoir l’air d’une vieille cantinière !")


(1) George Sand qui s'écrit sans S à George, fait partie du petit club, somme toute assez restreint des personnalités qui ont eu le courage de refuser la légion d'honneur ! (Ne faites pas cela cher ami, je ne veux pas avoir l’air d’une vieille cantinière !)
(2) Mu
sset est aussi l'auteur d'un des grands classiques de la littérature érotique "Gamiani ou deux nuits d'excès" publié pour la première fois en 1833 et qui raconte les exploits érotiques de la Comtesse Gamiani et de Fanny et Alcide
(3) Illustration par Nicolas Solovionni