Le MOMOSITE vous présente

Qu'est ce que l'incertitude quantique vient faire dans une BD de science fiction ?

Valérian et Laureline
dessins de Jean-Claude Mézières - Scénario de Pierre Christin

Page mise à jour le 26/04/2020

Préambule :

Les aventures de Valérian et Laureline, c'est ma bande dessinée fétiche et préférée
. Rares sont les séries de BD-SF qui arrivent à ce niveau. (Ah, si Druilllet avait continué....) Certes, le cycle de Cyan de Bourgeon et Lacroix le surpasse, mais en revanche, les Bételgeuse, Aldébaran et autres Antares (de Léo) se placent loin derrière, (malgré de bonnes intentions), le graphisme n'étant pas vraiment au rendez-vous.
La série des aventures de Valérian et Laureline n'est cependant pas sans reproche, - oh, pas sur le graphisme, presque toujours parfait -, mais sur le scénario. Car force est de constater que Christin n'a jamais ouvert un bouquin d'astronomie de façon sérieuse (et les bourdes en ce domaine rempliraient un véritable bêtisier). Il est par ailleurs étonnant que ce même Christin en l'occurrence si désinvolte, peut aussi se révéler d'une maniaquerie obsessionnelle en ce qui concerne la chronologie réelle de la série. Ainsi la citée des eaux mouvantes (publiée en 1970) nous décrit une catastrophe planétaire majeure censée se dérouler en 1986.. A partir de 1984, il va donc construire des scénarios de plus en plus compliqués pour rendre plausible une sorte de situation d'incertitude où la Terre aurait à la fois subi un cataclysme cette année là et ne l'aurait pas subi (ça ressemble un peu au chat de Schrödinger). Ces efforts souvent assez tordus rendent confuse la lecture de certains épisodes. A mon humble avis, il existait des astuces bien plus simples pour expliquer cette achronie.
PS : En relisant l'ensemble des albums pour confectionner cette modeste page, je me suis rendu compte que Mézières était un adepte de la trimammophilie, autrement dit des femmes à trois seins... Voici un fil dans ses aventures tout à fait inattendu qui sera traité dans une page spéciale.

0 - Les Mauvais Rêves (1968)

Longtemps les auteurs ne souhaitèrent pas qu'on réédite cet épisode... On comprend pourquoi : un dessin qui se cherche (quelque chose de très influencé par l'école de Spirou, entre le Franquin des débuts et Peyo...), un scénario absurde. (Xombul, un aventurier du 22ème siècle part pour l'an 1000 à la recherche de formules magiques qui lui permettront de se faire nommer Empereur de la galaxie). Laureline apparaît pour la première fois et elle est adorable. Un épisode réservé aux fans de la série et aux collectionneurs (et première erreur astronomique : Arcturus n'est pas une étoile double). 30 pages Première rééedition en 1983 dans une ouvrage intitulée "Mezières et Christin avec..., qui nous offre en prime quelques inédits

1 - La Cité des eaux mouvantes (1970)

Coup de foudre ! Ceux qui avaient lu "les mauvais rêves" dans Pilote reçurent un choc. Après une première double page sans surprise, voici que dès la page 3, les auteurs nous plongent dans un univers cataclysmique dans lequel la ville de New York est envahie par les eaux. Le dessin est superbe, inventif, très travaillé. D'ailleurs comme dans beaucoup d'albums de la série, c'est le dessin qui prime ici, le scénario, ressemblant vaguement à celui du chapitre précédent (Xombul qui se pointe en 1986 pour trouver le moyen de devenir le maître du monde n'est jamais ici qu'un prétexte). A remarquer deux clins d'œil, l'un des personnages se nomme Sun Rae, allusion à Sun Ra, musicien de jazz très branché en 1970 et dont la popularité s'effondrera aussi vite qu'elle était apparue. L'autre c'est Shroeder, très inspiré par le personnage de Docteur Jerry dans "Docteur Jerry et Mister Love" (sans doute le meilleur Jerry Lewis). 47 pages

2 - L'Empire des 1000 Planètes (1971)

Oh ! Que c'est beau ! Mézières pouvait donc encore faire mieux. La preuve, cet album ! L'un des sommets de l'œuvre, un space opéra flamboyant et plein d'humour. Une ambiance particulièrement bien rendue, un dessin d'une inventivité surprenante, des décors de rêve, une mise en page magistrale, des idées à la pèle... Le scénario est assez linéaire, mais efficace... et puis le challenge, n'était-ce pas de l'illustrer. A obtenu le prix "Phoenix 70" science fiction ainsi que le "grand Prix" du syndicat des dessinateurs de presse. Un album qui est devenu une référence dans la BD de science-fiction ! (remarquons que depuis quarante ans, personne n'a suggéré à Christin de modifier le texte de 3 ou 4 des vignettes de cet album où la confusion entre galaxie, système solaire et constellation est assez consternante). 44 pages. Bien que Georges Lucas n'en ait jamais parlé, cet album a largement inspiré la série Star Wars.
(1)

3 - Le Pays sans Etoiles (1972)

Une fois qu'on a accepté le concept de base absurde de planète creuse (Non, Christin, une planète errante entrant dans un autre système, ça ne va pas faire une super novae) il s'agit d'un très bon album de science fiction sur un fond assez nunuche de guerre des sexes. (mais dont le renvoi dos à dos du machisme et du féminisme est assez plaisant) Encore une fois les dessins sont splendides, inventifs, et la mise en page est géniale. C'est tout simplement beau, et Mézières s'est particulièrement occupé de Laureline, ravissante et sexy à souhait. (En admettant qu'une planète de ce type puisse exister, la gravité ne ferait pas "tomber" les gens et les choses vers le noyau central, puisque la force centrifuge provoquée par la rotation de la planète les maintiendrait sur l'envers de l'écorce. Il n'y a donc pas d'erreur à ce niveau). 46 pages

4 - Bienvenue sur Alflolol (1972)

Des extraterrestres dotés d'une longévité exceptionnelle et pourvus de capacités extrasensorielles rentrent chez eux après avoir fait un petit voyage de quelques millénaires. Mais leur planète est désormais colonisée et industrialisée par les terriens. Valérian est dépassé par les événements et Laureline tombe amoureuse d'un goumoun (dommage que cette bestiole n'ait été réutilisée par la suite que dans l'ouvre-temps). Un superbe album. 46 pages

5 - Les Oiseaux du Maître (1973)

Encore une très belle réussite. Une créature monstrueuse naufrage les vaisseaux qui passent à proximité de sa planète, et maintient en esclavage ses occupants à l'aide d'une colonie d'oiseaux dont la morsure provoque la folie. Graphiquement c'est somptueux ! On notera au titre des surprises, la première apparition d'une femme à trois seins (qui ressemble vaguement à Madame Pompidou), et aussi la première et très belle apparition des fesses de Laureline. Côté obsolète, je crois que peu nombreux sont ceux qui devineront que derrière deux personnages qui tentent de philosopher se cachent les caricatures de Maurice Clavel ("philosophe" à la mode éphémère) et de Jean-Paul Sartre ! (de gauche à droite sur l'image). Côté négatif, la fin très "groupons-nous et demain" est bâclée. Côté humour, une mention spéciale à l'ultime vignette, dont on aurait pu croire qu'elle présageait une suite... ben non... . 46 pages

 

 

 

6 - L'Ambassadeur des Ombres (1975)

Attention,, chef d'œuvre ! Une idée (point central) véritablement originale, illustrée dès le départ par des dessins somptueux, et ça n'arrêtera pas, Mézières a décidemment le don pour coucher sur le papier des civilisations les plus improbables. Un ravissement graphique au service d'une histoire assez linéaire, sorte de jeu de piste pour retrouver l'ambassadeur de la Terre et Valérian qui ont été enlevés. Aussi c'est Laureline qui tient la vedette de ce très bon album. A noter la première apparition des shingouz et du transmuteur grognon de Bluxte. Première mention des Bloutoks comme manie d'échange (voir plus bas). 46 pages

7 - Sur les Terres Truquées (1977)

Il fallait bien que ça arrive un jour, cet album est raté. On savait depuis les Les Engrenages d’Uxgloa que Christin n'avait pas bien compris ce qu'était un clone... mais là il faut tenir 44 pages. C'est inintéressant (au sens propre du mot, c'est à dire que ça ne suscite pas l'intérêt). On ne comprend pas le sens de la mission de Valérian et de Laureline, les scènes du 19ème siècle font un flop (quoi que à la limite, certains anachronismes pourraient être sauvés du désastre) et on n'a vraiment que peu de choses à faire des digressions bavardes à propos des préférences littéraires de Pierre Christin. (A signaler la présence de Blake et Mortimer sur une vignette de la page 14). 46 pages

8 - Les Héros de l'Equinoxe (1978)

Une parenthèse dans l'œuvre, dans laquelle les auteurs font frotter Valérian à l'univers des super-héros, c'est bien fait, ça ne prend pas la tête, il y a de l'humour et quelques bonnes piques, (une critique d'une certaine idéologie écolo) mais c'est quand même très nunuche. 46 pages

9 - Métro Châtelet Direction Cassiopée (1980)

Très agréable à lire, passionnant même, Valérian et Laureline se sont séparés pour enquêter chacun dans leur coin sur de mystérieux phénomènes. Valérian est en France (en 1980) où nous faisons la connaissance de Monsieur Albert. Vu le cadre, Mézières ne peut donner son libre cours à sa fertilité créatrice, on reste donc dans le réalisme (sauf pour ce qui concerne les passages impliquant Laureline) et comme c'est à suivre... on attend la suite. (la perle de Christin : "Dans la constellation de Cassiopée, l'hyperespace est interdit tant la zone est peuplée". ???). 46 pages

10 - Brooklyn Station Terminus Cosmos (1981)

La suite du précédent : On apprend donc que deux malfrats veulent vendre des technologies destructrices à la multinationale terrienne la plus offrante, et qu'ils se livrent à des démonstrations imposantes. On verra Valérian coucher avec une espionne industrielle et Laureline emprunter une tenue à "sa copine maquerelle" (seconde vision de ses petites fesses) afin de conclure (de façon assez décevante du point de vue de l'histoire, mais plutôt troublante du point de vue de l'esthétique) ce double épisode surprenant et très agréable à lire. 46 pages

11 - Les Spectres d'Inverloch (1984)

Ça se lit très bien, mais c'est très confus et très bavard (et parfois tiré à la ligne). Valérian et Laureline ne connaissent pas le détail de leur mission, ce qui fait que nous, non plus... Valérian a ramené sur Terre une étrange créature, genre cétacé. On voit réapparaître les shingouz qui débarquent en Ecosse ainsi que Monsieur Albert et d'autres personnages dont le rôle reste assez obscur. (Christin : Une planète qui change de constellation à son gré, ça ne veut rien dire. Et par ailleurs on ne saute en parachute à partir d'un avion de chasse que lorsque l'avion est touché). 46 pages

12 - Les Foudres d'Hypsis  (1985)

Encore plus confus et plus bavard que le précédent opus, à ce point qu'on a vraiment du mal à suivre. Christin veut absolument trouver une solution pour intégrer le cataclysme de 1986 dans la chronologie de la série (voir préambule), et il ne choisit pas la facilité... Quant aux dernières pages où intervient la Sainte Trinité (Le père en Orson Welles, le fils en hippie, le Saint-Esprit en machine à sous) on est à deux doigts de sombrer dans le ridicule. Heureusement que les shingouz sont là et qu'ils apportent un doigt d'humour (ils obtiennent même des renseignements en négociant une playmate en papier !) à cet épisode décidemment très décevant  (Au fait Christin, la constellation de Zuben El Akrab, ça n'existe pas !) 46 pages

13 - Sur les Frontières (1988)

Bel épisode, surtout au début. C'est limpide, passionnant et plein de nouveau gadgets (ah, le tchoung déshydraté, le crétiniseur, le tumtum de Lum). Valérian qui n'est plus agent spatio temporel puisque Galaxity n'existe plus enquête pour le compte de mystérieux commanditaires sur une affaire de contrebande de matériaux atomiques... On retrouve Monsieur Albert et les inévitables shingouz. 62 pages

14 - Les Armes Vivantes (1990) 

Un bon Valérian, lequel en est réduit à faire du trafic d'armes et l'arme est vivante puisqu'il s'agit d'un schniarfeur ! On ne s'ennuie pas, c'est assez déjanté, on découvre un petit clin d'œil à Fred Astaire et on retrouve même Monsieur Albert à la fin... quand à Laureline en monsieur (madame plutôt) Loyal elle est craquante ! (Au fait Christin, la constellation d'Orpher, ça n'existe pas !)  54 pages

15 - Les Cercles du Pouvoir (1994)

Un très bon album qui continue dans le déjanté, Valérian et Lauréline sont sur la planète Rubanis mais n'ont pas assez d'argent pour réparer leur vaisseau. Ils se mettent donc au service du chef de la police locale qui a des ambitions politiques, mais c'est sans compter sur l'aventurière Na-Zultra. On retrouve le transmuteur grognon de Bluxte et les inévitables shingouz. Et planquée dans une vignette, une femme à 3 seins. Cet album influença très fortement Luc Besson pour le scénario de son film "le cinquième élément" (1997). Très agréable à lire ! A signaler qu'une esquisse en quatre pages de cette aventure est incorporée à l'album Hors Série de 1991, Les habitants du Ciel, (page 38) - 62 pages.

16 - Otages de l'Ultralum (1996)

Une loufoque et amusante histoire d'enlèvement dans laquelle nous faisons la connaissance du quatuor Mortis et d'un "double détective". L'insupportable fils du calife a donc été enlevé, Laureline aussi, on retrouve un schniarfeur, le transmuteur grognon de Bluxte et toujours les inévitables shingouz. Quant à Laureline elle a la gentillesse de nous montrer ses seins, ça fait plaisir ! 58 pages

17 - L'Orphelin des Astres (1998)

Une sorte de suite du précédent, Valérian et Laureline errent dans les astéroïdes de Shimbalil avec l'insupportable fils du calife qu'ils finiront pas caser dans une école. Une amusante double scène sur un studio de cinéma nous montre sur plusieurs vignettes, deux jolies créatures à trois seins. 50 pages

18 - Par des Temps Incertains (2001)

Et voilà... alors que pendant 5 épisodes on avait retrouvé un Valérian à la hauteur des premiers albums, voilà que le syndrome de 1986 vient à nouveau titiller Christin, qui en avant-propos nous gratifie d'une double chronologie absolument incompréhensible. L'histoire, après un peu de remplissage, débute là où finit les foudres d'Hypsis, avec les déblatérations de la Sainte Trinité... et comme si ça ne suffisait pas, le diable lui même entre en scène. (qui est propriétaire de la constellation de la Licorne !?) Et pourquoi donc ? Une sombre histoire de rivalité avec une multinationale qui fait des expériences interdites. Les références aux albums précédents et à leurs personnages sont incessantes (et parfois complètement gratuites) On arrive pas à s'intéresser à cette histoire confuse ou même l'humour tombe à plat. Bref c'est raté ! 55 pages

19 - Au bord du Grand Rien (2004)

Dans ce qui est annoncé comme un nouveau cycle en 3 albums, on comprend déjà que Christin cherche toujours une solution à son syndrome de 1986... L'idée de départ contenue dans le titre n'est pas très claire (l'univers c'est comme la Terre, ou La lune, ça n'a pas de bord !).Mais la narration et les illustrations sont très agréables et très inventives, et ça se lit très bien. Une surprise, les chefs des trois factions de Rubanis (Les cercles du pouvoir)  ont formé un triumvirat, mais on ne comprend pas trop ce qu'ils viennent faire ici... pas bien grave. En personnages secondaires on a droit à un schniarfeur, une nouvelle venue Ki-gaï, un peu nunuche qui aide Lauréline, et une commandante de vaisseau pas commode Singh'A Rough'A. En figurante une jolie prostituée un peu énervée qui vous l'aurez deviné est dotée de trois seins. 46 pages

 20 - L'Ordre des Pierres (2007)

Comme dirait Valérian à la page 43 de cette album " Euh... là, il y a quelque chose qui m'échappe"... C'est donc la suite de Au bord du Grand Rien, avec grosso modo les mêmes personnages, mais c'est beaucoup plus confus. Malgré tout comme l'action est privilégiée, ça reste lisible, mais on très inquiet pour l'épisode suivant. 46 pages

21 - L'Ouvre temps (2010)

L'épisode précédent nous laissait présager que Christin souhaitait en finir une bonne fois avec son achronie de 1986. Cet album qui clôture la série n'est donc pas une déception, c'est pire, c'est une catastrophe, à ce point que l'on se demande si Christin n'a pas pété un câble. La trame qui tient lieu de scénario est un salmigondis ou le "n'importe quoi" côtoie quelques dialogues ineptes (merci Christin de nous faire part de votre gourmandise pour le navarin d'agneau aux petits légumes, mais qu'est ce qu'on en a à faire). Tous les personnages de la série reviennent (même les morts) sans aucune logique ! Bref c'est inintéressant au possible. Quand au final que le dos de couverture nous annonce comme "une surprise véritablement renversante", il est aussi lamentable que consternant. Il y a avait pourtant mille façons bien plus simples de terminer la série, par exemple une petite aventure spatiale pas trop compliquée impliquant un certain nombre de créatures et de personnages récurrents (mais pas tous le bestiaire) au terme de laquelle nos deux héros auraient fait fortune et se seraient retirés sur une planète de rêve… Reste les dessins de Mezières, toujours aussi fascinants, (sauf à la fin, car comment voulez vous illustrer cette niaiserie ?) D'ailleurs ma libraire à laquelle je demandais son avis avant d'acheter l'album m'a simplement dit "Les dessins sont beaux" (Ah, au fait, signalons à Christin que la constellation de Yamphox n'existe pas, et que d'autre part personne ne peut pas rayer une constellation de la carte du ciel) 54 pages

22 - Souvenirs de futurs (2013)

Donc Valerian c'était fini, mais ce n'était pas terminé ! Un album très inégal composé d'histoires flash avec quelques très belles illustrations en double pages de JC Mézières (dont une très belle avec Laureline dans son bain,.whaaa !). Attention : Il faut être fan de la série sinon on n'y comprend rien, mais comme il n'y a aucun scénario c'est forcément supérieur (et de loin) à l'opus précédent. Christin semble désabusé et nous fait revisiter les premiers épisodes de la série. Ainsi Laureline n'est plus une licorne mais une "fille de rien", ainsi le final des oiseaux du maître n'est plus inspiré de Marx, mais du système débrouille. Il règle aussi son compte à Georges Lucas qui lui a piqué ses idées dans l'empire des milles planètes, les autres histoires sont moins intéressantes (avec deux trois bonnes idées de ci de là) le moins bon étant la revisite des Héros de l'Equinoxe aussi cucul que l'original.
54 pages

23 - L'avenir est avancée (2019)

Attention, si les dessins de Mézières sont toujours au top, Christin ne se fatigue même plus à essayer de construire un scénario et en est réduit à nous pondre des machins manichéistes primaires et bâclés (et ce ne n'est rien de le dire). Il y a cinq petites histoires, si dans les trois premières, Mézières parvient à nous éblouir avec ses dessins à défaut de pourvoir transcender un scénario inexistant, les deux derniers récits sont une catastrophe absolue, Valerian et Laureline sont réduits à l'état de gamins comme dans le minable tome 21 et le pauvre Mézières a beau appeler les Shingouz à la rescousse, quand c'est nul, c'est nul.. Bilan : les trois premières histoires : dessin 10 et scénario 0, histoire n°4 : double 1, histoire n°5 : 2 pour les shingouz et 1 pour le reste : Moyenne bien arrondie : 4.  / 55 pages

HS. Par les Chemins de l'Espace (1997)

On aurait tort de négliger ces sept mini récits publiés entre 1969 et 1970. C'est plutôt bien dessiné et les idées sont parfois originales.
Le Grand Collectionneur (1969) première publication dans Super Pilote Pocket n° 3 : Une espèce de crabe géant s'amuse à créer un zoo privé. Jolis dessins pour une histoire toute simple (et précisons à Christin que Deneb n'est pas une constellation, c'est une étoile, ce qui n'est pas la même chose) On ne voit pas Laureline, mais par contre on voit Valérian en train de cloper !
Les Engrenages d’Uxgloa (1969) première publication dans Super Pilote Pocket n° 4 : Alors là, je n'ai pas bien compris, mais je crois surtout que Christin n'a pas bien assimilé ce qu'était un clone. (Et en plus c'est sans Laureline). Passons...
Tsirillitis l’astéroïde (1969) première publication dans Super Pilote Pocket n° 5 : En fait il s'agit d'un astéroïde vivant. Ce qui permet à Mézières de faire des planches originales. Pas désagréable et puis il y a Laureline !
La Planète triste (1969) première publication dans Super Pilote Pocket n° 6 : Très jolis dessins (malgré l'absence de Laureline) mais l'histoire se termine (ou plutôt ne se termine pas) en queue de poisson.
Drôles de spécimens (1969) première publication dans Super Pilote Pocket n° 7 : Variations sur les caprices de l'espace-temps. Ici le parti pris loufoque règne en maître, jusqu'à la fin (et Laureline est là !)
Le Fflumgluff de l’amitié (1970) première publication dans Super Pilote Pocket n° 8 : Histoire assez poussive de remontée dans le temps pour éviter une indigestion de plat indigène... Sans Laureline. (et précisons à Christin que "la quatrième Planète de la constellation Marvis", ça ne veut rien dire du tout)
Triomphe de la technique (1970) première publication dans Super Pilote Pocket n° 9 : Pochade assez réjouissante sur l'utilité ou l'inutilité de la technique (facile, mais plaisant... sans Laureline)
7 fois 16 pages, moyen format.

HS. Les Habitants du ciel (1991)

Cet hors-série présente de façon très agréable le bestiaire de l'univers de Valérian et Lauréline tel qu'il l'était après la parution des 14 premiers albums Les pages consacrées aux Shingouz sont par exemple un véritable régal. L'album est parsemé de planches inédites de Mézières censées illustrer le propos mais dont le format (double planche) ne permet que de faire que de l'anecdotique. Page 38, une quadruple planche est en fait une sorte de brouillon des Cercles du Pouvoir. Et puis page 56, devinez ce qu'on y trouve, je vous le donne en mille... Une femme à trois seins.

HS. Les extra de Méziéres (1995)

Cet hors-série présente tout un tas de réalisations de Méziéres (couvertures, affiches) se rattachant ou non à l'univers de Valérian et de Laureline. Inégal mais plein de choses intéressantes dont cette image de Lauréline topless réalisée en 1987 à la demande de Playboy France

Critique globale de la série.

21 albums, (sans compter les hors séries) étalés sur 40 ans, voila qui n'est pas anodin. La série a commencé dans les pages de Pilote en 1968. (A cette époque, il n'y avait ni Internet, ni téléphone portable…)
Globalement la série est une réussite : un graphisme de très grande qualité, beaucoup de scénarios inventifs, un bestiaire amusant, des gadgets étonnants, des personnages truculents, un ton très moderne, un excellent esprit. Bref tout va bien sauf…
...Sauf que les deux créateurs ne sont pas à part égales, car si Mézières a toujours fourni un travail méticuleux, force est de constater que Pierre Christin est un scénariste bien particulier :
- En quarante ans, il n'a jamais ouvert un bouquin d'astronomie et confond allégrement les notions de système solaire, de galaxie et de constellation. On ne me fera pas croire que pendant ces quarante années, personne ne lui a conseillé de le faire ? Le problème c'est qu'il ne l'a pas fait. (il ne sait pas non plus ce qu'est un clone…)
- La série sera de plus en plus parasitée par son obsession de résoudre l'achronie de la citée des eaux mouvantes. Et ça n'ira pas en s'arrangeant, à cet égard l'album "les foudres d'Hypsis" sombre dans le ridicule, et "Par les temps incertains" est sans doute encore pire (et par charité je ne parle pas de l'Ouvre-temps). Quand aux apparitions de la Sainte Trinité et du Diable, on tombe carrément dans le grotesque. On ne me fera pas croire que personne ne lui ait soufflé qu'il y avait bien plus facile : par exemple exploiter le thème des mondes parallèles, ou encore plus simple, accepter purement et simplement l'achronie (après tout on accepte bien comme postulat que Valérian voyage dans le temps, ce qui est scientifiquement stupide)
Cette série qui reste très bonne et qui marquera la BD de SF aurait pu être absolument remarquable si son scénariste n'avait pas décidé de n'en faire parfois qu'à sa tête…

Valerian vu par...

L'armure du Jakolass. Valérian vu par Manu Larcenet. (2011)

Quelle surprise ! On attendait de voir si ça allait être passable ou franchement mauvais (voire nul) et en fait c'est vraiment très bon. L'histoire est farfelue, mais on s'en fout, c'est un parti-pris. C'est fluide, rigolo, inventif, et irrespectueux. Ça se lit d'une traite, et mérite même une seconde lecture dans la foulée afin de s'attarder sur les clins d'œil avec lesquels l'auteur a épicé son histoire. Bref une excellente BD qui après la catastrophe de l'Ouvre-temps, nous réconcilie avec le monde de Valérian. Chapeau Monsieur Larcenet !
PS : un seul petit regret, Laureline aurait gagné à être un peu plus sexy.

Shingouzlooz.Inc, Valerian vu par Mathieu Lauffray et Wilfrid Lupano (2017)

Lupano (puisque c'est le scénariste) n'a pas choisi la facilité et tente de faire avec les pires élucubrations temporelles, telles que même Christin n'avait pas osé, le début arrive néanmoins à se lire de façon assez fluide, même si on est très gêné du rôle absurde que l'on fait jouer à Monsieur Albert. Mais, heureusement il y a les shingouz. Ensuite plus l'ouvrage avance plus l'hsitoire se dilue et plus Lupano croit qu'on lui a offert une tribune politique. Attention je n'ai rien contre les réflexions politiques ou sociétales, mais encore faut-il que ce ne soit pas ânonné comme un catéchisme bine épais. Ici tout y passe, on a compris que Lupano n'aimait pas les multinationales, mais c'est quoi ce combat ? Vous en connaissez des gens qui sont fan des multinationales, vous ? Et s'il n'y avait que ça, un doigt d'écologisme convenu, un doigt de féminisme (qui est en fait presque une trahison du personnage de Laureline, il aurait dû relire "Brooklyn Station Terminus Cosmos" et "Les Foudres d'Hypsis", il aurait mieux compris le personnage et cela lui aurait évité d'écrire des bêtises. Bref arrivé aux deux tiers du bouquin on se dit qu'on le finira plus tard car l'intérêt n'y est décidemment plus. Mais en fait on ne le terminera jamais. Je n'ai pas parlé du dessin de Lauffray, le moins qu'on puisse dire c'est qu'il est décevant.

Au cinéma

Valérian et la cité des milles planètes

Un film de Luc Besson (2017). Commençons par ce qui ne va pas, Dane De Haan n'a pas grand-chose à voir avec le Valérian de la BD, ici il est à la fois trop frêle et trop "super héros", de plus son amourette niaise à la sauce rétro avec Laureline est vraiment une idée incongrue, d'autant que Besson insiste lourdement. Il y a aussi quelques clichés (le compte à rebours), quelques incohérences (Valérian qui est pressé mais qui s'assoit cinq minutes pour regarder le show de Rihanna). Le scénario lui-même est simpliste de par son côté boy-scout, mais bon. Sinon le délire visuel est un enchantement, l'inventivité est partout : des créatures bizarres à la pelle, (mention spéciale au réplicateur, trop mignon) des plans de folies, de l'humour bizarre (les géants anthropophages), du kitch (les autobus, le sous-marin). On ne s'ennuie pas une seconde. On aurait voulu que ce soit un chef d'œuvre, ce n'est pas le cas, parce que Besson n'a pas vraiment compris le personnage de Valérian d'où son erreur de casting qui plombe un peu tout ça… Dommage, mais ça reste néanmoins un bon film bien supérieur à quelques blockbusters américains sortis à la même période.


Etoiles très suggestives :
excellent
Très bon
assez bon
bof...
mauvais
nul

Les femmes à trois seins récurrentes dans la série, sont sur cette autre page

Additif : Les Brouzoufs et les Bloutoks

En 1987 passait sur Canal plus une série télévisé délirante intitulée "Objectif nul" (1987) avec Alain Chabat, Chantal Lauby, Bruno Carette, relatant les aventures loufoques du capitaine Lamar et de son équipage à bord du vaisseau spatial "Liberator". La monnaie utilisée dans ce feuilleton est le "BROUZOUF". Cherchant à savoir d'où venait cette expression, une plume anonyme et paresseuse a décrété que cela venait des aventures de Valérian. Et tout le monde de recopier sans se donner la peine de vérifier. Or c'est faux, Valérian et Laureline ont longtemps utilisé l'or comme monnaie d'échange mais aussi d'autres bricoles comme les Perles d'Ebébé. C'est dans "L'ambassadeur des ombres" en 1975 qu'apparaîtra le BLOUTOK (première image). L'information est corroboré dans l'album "Les habitants du ciel" (1991) qui donne les références de tous les néologismes de la série ! On retrouvera les BLOUTOK dans d'autre albums, comme ci-dessous (deuxième image) dans Les Cercles du pouvoir (1994)


Laurelinissimo

1 - Les oiseaux du maître, 2 et 3 Brooklyn Station Terminus Cosmos, 4 - Otages de l'Ultranum (on remarquera sur la première image l'air dépitée de la Madame Pompidou locale qui se demande comment Laureline va faire pour s'attifer d'un corset à 3 seins, alors qu'elle n'en a que 2 !)

Une jolie page (Par la méta-Galaxie !)

Toutes les images présentées ici sont © éditions Dargaud


Notes :
(1) En 1977 en allant voir le film Star-Wars (Les guerres de l'Etoile, et non pas la Guerre des Etoiles comme traduit stupidement en français) Jean-Claude Mézières est intrigué par plusieurs similitudes : les vaisseaux spatiaux ressemblent étrangement à ceux de l'album, Le personnage de Dark Vador paraît à demi plagié sur les personnages à la peau brûlée de l'album. Bref Mézières c'est fait pomper. Il écrit a Georges Lucas qui lui fait une fin de non recevoir. Il apprendra plus tard, que ses albums figuraient en bonne place dans l'atelier de Doug Chiang, le directeur du design de Star-Wars. Mais l'affaire restera sans suite... Il est trop gentil Mézières !