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Napoléon III
Petit empereur
(1808-1873)

Page mise à jour le 10/03/2019

Napoléon III né Louis-Napoléon Bonaparte (1808-1873), neveu de Napoléon Bonaparte gouverna la France pendant près de 22 ans d'abord comme Président de la république (1848-1852) puis comme empereur. (1852-1870)


Portrait bien arrangé de Napoléon III

Le conspirateur

Son frère aîné étant mort en 1831, Louis-Napoléon attrape la grosse tête et se considère comme l'héritier de la couronne impériale.

Première tentative
Starsbourg 1836 - Louis-Napoléon tente de soulever la garnison, son projet est ensuite de marcher sur Paris et de renverser Louis-Philippe. C'est un fiasco, il est arrêté et envoyé en exil aux Etats-Unis.

Deuxième tentative
Boulogne sur Mer 1840 - Louis Napoléon s'est échappé des USA, a regagné l'Angleterre (avec des faux papiers) puis la Suisse, puis de nouveau l'Angleterre. Il arrive en France avec ses potes avec l'espoir de rallier le 42e régiment. Nouveau fiasco (il reçoit même une balle dans le paletot) et il est condamné à la prison à perpet dans la forteresse de Ham (dans la Somme) où il restera 6 ans.

Evasion
En 1846, il s'évade de prison, et retourne en Angleterre (quel homme d'action, quelle vie trépidante, dites-donc !)

Seconde république

En 1848, le peuple se révolutionne, et Louis-Napoléon en profite pour rentrer en France. La république est proclamée, on organise des élections présidentielles. Napo est élu pour 4 ans (non renouvelables) avec 74 % des voix (1)

Louis-Napoléon ne trouve rien de mieux à faire que de demander à l'armée française de rétablir dans ses terres l'horrible pape Pie IX que Garibaldi à chassé de Rome (en fusillant au passage quelques centaines d'insurgés). Une manif est organisé à Paris ce qui donne l'occasion à Napo de promulguer toute une série de mesures restreignant les libertés de la presse, d'association (il y a même une loi de censure envers les théâtres). Les députés présent à la manif sont déchus de leur mandats

En 1850 on vote de la loi Falloux favorisant l'enseignement religieux ainsi qu'une réforme restrictive du code électoral

Notre Napo se trouve très bien au pouvoir et cherche à faire modifier la constitution afin que son mandat soit prolongé à 10 ans. Il requiert le soutien de l'assemblée mais ça ne marche pas… alors ça va être le coup d'état. Carrément !


Beaucoup moins coquet que sur la
peinture du  haut !

Coup d'État du 2 décembre 1851

Arrestation préventives, y compris de députés, occupation des imprimeries et de l'Assemblé nationale. Des manifs s'organisent, des barricades se dressent, la troupe tire au canon, pénètre dans les maisons et tue à la baïonnette. Bref un massacre !(2)  
En province, on dénonce, on réprime, on rafle, on fusille, on déporte en Algérie.

Au mois de décembre, Napo, grand seigneur, propose au peuple d'approuver les réformes constitutionnelles . Alors là c'est très joli, les élections se déroulent dans un climat de tension et d'intimidation (dans certaines régions, seuls les bulletins "Oui" sont imprimés, les "Non" devant être écrits à la main avant que le bulletin ne soit donné au président du bureau de vote pour qu'il le glisse lui-même dans l'urne) Résultats 7.400.000 oui, et 640.000 non !

Le texte constitutionnel instaure un régime présidentiel fort, puisque le président élu pour 10 ans prend toutes les décisions et n'est responsable que devant le peuple. Autrement dit, c'est une dictature.
On instaure une procédure de serment de fidélité pour les fonctionnaires et les élus. La presse est encore plus muselée qu'auparavant.


On sent la fatigue...

Les associations sont dissoutes à l'exception des "sociétés de secours mutuelles" à condition "qu'elles acceptent le patronage des membres honoraires qui les subventionnent, du maire et du curé " !

La présidence glisse doucement et sûrement vers le rétablissement de l'empire, Napo signe "Louis-Napoléon", se fait appeler "son altesse impériale", on rétablit les aigles impériaux sur les drapeaux, Napo se fait figurer en effigie sur les pièces de monnaie et les timbres-poste et le 15 août on célèbre… la saint-Napoléon !(3)

En février, on vote pour élire le corps législatif. Les préfets reçoivent l'ordre de favoriser les candidats officiels… et ça y va : faveurs, décorations, subventions (pour le côté carotte) et bourrage d'urnes, menaces, pressions (pour le côté obscur) Résultat : 5 200 000 voix pour les candidats du pouvoir, 800 000 pour l'opposition. Les opposants élus ont l'obligation de prêter allégeance sinon ils n'ont pas le droit de siéger !

Après un petit tour en province, le 16 octobre, le président revient à Paris où des arcs de triomphe gigantesques ont été dressés, couronnés de banderoles à "Napoléon III, Empereur"

Second empire

Le 7 novembre 1852, l'empire est rétabli et approuvé par un plébiscite (7 800 000 voix contre 250 000)(4)

Un empereur non marié, ça ne faisait pas sérieux. Napo III chaux lapin, mais célibataire se marie donc avec Eugénie de Montijo en janvier 1853


Un jeu de 7 familles, d'époque

Le jeudi 14 janvier 1858, alors qu'il gagnait l'Opéra, trois bombes sont lancés sur le cortège impérial par Felice Orsini, anarchiste italien et ses complices : Bilan : 156 blessés, 12 personnes mourront dans la nuit. Napo n'a rien, Eugénie est couverte de sang mais non touchée !

Conséquence : le régime se durcit encore et en un peu plus d'un mois, 450 personnes sont envoyés en prison ou déportées en Algérie

Pendant les années 1860, le second Empire se libéralise un peu (atténuation de la censure et de la restriction au droit de réunion…) Une amnistie générale est proclamée. Le fonctionnement de l'Etat tend alors à se rapprocher alors de celui d'une Monarchie constitutionnelle.

Commencé en 1852 et se prolongeant au-delà de 1870, le baron Haussmann entreprend de reconstruire Paris (60% de la capitale est transformée)(5). Des îlots déclarés insalubres sont rasés, c'est le règne des grandes avenues en ligne droite. En 1860 la superficie de Paris passe de 3 300 hectares à 7 100 hectares. La ville absorbe 11 communes (Auteuil, Passy, Montmartre, Batignolles-Monceau, La Villette, La Chapelle, Belleville, Bercy, Grenelle, Charonne, et Vaugirard).

En 1856, Napoléon III inaugure le Pont de l'Alma, ainsi baptisé en l'honneur de la victoire militaire de l'Alma (Crimée) et ornée de quatre statues militaires dont celle du zouave qui fit rigoler des générations

L'industrie est en plein essor, les chemins de fer se développent, les grands magasins se créent à Paris étouffant le petit commerce.

Chaque commune de plus de 500 habitants doit ouvrir une école pour filles. Les programmes scolaires doivent intégrer la philosophie et l'histoire contemporaine. (1866-1867)

Des soupes populaires sont organisées pour les pauvres, les premiers systèmes de retraites, les caisses d'assurance décès et d'accident du travail se mettent en place. (1868)
Le 2 août 1868, une loi abroge un article du code civil qui donnait primauté, en cas de contentieux, à la parole du maître sur celle de l'ouvrier

Culture

Jusqu'aux années 1860, la censure sévissait dans le domaine des arts et des lettres. Le retour à l'ordre moral, prêché par l'Eglise et approuvé par Eugénie, est l'une des préoccupations du régime. La presse officielle s'en prend à la "lascivité des danses modernes",  Baudelaire, Eugène Sue et Gustave Flaubert sont poursuivis pour leurs œuvres contraires "à la morale publique et religieuse" (1856-1857), Renan est expulsé du Collège de France. En 1863, si Napoléon III laisse se tenir le "salon des refusés", il dénoncera l'Olympia de Manet comme offensant les bonnes mœurs.

Lier Offenbach au troisième empire comme on le fait encore trop souvent c'est faire semblant d'ignorer que son œuvre a continué bien après la chute de Napoléon III. Néanmoins les œuvres de ce musicien de génie sonnent comme un bol d'air frais dans le carcan imposé par la censure théâtrale.

Politique extérieure

En 1855 Cavour, premier ministre du Piémont-Sardaigne s'arrange pour mettre la comtesse de Castiglione dans le lit de Napoléon III, afin de plaider auprès de lui la cause de la réunification italienne. Il accepte et en échange la Savoie et le comté de Nice sont rattachés à la France. Les catholiques estimant que l'opération met en péril les états pontificaux rouspètent à tel point que Napo est obligé de dépêcher une présence militaire permanente pour protéger le pape.

En 1864, Napo sur les conseils de l'impératrice Eugénie mijote un projet : celui de créer au Mexique un Empire tenu par une vieille famille de l'aristocratie européenne afin de créer une grande puissance catholique sur le continent américain, capable de concurrencer les Etats-Unis. Maximilien de Habsbourg, frère de François-Joseph Ier d'Autriche, accepte le poste et entre le 12 juin 1864 dans Mexico. Cette petite fantaisie prendra fin le 19 juin 1867 avec l'exécution de Maximilien. Les mexicains, ça ne rigole pas avec ses choses là !

Final

Napoléon se brouille avec les prussiens suite à la prétention de l'un d'entre eux au trône d'Espagne. Le ton monte et les pousse à la guerre (dont l'impératrice Eugénie) s'excitent de chaque côté. La guerre est déclarée le 19 juillet 1870. Ça ne dure pas longtemps, les prussiens sont supérieurs en nombre et en armement. Le 2 septembre 1870 Napo dépose les armes à Sedan et est fait prisonnier. Eugénie s'enfuit en Angleterre

Le 4 septembre 1870, plusieurs députés (dont Léon Gambetta) se rendent à l'Hôtel de ville de Paris et proclament la République.

Le 1er mars 1871, l'Assemblée, qui s'est réunie à Bordeaux, vote la déchéance officielle de Napoléon III et de sa dynastie, le déclarant "responsable de la ruine, de l'invasion et du démembrement de la France".

Le 19 mars, Napo est libéré et rejoint ses proches en Angleterre.

Le 9 janvier 1873, à 10h45, Napoléon III meurt après une opération de la vessie. Il avait 65 ans..

Maîtresses

Chaud lapin, Napoléon III malgré un physique plutôt ingrat eut énormément de maîtresses, épisodiques ou plus régulières. Parmi lesquelles Eléonore Vergeot (1820-1886) qui était sa femme de chambre quand il fut prisonnier à Ham en 1840, Harriet Howard (1823-1865) rencontrée à Londres en 1846 et qui finança sa carrière, Marguerite Bellanger (1838-1886), une comédienne et courtisane rencontré en 1863, (l'empereur faillit mourir dans ses bras d'une crise cardiaque une nuit de 1864), Valentine Haussmann (1843-1901), fille du Baron, La Castiglione (1837-1899), que lui présenta Cavour et sans doute Cora Pearl (1835-1886), la comédienne interprète d'Offenbach. Il était aussi grand amateur de maisons closes et ne se gênait pas pour visiter celles des villes de Province qu'il traversait. Quant à Eugénie, elle trouvait le sexe "dégoûtant", Napoléon III la ménagea au début de leur mariage puis la trompa ouvertement.

Bilan

Il est accablant. Bien sûr personne n'est ni tout noir ni tout gris, mais dans le cas de Napoléon III, rien n'est susceptible de faire le contre poids de l'usage de la force, de tricherie, de la répression sanglante, du musellement des libertés les plus élémentaires. Lire sa biographie et lire ensuite celle de Mussolini fait d'ailleurs apparaître de singuliers rapprochements. A cet égard les tentatives de réhabilitation du personnage (on pense par exemple à Philippe Seguin, imposant à Paris la création d'une place Napoléon III devant la gare du Nord), paraissent entachées d'œillères malsaines ou d'ignorance crasse.


Notes savantes
(1) pauvre Lamartine qui n'obtenu que 20.000 voix
(2) Et un massacre reste un massacre quelque soit le nombre de morts (soulignons à ce propos les réflexions débiles de wikipédia : le chiffre de victimes reste néanmoins très éloigné des 5 000 morts des journées de juin 1848).
(3) Napoléon 1er est né le 15 août 1769
(4) le journaliste libéral Lucien-Anatole Prévost-Paradol se déclare guéri du suffrage universel et dénonce le monde paysan et campagnard comme une "profonde couche d'imbécillité rurale et de bestialité provinciale".
(5) Si l'insalubrité reste le motif officiel de l'opération, Un autre objectif, moins avoué publiquement, est de maîtriser d'éventuels soulèvements populaires, en souvenir de ceux de juillet 1830 et juin 1848. De larges voies permettent en effet aux forces de répressions d'agir beaucoup plus facilement. Par ailleurs, Haussmann écrit à Napoléon III qu'il faut "accepter dans une juste mesure la cherté des loyers et des vivres [...] comme un auxiliaire utile pour défendre Paris contre l'invasion des ouvriers de la province. "