Le MOMOSITE vous présente

 Bokassa 1er
(clown dangereux)
(1921-1996)

Page mise à jour le 11/03/2019

Le web nous offre des pages d'anthologies, celle-ci par exemple :

Le 3 novembre 1996, nous avons vu le départ de la scène politique mondiale d'un homme d'Etat qui avait dirigé son pays avec une dévotion altruiste à travers son service à une nation qui avait désespérément besoin d'une guidance ferme dans une ère de corruption gouvernementale étendue.
En Septembre 1979, SMI Jean-Bedel BOKASSA 1er fut rejeté par le peuple qu'il avait tant aimé. Il est mort un homme solitaire et désespéré dans sa villa de Bangui mais tout en étant sûr d’une place dans l'HISTOIRE.
Bien que lors de son règne les Centrafricains n’avaient jamais complètement compris la bonté et la dévotion qu'il avait à leur égard, une grande majorité d'entre eux repense maintenant à  son parcours avec une compréhension plus objective et reconnaît cette figure légendaire comme l'un des plus optimistes et productifs hommes d'Etats d'Afrique.

Bokassa 1er (1921-1996) a été président de la République centrafricaine de 1966 à 1976, empereur de Centre-Afrique de 1976 à 1979.

La prise de pouvoir

En 1965 David Dacko était président de la République centrafricaine, et Bokassa son chef d'état-major. Cette année-là, le chef de la gendarmerie organise un coup d'État (spécialité locale), et il envoie des hommes neutraliser Bokassa. Ce dernier retourne la situation et renverse Dacko. C'était le 31 décembre, le réveillon fut donc un peu retardé.

Aussitôt au pouvoir, il emprisonne, la garde de David Dacko (qui sera aussi son successeur). La plupart de ces hommes mourront en prison, battus et/ou affamés.

Dans un pays sans liberté de la presse, Bokassa jouit d'une certaine popularité. Pourtant le régime est violent, autoritaire, répressif. Les arrestations arbitraires, la torture et les exécutions sommaires sont monnaies courantes. La France que ce soit sous De Gaulle, Pompidou puis Giscard d'Estaing, s'accommode de son régime qui ne remet pas en cause ses intérêts dans la région.

En 1972, il se proclame président à vie
En 1974, il se proclame Maréchal
En 1977, il se sacre lui-même Empereur

Sale caractère

Ça se passe en Juillet 1973. Bokassa qui pratique l'espionite aigue attend de ses chauffeurs qu'ils lui signalent tous les mouvements aussi bien des ministres que des membres de la famille. Le chauffeur de sa femme Catherine a oublié de jour là de rapporter la visite de cette dernière a une amie que Bokassa n'apprécie guère. Il convoque le jeune chauffeur et le tue d'un coup de canne.

On rapporte aussi que certains condamnés à mort étaient donnés vivants en pâture aux crocodile et aux lions du palais.


Timbré !

Le couronnement

Le 4 décembre 1977, jour du sacre impérial, Catherine Bokassa est habillée par Lanvin d'une longue robe en lamée or valant 72.000 dollars, rehaussée de 935.000 sequins et de pièces d’or brodée de rubis. Sur son front brille une couronne en or sertie d’un diamant de 38 carats d’une valeur inestimable. Ses dames d'honneur portent des robes Fuchsia et rose tirées des scènes "D'autant en emporte le vent".

Tandis que Jean Bedel Bokassa porte une longue aube brodée de 785.000 perles blanches et 1.220.000 perles de cristal (12 m et 38 Kg), une cape de velours et d’hermines pour un coût de 145.000 dollars américains. Il porte sur le front la couronne de lauriers d'or de César Imperator.

Après la longue remontée du tapis rouge (80 mètres), le couple impérial s’installe dans deux énormes trônes en or, en forme d’aigles dressés sur une estrade tendue de velours rouge.

L'empereur reçoit successivement de la main de ses officiers de la garde, son épée de sacre (offert par le président Valery Giscard d’Estaing), sa couronne de diamants, (la même que celle de la reine d'Angleterre), ornée d’un diamant de 138 Carats (évalué à 2 millions de dollars) le sceptre de diamants et la cape rouge et or du triomphateur.

L'empereur prête serment et, d'un geste qui laisse sans voix l'assistance, prend la couronne et se la pose lui-même sur la tête, s'auto proclamant "Empereur de Centrafrique par la volonté du peuple Centrafricain, uni au sein du parti politique national : le Mouvement pour l'Evolution Sociale de l'Afrique Noire " devant 5.000 invités.

L’impératrice Catherine met un genou en terre, reçoit sa cape et sa couronne de diamants de la main de son mari impérial.

Le couronnement aura coûté au trésor centrafricain plus de 20 millions de dollars dans un pays où le PIB est alors de 250 millions de dollar.


La belle Catherine Bokassa

Famille

Il eut 17 femmes et 39 enfants reconnus. Au moment du couronnement sa favorite n'était pas Catherine, mais une jolie roumaine prénommée Gabriella. Effacée et discrète, la belle Catherine acceptait néanmoins sur "ordre" de Bokassa de servir de cadeau aux invités du régime.(1) Bokassa dans ses mémoires l'accuse d'avoir couché avec le président Valery Giscard d’Estaing et d'avoir contribué à sa chute (elle était à Paris au moment de la chute de l'empire)

L'empire et la chute


En janvier 1979, il participe au massacre d'une centaine d'enfants qui avaient été arrêtés pour avoir protesté contre le coût trop élevé des uniformes scolaires imposés par l'empereur. L'affaire fit scandale et Bokassa sous la pression africaine et internationale accepta qu'une commission d'enquête internationale fasse la lumière sur ses faits. Si l'accusation fantaisiste de cannibalisme fut rejeté, la responsabilité de Bokassa dans ces massacres fut mise en évidence.

La France prend ses distances avec le dictateur. En septembre 1979, alors que Bokassa Ier se trouvait en déplacement en Libye, les services secrets français lancent une opération militaire pour prendre Bangui, la capitale. Le lendemain David Dacko annonce la chute de l'empire et le rétablissement de la république. L'avion de Bokassa est dirigé vers la France, il reste 4 jours dans l'appareil avant d'être expédié à Abidjan.

L'affaire des diamants

Bokassa a-t-il offert des diamants d'une valeur d'un million de francs de l'époque à Giscard D'Estaing, comme le prétendit le "Canard Enchainé" ?(2)  La polémique enfla et coûta probablement sa réélection à Giscard. Offrir des cadeaux de ce prix quand son peuple est dans la misère est évidement condamnable, mais dans le lot des reproches que l'on peut faire à Bokassa, cela paraît presque mineur !

L'exil et le retour

Tandis qu'un procès le condamne à mort par contumace, Bokassa s'exila en Côte d'Ivoire, pendant quatre ans chez son collègue dictateur, Félix Houphouët-Boigny, puis quelques temps en France avant de retourner au pays en 1986

Sitôt débarqué à Bangui, il est arrêté et jugé pour trahison, meurtre, cannibalisme et détournement de fonds. La charge de cannibalisme ne fut pas retenue mais la peine de mort fut confirmée pour le reste.

Sa peine fut d'abord commuée en prison à vie en février 1988, puis de façon incroyable en seulement 10 ans de réclusion.
Et comme ci, ça ne suffisait pas, il fut amnistié par le président André Kolingba en 1993

Fin et postérité

En 1996, il casse sa pipe en homme libre et est inhumé dans son ancien palais de Berengo !
Et non ce n'est pas fini : le 1er décembre 2010, le président François Bozizé le "réhabilite dans tous ses droits" à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'indépendance.


Notes
(1) Au moins ce genre de pratique ne porte préjudice à personne ! Mais il faut lire le ton outragé de certains blogs africains... Comme si ce genre de badinerie était plus grave que le massacre de 100 enfants !
(2) Après expertise, les diamants furent vendus au profit d'œuvres caritatives. L'estimation était 10 fois inférieure à celle du Canard Enchainé qui n'a rien démenti.