Le MOMOSITE vous présente

mythomanie on the web

Page mise à jour le 14/05/2004

Les mythomanes ont trouvé grâce au Web un nouveau public. Sur le web, le mythomane va devoir adopter une stratégie particulière. Il peut grâce aux pseudos être plusieurs personnes qui se connaissent, se parlent et s'approuvent. Comme dans la vie courante, notre cyber-mytho sera vite repéré. Si la plupart des internautes ignoreront ses propos, d'autres choisiront l'affrontement. Grave erreur : le mythomane prendra l'intérêt qu'on lui porte comme un signe de reconnaissance. Le mythomane préféreras 100 fois un affrontement difficile plutôt que le silence dans lequel il n'est plus rien. La micro-informatique fournit par ailleurs au Mythomane d'excellents outils de fabrications de fausses preuves - là encore elles ne feront illusions que de façon éphémères...

1.      Le mythomane n'est pas entièrement conscient de son état. Pour lui, il s'amuse et ne fait aucun mal. Il est en partie déresponsabilisé. Il croit sincèrement pouvoir s'arrêter "quand il veut". Souvent il ne s'arrête jamais !

2.      Il ne sert à rien de dire à un mythomane qu'il ment. C'est une position qu'il ne comprend pas. Pour lui son histoire n'est pas un mensonge puisqu'elle pourrait être vraie. De plus, il estime que faute de preuves contradictoires, le bénéfice du doute doit toujours lui revenir. 

3.      Un mythomane pris en flagrant délit de mensonge va d'abord nier, puis si l'évidence est trop lourde à gérer va tenter de corriger son récit (c'est le retour sur explications). Cet événement est toujours extrêmement mal vécu par le mythomane qui entre alors dans une période de doute au cours de laquelle les déclarations et les intentions contradictoires peuvent se multiplier (y comprit aveux et contre-aveux)

4.      L'écroulement successif des constructions du mythomane contribue à créer un vide autour de lui. Perdant tous ces appuis, il peut s'en créer d'imaginaires (apparition de pseudo de complaisance sur le web). A ce stade, le sujet ne pourra vivre sa névrose que dans l'errance à la recherche de nouveau public. Ainsi si beaucoup de mythomanes deviennent alcooliques, c'est que les bistrots sont tous de nouveaux publics potentiels.

5.      Discuter avec un mythomane ne peut-être que contre productif puisque quelle que soit la tournure de la discussion ce sera pour lui une façon d'être reconnu.

6.      Le mythomane a deux angoisses permanentes : la première est de s'être coupé dans ses constructions, la seconde est d'être en panne d'auditeurs.

7.      Le mythomane n'a pas d'amis véritables, il en recherche au cours de ses quêtes, il en trouve, il trouve aussi des ennemis, parfois l'ami devient l'ennemi, ou le contraire. Le monde ne peut être que manichéen.

8.      La lutte contre l'incrédulité ambiante est l'obsession fondamentale du mythomane. La peur de se contredire et de se voir contredire peut entraîner des réactions de défenses parfois violentes (insultes, invectives, voir mise en cause directe d'autres personnes)

9.      La fabrication de fausses preuves constitue une aggravation dans l'attitude du mythomane. Les premières livraisons sont souvent couronnées de succès inattendus, ce qui l'encourage à continuer. Elles n'en constituent pas moins de véritables bombes à retardement. Au fil du temps, les preuves seront de moins en moins élaborées, leur dévaluation entraînant celles des premières.

10.  La participation du mythomane non pas en tant que témoin ou en tant que conteur de mythes, mais en tant qu'acteur direct constitue le stade ultime de sa névrose (faux documents, fausses communications téléphoniques, faux rendez-vous, achats de comparses). Toute dévaluation à ce stade ne peut que porter qu'un coup définitif au mythomane qui ne pourra survire que dans une éventuelle errance.

11.  Le mythomane est une personne pressée, elle fait tout trop vite et cela contribuera à sa perte. Les constructions mythomaniaques prennent forme dans les périodes d'isolement du malade (pré-sommeil, déplacements, travail).  Certains s'aident de fiches, mais l'improvisation domine toujours.

12.  La mythomanie n'est qu'un moyen comme un autre de se faire reconnaître. Le mythomane dépressif trouve ainsi un public pour le plaindre. Le mythomane classique trouve un public auprès duquel il croit (à tort) se valoriser. Souvent la mégalomanie n'est pas loin.

13.  Le mythomane n'écoute jamais les autres, sauf quand cela lui permet de rebondir.

14. Le mythomane est expert dans l'art de reconnaître un autre mythomane, dans ce cas il le méprisera profondément, et cherchera à le confondre. La mythomanie ne se partage pas !


NB : Cette partie est la "mise au propre" de notes de séminaires dans les années 90. Il s'agissait d'un séminaire sur la communication et dans ce cas précis d'un travail de groupe sur les mythomanes.


Quelques cas "limites" découverts au cours de mes pérégrinations sur le Net, des no-lifes, dont on ne pouvait deviner ni l'âge, ni le sexe, ni l'occupation et qui s'inventaient une ou plusieurs vies virtuelles :

- J'ai par exemple sur le défunt forum de Cerclo suivi en direct les délires d'un type qui se faisait appeler "Tuto" : En gros ce type devait posséder une quinzaine de pseudos différents. Parmi ceux-ci il y avait celui d'une jeune fille qui "disait vouloir se suicider". Le dénommé Tuto l'a donc sauvé du suicide, et là ce sont formés deux camps, ceux qui ont trouvé le procédé lamentable et ceux qui y ont cru (parmi ces derniers on ne savait pas s'il s'agissait de faux nez de Tuto ou d'intervenants sincères). Bref suite à ça, il a orchestré en ligne sa propre mort (mort virtuelle) annoncée ensuite par son frère (en fait la même personne)  et à continué à emmerder le monde avec tous les pseudos qui lui restait. Il s'en est suivi un bordel impossible dont j'ai toujours l'archive. Le pauvre type devait jubiler... (mais pour combien de temps ?)

- Un professeur de ceci cela, bardé de diplôme, amis de sommités scientifiques et presque à la retraite, jusqu'au jour où on découvrit sa passion immodéré pour Tokio Hôtel.

- Et puis ce gag, de cette femme nymphomane dont j'étais persuadé qu'elle était un homme, je lui avait demandé de m'envoyer une photo d'elle "mains visibles" avec un mot bien précis marqué au feutre sur la paume. Elle l'a fait, c'était une femme mais c'était une geek de 75 ans qui s'excusait pour son âge ! Bizarre quand même... je ne me souvient plus comment le type (un étudiant) a été démasqué, il avait pour le test sollicité l'aide de sa grand-mère)