Cinés
coquins
Page mise à jour le
16/06/2016
Nostalgie
Ne
remontons pas trop loin : Les années De Gaulle (1958-1969), les années Pompidou
(1964-1974) sont des années de
censure triomphante et
bornée. Les revues et ouvrages qui parlent trop explicitement de sexe sont
systématiquement interdit à la vente aux mineurs, à la publicité et à
l'exposition. Quant au cinéma, la commission de censure veille, la plupart du
temps à coups de ciseaux. Aucun sexe qu'il soit masculin ou féminin n'est
visible. On tolère juste quelques nénés en interdisant les films où on les voit
au moins de 18 ans.
Un circuit arrive néanmoins à se constituer avec :
- les films naturistes
- les films de cabarets
(sans aucune
construction de scénario, ou tournait, notamment en Italie, des films dont le
film conducteur était "les plus beaux cabarets du monde" ou quelque chose dans
le genre, s'en suivait donc une série de numéro de strip-tease (non intégral)
filmé n'importe comment avec un fil conducteur se résumant en un commentaire en
voix off)
- quelques rares films américains échappé de leur propres circuits spécialisé,
puis certains auteurs français (José Bénazéraf, Max Pécas, Jean Rollin).
Sur les Grands Boulevards, trois
cinémas parisiens se spécialisent dans ce genre de films : Le Midi-minuit,
le Neptuna et le Strasbourg.
Pendant ce temps en Europe le porno se libère (le Danemark commencera, suivi par
de autres nombreux pays)
En
1972, deux films pornos obtiennent un bon succès aux Etats-Unis :
Deap Throat (Gorge Profonde) de Gerard Damiano
Behind the green door (Derrière la porte verte) de Artie et Jim Mitchell
En France il faudra attendre le décès du président Pompidou (1974) pour voir le
porno se libérer. Sous Giscard d'Estaing, les distributeurs commencent
timidement par incorporer des plans pornos dans des films érotiques "sages",
puis la commission de censure se contentant de délivrer des interdictions aux
moins de 18 ans, la diffusion explose, la création de salles de cinéma
spécialisées aussi !
Mais dès 1975, Giscard effectue un virage à 180° et fait voter une loi taxant
lourdement le cinéma porno, après un débat qui fut un monument
d'hypocrisie (1) la poule aux œufs d'or est
déjà cassé, on réduit les équipes de tournage, on tourne en vidéo. L'apparition
de la cassette vidéo d'abord en sex-shop puis dans les foyers finira par tuer le
cinéma X en salle. En 1990, il ne restait à Paris plus qu'une poignée de salles
! C'est la vie !
Cinémas pornos disparus à
Paris(2)
classés par arrondissement
Le Sébastopol, 43, boulevard Sébastopol, Paris 1er, devenu un magasin de vêtements.
Le Boys Vidéo Club, 49, rue Vivienne, Paris 2ème. Spécialisé dans le X gay, fermé suite à des plaintes innombrables des copropriétaires, puis détruit. A louer !
Le Dragon Club Vidéo Gay, 24, rue du Dragon. Paris 6ème, devenu un commerce de surgelés
Le Latin, 34, boulevard Saint-Michel., Paris 6ème, Ouvert en 1938, porno de 1972 à sa fermeture en 1994. Possibilité de voir deux films avec le même ticket. Fréquentés par quelques sénateurs venu du Luxembourg tout proche... Repris par Gibert Joseph qui y vend des CD et des DVD.
L'Alpha Elysée, 126, rue de la Boétie. Paris 8ème, ensemble quadri-salles, devenu un commerce de jouets (pour enfants)
L'Amsterdam Saint-Lazare, 6, rue d’Amsterdam, Paris 9ème, devenu un magasin de jeux vidéos.
Le Bergère, 15, rue du Faubourg-Montmartre, Paris 9ème, proposait des films X "en alternance", aujourd'hui on trouve à cette adresse des "Produits de la mer, poissons, crustacés, crabes et crevettes pour la grande distribution"
Le Ciné Havre, 92, rue Saint-Lazare, Paris 9ème, devenu un commerce de meubles
Le Maxéville, 14, boulevard Montmartre, Paris 9ème : proposait des films X "en alternance, Aujourd'hui siège d'un restaurant branché !
Le Midi-Minuit(3), 14, boulevard Poissonnière, Paris 9ème : Une salle magnifique que ce soit par son aspect extérieur, son hall et sa grande salle de 500 places avec promenoir. Ouvert en 1947 et spécialisé d'abord dans le cinéma fantastique, puis dans les nudies et les films érotiques, puis dans le cinéma porno. Racheté par la banque voisine, il est aujourd'hui gommé de l'histoire de Paris comme s'il n'avait jamais existé, (ne subsistent que les colonnades extérieures).
Le Brooklyn, 42, boulevard Bonne-Nouvelle. Paris 10ème, devenu le Théâtre "Jamel Comedy Club" (géré par Jamel Debbouze)
Le Ciné Nord, 29, rue de Dunkerque, Paris 10ème (juste devant la Gare du Nord). Ouverte en 1939 cette salle classique de 300 places s'est tournée vers le porno au milieu des années 1970 en divisant sa salle en deux. Par la suite seule la salle la plus basse à été conservé, l'autre étant remplacée par des cabines vidéos. En fait le Ciné-Nord était devenu une sex-shop avec salle de cinéma incorporée ! L'endroit était propre et pour ce qui est de la fréquentation, ça ressemblait pas mal au Beverley. L'aventure s'est terminée en septembre 2013, l'endroit est devenu le Théâtre de la Boussole (280 fauteuils).
Le Neptuna, 28, boulevard Bonne-Nouvelle. Paris 10ème, devenu un Musée du
Chocolat !
la photo est extraite du film de Jean-luc
Godard, Une femme est une femme (1961), le film à l'affiche du Neptuna, est
Vera-Cruz un western de Robert Aldrich avec Gary Cooper et Burt Lancaster.
Les Nord Cinémas, 6, boulevard de Denain. Paris 10ème, (porno de 1976 à 1981) à cette adresse il y a aujourd'hui une boulangerie
Le Pathé Journal, 6, boulevard Saint-Denis. Paris 10ème. Aussi vieux que le cinéma lui-même (sans doute la plus vieille salle de cinéma du monde !) Créée par les frères Lumière en 1896, sous le nom de "Premier Cinématographe Lumière", puis "Cinéma Saint-Denis" et enfin "Pathé-Journal" en 1912. En 1972 la salle devient un cinéma porno jusqu'en 1993 où elle ferme. L'endroit devient ensuite un club gay, "Le Rangers", et c'est aujourd'hui une superette désespérément banale. Il convient de remercier comme il se doit, les différents ministres de la culture dont aucun n'a eu l'idée depuis 1993 (voir avant) de classer la plus vieille salle de cinéma du monde !
La Scala, 13, boulevard de Strasbourg, Paris 10ème. Toute une histoire : En 1787, s'ouvre en ce lieu, l'Auberge du Cheval Blanc qui deviendra ensuite une guinguette, puis un café concert. En 1878, on inaugure la Scala entièrement reconstruite, elle verra passer Yvette Guilbert, Fragson, Mayol, Polaire, Mistinguett... En 1916, La Scala donne du théâtre (Feydeau) mais aussi des concerts de Marie Dubas, en 1926 Georgius se produit en vedette, en 1934, c'est Damia. En 1936, elle est transformé en cinéma (1000 places), en 1977 elle devient une multisalle (5 films) et s'oriente vers le porno. En 1999 on ferme ! Les locaux sont rachetés par l'Eglise universelle du royaume de Dieu" qui n'a toujours pas obtenu son permis de construire !
Le Strasbourg, 8, boulevard Bonne-Nouvelle, Paris 10ème, L'un des plus
vieux cinémas parisien (ouvert en 1896 sous le nom de "Cinématographe-Théatre
Bonne Nouvelle". Rebaptisé "Cinéma de la Porte Saint-Denis" en 1911. Devenu le
Strasbourg, il projette des séries B (et Z) avant de faire dans l'érotique en
1972, puis dans le porno. Détruit dans un incendie dans la nuit de Noël 1994 !
Après plusieurs années d'abandon le site après avoir abrité une sex-shop est
devenue en 2012 un magasin de produits diététiques.
La photo
est extraite du film de Jean-luc Godard, Une femme est une femme (1961), on
aperçoit le Strasbourg complètement à gauche.
Le Galaxie, 104, avenue d’Italie. Paris 13ème, aujourd'hui il y a un hôtel !
Le Cinévog Montparnasse, 20 bis, rue de la Gaîté. Paris 14ème, aujourd'hui il y a un hôtel
La Gaité, 6, rue de la Gaîté, .Paris 14ème. Cet ancien cabaret de Montparnasse transformé en cinéma est devenu le Théâtre Rive Gauche, salle de 400 places, sorte de théâtre privé.
Le Méry, place Clichy, Paris 18ème. Ancienne salle créée en 1935, passé au porno dans les années 70, il cessa ses activités cinématographiques en 1995. C'est devenu un café-théâtre qui se nomme toujours le Mery
L'Amsterdam-Pigalle, 5, rue des Martyrs. Paris 18ème : Il y avait a cet endroit au début du 19ème siècle un bal (la Musette de Saint-Flour) qui devint vers 1860 la Brasserie des Martyrs, fréquentée par Charles Baudelaire, puis par le "divan Japonais", un café concert en 1873; une seconde salle est aménagé au sous-sol (le Temple de la bonne humeur) ou se produisent Yvette Guilbert et Dranem. En 1894 : Scandale : On y joue Le Coucher de la Mariée, pantomime ou l'on voit pour la première fois en public une femme nue (d'ailleurs elle n'était pas nue,, elle avait un collant un peu transparent). Toulouse-Lautrec, Willette, et Picasso, font partie des habitués. En 1901, l'endroit devient le Théâtre de la Comédie mondaine. Dans les années 1930, il devient un cinéma sous le nom de Nouvelle Comédie, et s'orientera dans les années 1970 vers le cinéma X. En 1980, il sera rebaptisé l'Amsterdam-Pigalle et fermera en 1992. En 1994, ce lieu rouvre ses portes sous le nom de Divan du Monde, pour accueillir primitivement des concerts consacrés aux "musiques du monde".
Le Mexico, 110, boulevard de Clichy. Paris 18ème, devenu un restaurant
Le Montmartre-Ciné, 114, boulevard Rochechouart. Paris 18ème, passait du X et du ciné d'épouvante, devenue "La Boule Noire". petite salle de concert.
Le Ritz, 6, boulevard de Clichy, Paris 18ème, transformé en superette.
3 - Cinémas pornos en activité à Paris (2015)
Le Beverley, 14, rue de la Ville Neuve 75002. En 1952 existait en ce lieu le Bikini, cinéma spécialisé dans les westerns, il devient en 1970, le Beverley et a vocation de passer des films d'arts et essais. C'est un échec, et en 1972, le cinéma s'oriente vers l'érotisme puis le porno. En 1992 la salle change de propriétaire et est rénovée. Le Beverley se proclame (à tort ?) le dernier cinéma porno de Paris. L'endroit est propre, les films sont plutôt de bonne qualité, Tous les Jeudis et les Samedis à 23 heures sont réservées aux couples, sinon aux autres séances la population est, sauf rares exceptions, exclusivement masculine. Une partie important des spectateurs y vient pour faire des rencontres sexuelles. La direction le sait très bien et annonce la couleur sur son site. Il est malheureusement probable que ce lieu ne survivra pas à la cessation d'activité de Maurice, son valeureux animateur.
L'Atlas, 20, boulevard de Clichy, Paris 18ème. Ouvert dans les années 1960, l'Atlas s'oriente rapidement vers l'érotique, puis vers le porno. Le ticket donne droit aux deux salles. Si la façade et le hall ont été rénové en 2006, il n'en est pas de même pour les salles. Les films projetés n'ont pas grand intérêt. L'endroit est glauque, sordide, limite dangereux. Une pancarte insolite barre la caisse "Il est interdit de se travestir dans la salle". Ah, bon ?
Notes
(1) Robert-André Vivien député giscardien, ira jusqu'à commettre un lapsus -
oh, combien révélateur - , en déclarant à la tribune du parlement : "Messieurs,
il faut durcir votre sexe"
(2) Cette liste a été établie sur la base d'un liste de cinéma disparus compilée
à partir du numéro de Pariscope" du 25 au 31 décembre1984 et que l'on trouve sur
cet excellent site que nous ne saurions trop remercier ! Elle n'est donc
pas exhaustive, des salles ayant fermées avant cette date !
(3) Le Midi-Minuit non présent dans la liste citée dans la note
précédente a donc fermé avant décembre 1984. (ou du moins cessé sa programmation
puisque Jean-Claude Romer, grand spécialiste du cinéma bis parle lui d'une
fermeture en 1985)