Marjorie 1ère, princesse d'artichaut  à Villiers le Bel

 
Page mise à jour le 12/07/2011

"Villiers-le-Bel c'était bien mieux aaaaavant" (Francis Cabrel)

Villiers-le-Bel est une ville de la banlieue Nord à 18 kilomètres de Paris (à 18 minutes de la capitale en R.E.R. quand les trains ne sont pas en retard) dans le val d'Oise (95). Ses habitants s'appellent les "beauvillesois", ce qui est très joli, mais très peu le savent.

Histoire


Villiers-le-Bel a eu le courage de renoncer
à la tradition ringarde du blason pour
s'offrir un logo moderne et criant de vérité.

Les quatre époques de Villiers-le-Bel :

De la préhistoire à l'époque industrielle

Villiers-le-Bel existait déjà au moins à l'époque gallo-romaine, et le village s'organisait autour d'un puy (qui est toujours visible). C'était donc un tout petit village qui comme partout en France vit se construire en plein milieu une église (Saint-Didier - 13ème siècle) aux dimensions disproportionnées (aujourd'hui elle tombe en ruine). Le territoire de la commune était très vaste comprenant des forêts, des champs, des fermes et des hameaux. Le village était le centre de toutes les activités, avec son marché, ses fêtes et tout ce qui faisait le charme des petits villages de France ! Cocorico !

1870-1960

Avec le progrès technique et la révolution industrielle, le besoin de déplacement se fait sentir. La ville construisit un réseau municipal de tramway qu'elle cassera ensuite dans la joie et l'allégresse pour aujourd'hui le regretter.

Et puis il y a le train ! Or avoir une gare dans ses années là, c'est la gloire ! La ligne Paris-Chantilly était en construction, sans être encore complètement définie. C'est alors la bagarre entre deux villes, Villiers-le-Bel et Gonesse. Les habitants des deux villes ne se parlent plus, s'interdisent mutuellement de séjour et se lancent des cailloux.

Le monsieur des Chemins de Fer (ce n'était pas encore la S.N.C.F) vint alors voir le maire de Villiers-le-Bel et lui tint à peu près ce langage :

- "Si vous voulez que le train passe dans votre commune, il vous faudra construire la gare à vos frais, avec tout le tremblement, les quais, les passerelles, les accotements...."

Le maire devint vert comme un martien ! Il n'avait pas assez d'argent. Et il s'enfonça dans la déprime... La semaine suivant il apprit que son collègue de Gonesse était dans le même état que lui et cela le consola un peu.

Alors le monsieur des Chemins de Fer, qui était très malin, revint voir les deux maires et leur tint à peu près ce langage :

"Faites donc moite-moite !"

A ces mots le maire de Villiers-le-Bel devint moite ! Pas question de pactiser avec l'ennemi ! Puis il réfléchit quand même et demanda :

- On va l'appeler comment la gare ?
- On va l'appeler Gonesse-Villiers-le-Bel.
- Et pourquoi pas Villiers-le-Bel Gonesse ?
- Parce que c'est l'ordre alphabétique !
- Y'a pas moyen de s'arranger ? Demanda alors le maire.
- Si vous donnez plus d'argent que Gonesse, plus un petit pot de vin symbolique, ça peut s'arranger.

Bien sûr le monsieur des Chemins de Fer, qui était très malin, tint le même langage au maire de Gonesse et fit monter les enchères... et comme dans toute enchère, il y a un moment où il y en a un qui lâche. Gonesse lâcha et il fut décidé que la gare s'appellerait Villiers-le-Bel Gonesse.

Restait le problème des expropriations pour construire la gare en question. Exproprier pour un maire, ce n'est pas une chose populaire, il fallait donc bien préparer le coup. Le maire s'entretient encore une fois avec le monsieur des Chemins de Fer (je ne vous dit pas le montant en frais de restaurant, toutes ces démarches !)

- Il faut que j'exproprie qui ? Demanda le maire au dessert ?
- Personne ! Répondit le monsieur des Chemins de Fer, qui était très malin, car la gare ne sera pas construite sur votre commune !
- Super, bien joué, c'est donc le maire de Gonesse qui va se farcir les formalités d'expropriation ! Je me marre, je me marre !
- Pas du tout ! La gare ne sera construite ni à Villiers-le-Bel, ni à Gonesse !
- Mais où alors ? demande le maire un peu largué !
- Et bien, à Arnouville-Lès-Gonesse !
- Quoi ces gueux, ces traînes savates, ces crèvent-la faim ! Et ils vont avoir leur nom sur la gare, puisque c'est ça, je me retire du projet !
- Mais, non, on construit sur leur territoire, les voyageurs ne le sauront pas et la gare s'appellera juste : Villiers-le-Bel Gonesse !

Et c'est ce qui se passa ! Le village d'Arnouville-Lès-Gonesse ne s'étant pas porté volontaire pour financer quoi que ce soit, vit son nom interdit de pancarte jusqu'en 1985, et les gens qui descendaient du train à Villiers-le-Bel Gonesse ignoraient qu'ils se trouvaient à Arnouville ! Ce n'est que très récemment suite à des négociations entre la municipalité d'Arnouville-Lès-Gonesse(1) et la SNCF que le nom de cette ville fut ajouté en troisième positon sur les panneaux ferroviaires.

1960-1985

C'est la crise du logement en France. On se met à construire des cités un peu partout, Villiers-le-Bel n'est pas épargné et trois quartiers sont crées avec des tours et des barres de bétons, plus quelques autres constructions plus éparses. La ville devient alors une fédération de quartiers que pas grand-chose ne rassemble. Mais la vie continue de s'organiser autour du village où l'activité commerçante est florissante ! On y trouve des produits de la ferme de très haute qualité (on a pas dit de très bon marché) des lapins qui ressemblent à des lapins, des poulets, du lait, des œufs. Trois bouchers proposent de la viande d'excellente qualité, le charcutier a une réputation régionale, trois boulangers rivalisent pour nous faire du bon pain, deux fleuristes vendent des très jolies fleurs, le poissonnier est en pleine forme, et le marchand de pinard travaille comme une bête, bref c'est la belle vie... et dans les années 1970 le maire qui faisait campagne pour sa réélection disait "Il fait bon vivre à Villiers le Bel, et d'ailleurs il n'y a même pas de délinquance"... et c'était (presque) vrai !

Aujourd'hui

Au Village :

Il ne reste qu'une boucherie, elle est halal !
Le charcutier est parti, et le marchand de vin aussi, les nouveaux habitants n'aiment ni le saucisson ni le pinard !
Il ne reste que deux boulangers, alors que la population a au moins doublé.
Le poissonnier a disparu.
Il n'y a plus de fleuriste, les nouveaux habitants ne savent plus offrir des fleurs.
La tentative de transformer le centre en zone semi piétonnière est fort peu convaincante.

A la place on a...

des banques, des agences immobilières, des auto-écoles, des machins avec des cabines téléphoniques pour téléphoner au pays... tout cela devant l'église en ruine et en réparation continuelle depuis des années...

Ailleurs...

Les fermes ont disparues, les champs ont rétrécis.... certains quartiers sont devenus difficilement vivables. L'insécurité gagne du terrain.

Il reste malgré tout des coins biens calmes et des ballades sympathiques... mais comme disait Cabrel, c'était bien mieux aaaaaavant...

Les transports publics

Alors que la population a doublé, la RATP qui assure la liaison entre la gare et le village (parce qu'à pied c'est 40 minutes) ne s'est pas adapté (il font bien des enquêtes, mais on se demande s'ils exploitent les résultats) et c'est assez souvent qu'on voit ce spectacle ahurissant d'un bus qui s'en va complètement vide parce que le train de Paris est en retard, provocant une bousculade sans nom dans les bus suivants (puisque tout le monde ne peut pas monter).

Respect de l'environnement

Il est navrant de voir la ville dépenser un argent fou pour tenter de remporter le concours de villes fleuries, alors que par ailleurs le nettoyage urbain laisse à désirer.


agrandissez l'image,
ça vaut le coup d'œil

Personnages célèbres

Pas grand monde, mais les amateurs de peinture doivent savoir que Thomas Couture est décédé à Villiers le Bel en 1879. On peut admirer au Musée d'Orsay une très belle et très grande toile (472x772cm) du maître, peinte en 1847 et intitulée "Les romains de la décadence" (1847).

Curiosités locales

Il y avait fort longtemps que je n'avais pas rendu visite à ma grand mère, j'ai donc profité de quelques jours de vacances pour aller lui porter une galette et un petit pot de beurre. Ma grand mère se trouva fort déçue que je ne lui ai pas apporté du saucisson à l'ail... elle m'informe qu'il y en a au super marché du coin qui se trouve à 15 minutes de chez elle, et m'indique comment y aller. Muni de mon petit appareil photo numérique j'en profitais pour immortaliser les curiosités du cru :

Étape 1 - Parc Louis Jouvet - On entre


Ben, oui, mais pas là, ça c'est l'ancienne grille, un très vieill arbre dont le tronc principal n'existe plus à néanmoins phagocyté tout une partie de la ferraille ! Joli !

Attiré par ses cailloux, je vais voir, aucune indication sur ce que ça peut être, des fauteuils de pierre, en rond, tous tournée vers l'extérieur...

Étape 2 - Par Louis Jouvet - Le menhir

Je prend donc le chemin indiqué par la mère grand, un peu inquiète de savoir si le loup ne rode pas dans les environs et ne va pas me croquer toute crue... et j'arrive dans le parc et je voie ça :


Ben, oui, une borne en plein milieu d'un chemin... Il y a quelques années. la municipalité avait décidé de revaloriser ce parc qui en avait bien besoin, donc on prévoit du mobilier urbain, comme on dit (réverbères, bancs, corbeilles) on arrange les pelouses, on élague les arbres, et surtout on trace des chemins pour les piétons.
Personne ne s'est aperçu au moment du tracé des chemins qu'il y avait une borne en plein milieu
Personne au moment des travaux préliminaires n'a eu l'idée de contacter le maître d'ouvrage pour lui signaler qu'il avait peut-être oublié une borne dans son relevé topographique
    Personne n'a pris l'initiative ni de faire passer le chemin un peu plus à gauche ou un peu plus à droite
Personne n'a pris l'initiative de détruire ce machin qui ne sert à rien !


Les mamans avec poussettes et landaus, les personnes faisant leurs courses au super marché et revenant avec des caddies, et les handicapés en fauteuil roulant tiennent à remercier le conducteur de travaux qui au moment de la livraison du chantier n'a rien trouvé à redire... (à moins que quelque chose m'échappe)

On continue à traverser le parc Louis Jouvet et on arrive devant cette étrange bâtisse :

Étape 3 : L'étrange bâtisse

Alors, c'est quoi ? Là encore rien ne l'indique... Et bien figurez-vous que je me suis amusée (je suis très joueuse) à téléphoner aux services municipaux : En deux séances, une de 53 minutes et une autre de 29 minutes, j'ai eu 19 interlocuteurs dont je vous retranscris le florilège :
- Ben l'adjoint à la culture n'est pas là en ce moment,
- C'est un ancien guichet de l'octroi (mais la personne sera incapable d'en dire plus)
- C'est un ancien guichet du terminus du vieux tramway de Villiers le Bel dans les années 1920.
- C'est l'ancienne maison de Louis Jouvet, enfin je ne suis pas sûre que ce soit son ancienne maison, mais c'est un truc comme ça !
- Je ne sais pas, moi je l'ai toujours vu là, hein !

J'ai laissé tombé, de toute façon la baraque a été murée... et j'en ai fais le tour... côté droit on à ceci :


Louis Jouvet en mosaïque, déjà bien abîmé, pas grand chose à dire sauf que personne ne passant de ce côté, personne ne le voit


quelques inscriptions difficiles à lire, et encore une fois, hors du chemin des badauds


Ça c'est donc au milieu, c'est pas mal, on voit pas bien le rapport avec Louis Jouvet, mais bon... sauf que ça s'abîme et que se vérifie une fois de plus le fait que la fameuse théorie "On ne refera pas de graffitis sur un beau graffiti" est fausse
et à droite on à ça :


Plein de bonnes intentions que je ne remets pas en cause, mais je trouve personnellement ce "graf" agressif et réducteur...

Étape 4 : Le carrefour à l'envers

Je quitte le parc et me dirige vers le super marché où une autre bizarrerie m'attendait. Devant le magasin il y a un carrefour dangereux pour les piétons :


La municipalité à donc fait installer un passage de sécurité

Point 1 étude du projet


Ok, donc c'était simple, il fallait placer les passages piétons au bon endroit et le tour était joué... et bien non... on a eu droit à ça :


Chercher l'erreur ! Le contraire de ce qui fallait faire ! Je suis restée une heure afin de voir comment réagissaient les piétons. Entre 11 heures et midi, 47 personnes ont franchi ce carrefour, aucune n'est passée par ce truc... qui ne sert donc à rien !  (à moins que quelque chose m'échappe)

Étape 5 : Un phare breton à Villers le Bel


C'était située allée de Chantilly... ça n'existe plus


Sur celle là on apercevait le drapeau breton !


Rue Julien Boursier, une maison qui aurait besoin d'une petite restauration...


Sur la D316 (ex nationale 16) l'éternel guérit en moto


PS : si quelqu'un en sait plus sur les mystères du parc Louis Jouvet il peut bien sur m' envoyer un mail


Novembre 2007 : Ça aurait pu arriver n'importe où... deux jeunes victimes d'un accident mortel suite à une collision avec une voiture de police... Les rumeurs... la révolte... les casseurs... L'école maternelle incendiée, la bibliothèque incendié, des voitures de particuliers incendiés, les pompiers empêché de combattre les incendies parce que caillassés.


Le poste de police brûla aussi :


Les renforts arrivèrent, traversant le petit village qui n'avait jamais vu autant de casques en une seule nuit


Notes savantes :
(1) Arnouville-Lès-Gonesse s'appelle désormais simplement Arnouville depuis juillet 2010