Page mise à jour le 09/08/2010

Mao Zedong
Dictateur mégalomane

Préliminaire lexical

Avant tout le monde écrivait "Mao Tsé-Toung", puis du jour au lendemain (et bien après sa mort), c'est devenu Mao Zedong... ne cherchons pas à comprendre

Résumé

Mao Zedung (1893-1976) est un dictateur, un nageur, un mégalomane illusionniste, un soi disant théoricien marxiste et un auteur à succès chinois.

Le dictateur


Mao passe les troupes en revue
en 1966

Cofondateur du Parti communiste chinois en 1921, il en devient dirigeant suprême, en 1935. Après des années de guerre : lutte contre le Kouo-Min-Tang de Tchang Kaï-Chek (la longue marche), trêve pour lutter contre l'envahisseur japonais… puis reprise de la guerre civile au terme de laquelle Mao proclame la République populaire de Chine, en 1949 à Pékin. Il en sera le président de 1949 à 1959 (et président du PC chinois de 1943 à sa mort en 1976)

Le régime s'inspire alors de la Russie Stalinienne (dictature, collectivisme, parti unique). Quand la Russie se déstalinisera, Mao continuera à vénérer Staline et se brouillera avec l'URSS, conservant comme seul allié idéologique la minuscule Albanie.

En 1957 il lance la Campagne des Cent Fleurs, encourageant la population (notamment les "intellectuels") à user de la liberté de parole et à critiquer le Parti Communiste. C'était un piège toux ceux qui s'étaient exprimés firent l'objet d'une violente campagne de répression.

De 1958 à 1960 il instaure le "Grand bond en avant", autrement dit un collectivisme immodéré et forcé. Des paysans non formés sont engagés dans de vastes chantiers industriels, mais doivent aussi s'occuper des récoltes… le résultat sera l'une des famines les plus meurtrières de XXe siècle.

Mao est alors à deux doigts d'être écarté du pouvoir (il quitte la présidence du pays, mais conserve celle du PC). C'est alors qu'il souleva les étudiants chinois contre la direction du Parti pour reprendre le pouvoir, livrant la Chine à la violence effrénée des gardes rouges au cours de "Révolution culturelle (1966-1969).
Ayant éliminé ses rivaux et rétabli l'ordre à son profit, il fit l'objet d'un culte de la personnalité porté à son paroxysme.

Mao Zedong est responsable de la mort de plusieurs millions de chinois et à ce titre figure en bonne place dans le top 10 des plus grands criminels de l'histoire de tous les temps.

Le nageur


Oh ! Le joli peignoir

Tous les ans, pour montrer qu'il était en pleine forme, et qu'il n'y avait pas que le protocole dans la vie, Mao Zedong faisait un petit 100 mètres brasse papillon dans le Yang-tseu-kiang en plein hiver. On a appris après que la petite démonstration était en fait réalisée par des sosies dont plusieurs moururent de pneumonie.

Les exploits nautiques du dictateur déclenchaient un concert de louanges de ses proches et de ses admirateurs. A tel point que ces scènes de fayotages inspirèrent la célèbre réplique de Jean Lefebvre dans l'éternel chef d'œuvre de Robert Lamoureux, "Mais où est donc passé la 7ème compagnie ?" (1973) : "Qu'est ce que vous nagez bien, chef ! "

Le mégalomane illusionniste

Regardez bien cette photo (en haut) où Mao Zedong passe l'armée chinoise en revue, tenue militaire, bras tendu, et brassard rouge... (bizarre comme ça rappelle quelqu'un d'autre...) Mais il y a un détail qui change tout (non, ce n'est pas le treillis mal repassé) c'est que : ceux qui lisent le chinois, pourront déchiffrer l'indication sur le brassard : "simple soldat" ! Dans le genre fausse modestie, c'est pas mal quand même !

Mais cela ne l'empêchait pas de se faire appeler le "Grand Timonier"  !

Le théoricien marxiste

Même ceux qui font encore preuve d'une certaine complaisance envers le personnage ont du mal à trouver ce qu'il y a de philosophique dans ses propos, qui tiennent plus du pragmatisme qu'autre chose (voir paragraphe suivant). Mais Mao Zedong se prenait quand même pour un grand théoricien à ce point que sur le drapeau destiné aux grandes parades du régime on le voyait représenté comme la cinquième clé du marxisme-léninisme aux cotés de Karl Marx, Friedrich Engels, Lénine, et Staline. Il se revendiquait d'ailleurs clairement comme le continuateur de la "pensée" de ce dernier...


...en toute modestie...

L'auteur à succès

Un jour il pondit le petit livre rouge : (de son vrai nom Citations du Président Mao Zedong) qui reste sans doute le plus grand gag littéraire de l'histoire et qui devrait nous faire éclater de rire si la réalité n'était pas si tragique

On en édita plus de un milliard d'exemplaire et il fut traduit dans toutes les langues.

Tout citoyen chinois devait en effet, le lire, le connaître et l'avoir constamment sur lui. Les gardes rouges de la Révolution culturelle, avaient le pouvoir de demander à chaque personne qu'il leur présente le livre et qu'il puisse en réciter des passages. En cas d'infraction à cette réglementation, la peine pouvait aller de la punition corporelle immédiate (bastonnade) aux travaux forcés pendant plusieurs années.

Le livre rouge étant censé tout remplacer on se livra à des autodafés où on brûla joyeusement tous les auteurs classiques, leurs livres et leurs musique.

On étudiait le petit livre rouge pendant des heures et des heures de la maternelle à l'université mais aussi sur les lieux de travail. Tout ouvrage y compris scientifique publié devait faire référence aux pensées de Mao Zedong,

En France, en Italie en Allemagne et ailleurs on vit du jour au lendemain des jeunes universitaires brillants se débarrasser de toute leur bibliothèque pour ne conserver que le petit livre rouge, le livre censé répondre à toutes les questions... Mais aucun sociologue ni aucun psychologue ne s'est vraiment penché sur ce phénomène.

Citations du livre

On ne va pas vous citer toutes les conneries qu'il contient... mais quand même celles-ci :

La plus con
"Il est plus utile de tuer des moustiques que de faire l'amour !"
La plus célèbre
"Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité, ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l'avenir, c'est le peuple qui est vraiment puissant, et non les réactionnaires."
La plus plate
"La bouse de vache est plus utile que les dogmes. On peut en faire de l'engrais."
La plus hypocrite
"Il n'est pas difficile à un homme de faire quelques bonnes actions ; ce qui est difficile, c'est d'agir bien toute sa vie, sans jamais rien faire de mal."

et aussi ces choses d'une profondeur abyssales :

- Nous devons tuer tous ces éléments réactionnaires qui méritent d'être tués.
- Chaque communiste doit assimiler cette vérité: le pouvoir est au bout du fusil.
-
Oser lutter, oser vaincre !

Mao et les femmes

Alors qu'il prônait une morale sexuelle rigide, Mao se comportait comme un empereur de Chine, usant et abusant de favorites (et même de favoris) au cours d'orgies quasiment quotidiennes, et ce jusqu'à la fin de sa vie.

Mao et l'hygiène

En guise de toute toilette, Mao se faisait frotter le soir avec un linge humide. Il ne prenait jamais de douche, et ne se lavait pas davantage les organes génitaux. "Je me nettoie dans le corps de femmes", disait-t-il.(1)

Jiang Qing

Jiang Qing (1914-1991) fut la quatrième et dernière femme de Mao,

En 1937, elle séduit Mao qui répudie sa 3ème femme. Ses ambitions politiques ne purent s'exprimer qu'avec la révolution culturelle. Elle entreprend une campagne de "purification" des arts à partir de 1967, limitant par exemple le nombre d'opéras autorisés. Sa propagande instaurée pour vénérer sa personne fut cependant un échec. Elle fut l'une des personnalités les plus engagés dans le délire de la révolution culturelle, se distinguant par son extrême cruauté.

A la mort de Mao en 1976, elle est arrêtée et emprisonnée. Elle sera jugé et condamné à mort en 1981 pour les crimes innombrables commis pendant la révolution culturelle (peine commuée en prison à vie en 1983). Elle ne reniera aucune de ces actions se prévalant d'être le "chien de Mao" (Quand il me disait de mordre, je mordais.) Libérée pour raison de santé en 1991, elle se serait suicidé (version officielle) (2)


Notes :
(1) rapporté par son médecin personnel : Li Zhisui, La vie privée du Président Mao .pp.374-381,  Plon, Paris,1994
(2) sa mort ne fut officialisé qu'en 1993