Page mise à jour le 08/06/2011

Coups de gueules princiers

Deux fléaux empoisonnent aujourd'hui notre société : la dictature du politiquement correct et l'abus du principe de précaution.

La dictature du politiquement correct :

J'étais invitée l'autre jour à Paris au restau par un vieil ami qui souhaitait fêter dignement… (peu importe, la question n'est pas là). Se trouvait autour de la table plusieurs personnes que je ne connaissais pas. Vers le dessert, la boisson ayant délié quelques langues, mon voisin proposa :
"- Ah, tenez, j'en connais une bien bonne…"
C'est, alors que c'est produit du jamais vu, du jamais entendu : une péronnelle le coupa fermement en ces termes :
"- Abstenez vous, monsieur, ces histoires de fin de banquet sont complètement démodées et finissent toujours dans l'outrance."
(Elle avait du l'apprendre par cœur sa réplique). Silence de mort tout d'un coup. Personne n'ose contrarier la mégère, seul un monsieur osa alors prendre la parole :
"- On n'a plus le droit de raconter des histoires drôles alors ?"
"- Il y a encore quelques beaufs qui ne peuvent s'en empêcher, si vous en faite partie, tant pis pour vous."
Le vieil ami se leva alors précipitamment, pour empêcher l'incident imminent, sur le ton de :
" - Mes amis, mes amis, on n'est pas là pour se disputer mais pour me faire plaisir…"
N'empêche que mon voisin, sa blague, il n'a pas pu la raconter. Je griffonnais sur un bout de papier le mot "euphytose" et le glissait à madame pisse-vinaigre une fois le repas terminé et venu le temps des au-revoir.
" - Qu'est ce que c'est ? Demanda-t-elle."
" - C'est un médicament, demandez le à votre pharmacien, c'est à base de plantes, ça vous calmera !"
Elle m'a traité de conasse et je l'ai laissé plantée là.
Ce n'est qu'une anecdote, mais elle illustre bien jusqu'où nous mène la dictature du politiquement correct.
Une blague sur les noirs et hop vous êtes accusé de raciste, une blague sur les juifs et vous êtes accusé d'antisémite, une blague sur les homos et ça y est vous êtes homophobe, une blague sur les handicapés (qu'on doit désormais dénommer "personne à mobilité réduite") et vous êtes accusé de manquer de dignité à la personne humaine, une blague sur les blondes et toutes les chiennes de gardes vous tombent sur le paletot. Une blague sur l'islam et on lance une fatwa contre vous. Une blague sur les curés et les cinglés de l'AGRIF peuvent n'importe quand vous trainer devant les tribunaux. On ne va désormais ne pouvoir rire que des américains (là c'est permis, il n'existe aucun comité de défense des américains en France), de Microsoft (pensez donc, américain et capitaliste, la double tare) des bestioles (quoiqu' avec Brigitte Bardot, il faut peut-être se méfier) et des plantes vertes !

Et si ça limitait aux blagues…
Le nombre de sujets qu'il est aujourd'hui possible d'aborder publiquement se réduit comme une peau de chagrin.
Dire que les gens du voyage posent souvent des problèmes aux municipalités, et hop vous être un raciste incapable de concevoir des cultures différentes de la votre.
Dire que la pornographie n'a jamais tué personne et vous voilà qualifié de pervers et de machiste, dire que qu'il ne faut pas confondre prostitution forcée et prostitution libre et vous voilà tout d'un coup l'ennemi irrécupérable de la dignité des femmes. Dire que vous avez fait des photos de charme avec un modèle de 17 ans et 11 mois et vous voilà classé comme un dangereux pédophile.
Parler de la mode et quelqu'un va vous balancer que la femme n'est pas un objet. Dire qu'intégrer certains élèves handicapés dans des classes ordinaires n'est pas forcément une idée judicieuse et vous passez pour la pire des ordures.
Et on pourrait continuer… la liste ferait 10 pages. Il va rester quoi comme sujet de conversation : Le show-biz, la télé, le sport, non même pas le sport…
Une autre fois je déjeunais avec deux amis sportifs (tendance télé) et l'un s'étonnait devant l'autre que les sportifs noirs ne brillaient pas trop ni en cyclisme, ni en natation, et l'autre de l'empêcher de développer en disant "C'est du racisme de dire ça !" J'ignorais qu'il y avait des conversations interdites (et entre nous je ne vois pas bien ce que le propos peut avoir de raciste !)

Que des gens se croyant attaqués par des propos qui les viseraient réagissent, peut être assimilé selon le cas soit à une réaction spontané d'auto-défense, soit à un manque d'humour mais peut à la limiter se comprendre. Mais ce qui est grave aujourd'hui c'est que certains qui ne sont pas concernés sont encore plus virulents que ceux qui le sont !

 

L'abus du principe de précaution

Deux événements sans aucun rapport viennent nous rappeler l'absurdité de ce qu'il convenu le principe de précaution.

Lors d'un apéritif géant un jeune homme est mort accidentellement. Alors que font nos grands dirigeants qui ne s'occupent de nous que quand ça ne leur coûte pas trop cher : ils interdisent les apéritifs géants. Voici une logique de première année de maternelle au nom de laquelle on pourrait interdire les escaliers (parce que mourir en tombant dans un escalier, ça arrive), les automobiles et surtout les lits. (l'endroit où on meurt le plus)

Le deuxième exemple est plus pernicieux, une association avait décrété suite à des propos publics qu'il y avait un risque évident de cancer en cas d'utilisation fréquente du téléphone portable. Ils ajoutaient que la présence de relais à la proximité du domicile ou du lieu de travail était aussi à haute probabilité cancérigène. Donc après pas mal de polémiques, on a décidé de faire une étude sérieuse (et quand on dit sérieuse c'est sérieuse, jamais étude n'avait impliqué autant de pays (13), autant de cas, autant de données) et la conclusion de l'étude est que "Il n'y a pas, d'augmentation constatée de risque de santé liée à l'utilisation d'un téléphone portable". Donc l'affaire serait classée ? Et bien non ! Ces messieurs dames déclarent que les résultats sont très décevants car peu rassurants ! Et pourquoi donc ? : "Parce que les experts ont échoué à mettre en évidence un lien entre les cancers du cerveau et l'utilisation du téléphone portable, ce qui signifie également qu'ils n'ont pas réussi à prouver l'innocuité des téléphones sur la santé". Autrement dit pour ces messieurs dames, les experts sont des cons car la conclusion ne va pas dans leur sens (le seul qui est bon) et la ministre de la santé, qui n'arrête pas de nous les gonfler (lois anti-tabac stupides, grippe A) de nous rappeler qu'en ce qui concerne les dangers du téléphone portable, le principe de précaution reste de mise.

Ah, ces gouvernement qui nous bercent, qui nous empêchent d'être malade et qui nous chouchoutent pour que nous mourrions tous à 95 ans comme… comme de légumes.