Mademoiselle Georges
Page mise à jour le 03/04/2013
(1787-1867)


Portrait de Mademoiselle Georges figurant sur
 sur l'ouvrage "Le musée de la Comédie-Française"
par Emile Dacier (1905) d'après une toile de
François Gerard (laquelle toile est invisible, faisant
partie d'une collection privée, hélas, cent fois, hélas !)

De son vraie nom, Marguerite Joséphine Weime, cette courtisane était aussi une tragédienne hors pair, sans doute la meilleure de sa génération. Elle fut la maîtresse de Lucien Bonaparte puis celle de Napoléon Bonaparte alors premier consul, il disait d'elle qu'elle était la plus belle femme d'Europe et qu'elle avait "les abattis canaille". Elle fut aussi la maîtresse du Tsar Alexandre 1er dans le cadre d'une mission d'espionnage commanditée par Talleyrand. Victor Hugo lui donna le rôle-titre de sa pièce "Lucrèce Borgia" créée en 1833 au Théâtre de la Porte saint Martin, ce fut un triomphe.

Outre Victor Hugo, sa beauté subjugua (entre autres) Alexandre Dumas et Théophile Gauthier, laissons la parole à ce dernier :

Mademoiselle George ressemble, à s'y méprendre, à une médaille de Syracuse, ou à une Isis des bas-reliefs éginétiques,(1) L'arc de ses sourcils, tracé avec une pureté et une finesse incomparables, s'étend sur deux yeux noirs pleins de flammes et d'éclairs tragiques. Le nez, mince et droit, coupé d'une narine oblique et passionnellement dilatée, s'unit avec le front par une ligne d'une simplicité magnifique. La bouche est puissante, aiguë à ses coins, superbement dédaigneuse, comme celle de Némésis vengeresse, qui attend l'heure de démuseler son lion aux ongles d'airain ; cette bouche a pourtant de charmants sourires épanouis avec une grâce tout impériale, et l'on ne dirait pas, quand elle veut exprimer les passions tendres, qu'elle vient de lancer l'imprécation antique ou l'anathème moderne, Le menton, plein de force et de résolution, se dessine fermement, et relève, par un contour majestueux, ce profil qui est plutôt d'une déesse que d'une mortelle. Comme toutes les belles femmes du cycle païen, Mademoiselle Georges a le front large, plein, renflé aux tempes, mais peu élevé, assez semblable à celui de la Vénus de Milo, un front volontaire, voluptueux et puissant. Une singularité remarquable du cou de Mademoiselle Georges, c'est qu'au lieu de s'arrondir intérieurement du côté de la nuque, il forme un contour renflé et soutenu qui lie les épaules à la base de la tête sans aucune sinuosité. L'attache des bras a quelque chose de formidable par la vigueur des muscles et la violence du contour ; un des bracelets d'épaule ferait la ceinture pour une femme de taille moyenne ; mais ils sont très blancs, très purs, terminés par un poignet d'une délicatesse enfantine, et des mains mignonnes, frappées de fossettes, de vraies mains royales faites pour porter le sceptre et pétrir le manche du poignard d'Eschyle et d'Euripide.
Théophile Gautier (1835)

Un portrait peu flatteur de Mademoiselle Georges (on dirait la Castafiore) par Rose Emma Drummond en 1817 (elle avait donc à cette époque 30 ans au maximum) Médaillon par David d'Angers Composition anonyme en buste découvert d'après le tableau de François Gérard
Mademoiselle Georges (couverture de 1955 par Jef de Wulf) Composition moderne d'après le tableau de François Gérard (Laurence Descamps 2008) Un site marchand sur Internet propose (entre autres choses) des chopes à l'effigie de Mademoiselle Georges (d'après un portrait présumé et anonyme)

NB : (1) Non, ce n'est pas une faute de frappe : Enigétique veut dire qui a un rapport avec le système monétaire grec né à Enige.