L'assistanat
sexuel
(Handicap et sexualité)
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mise à jour le
03/09/2014
L'autre jour en allant chez le dentiste, je suis tombée sur Valeurs Mutualistes, je ne connaissais pas ce journal qui est en fait le magazine de la MGEN (mutuelle générale de l'éducation nationale). Un double page prenant comme point de départ le succès du film Intouchable, abordait de façon plutôt intelligente le problème de la sexualité des personnes handicapés (2)
Il est un fait que le film "Intouchables" a délié les langues, ce n'est pas
parce qu'un handicapé n'a pas accès à son propre corps que sa sexualité
n'existe pas. Certes la morale ultime du film est simplificatrice puisque
voulant prouver que "tout pied trouve sa chaussure" (et même, ajouterons les
bonnes âmes, que c'est vrai parce que le film est tiré... d'une histoire vraie)
en oubliant que le personnage du film (un homme très aisé financièrement
rendu tétraplégique par accident) n'est pas vraiment représentatif de la
condition ordinaires des handicapés. En revanche, le film à l'intérêt de montrer
comment fonctionne cette sexualité :
1 - Oui, elle existe
2 - Elle ne peut fonctionner sans assistance
3 - Cette assistance est fournie dans le film par des prostituées (en
l'occurrence des masseuses).
4 - Et on ne voit pas bien qui d'autre pourrait fournir cette assistance sauf a
créer un corps de métier spécialisé dans ce genre de choses.
Les ultra-féministes, culs bénis et autre adversaires bornés de la prostitution (qui n'est jamais lorsqu'elle est librement exercée qu'une rencontre dans le domaine privé entre une offre et une demande, et dont on se demande bien pourquoi l'état s'obstine à s'en mêler), sont évidemment contre la création de cette profession d'assistant(e) sexuelle(e) (le contraire eut été étonnant) qui pour eux ne serait ni plus ni moins que de la prostitution.
J'ai envie de leur répondre : et alors ?
Il est tout de même incroyable que des préoccupations pseudo morales et/ou pseudo féministes passent avant le respect et le réconfort de personnes qui n'ont même pas accès à leur propre corps !
Je reproduis ici la page du magazine cité plus haut et qui aborde le sujet.
LA PAROLE A L'INTIME
VERS UNE ASSISTANCE SEXUELLE ? La vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap reste un sujet tabou. Le Planning familial innove en le traitant concrètement dans les institutions. Et les mots se libèrent pour rimer aujourd'hui avec action. Intouchables. Succès phénoménal pour un film qui aborde notamment, avec humour et sensibilité, le handicap et la sexualité, sujet ô combien polémique remis au cœur du débat après la légalisation des assistants sexuels dans plusieurs pays européens. Ce duo d’amitié, formé par les acteurs François Cluzet (alias Philipe, tétraplégique) et Omar Sy (alias Driss, son énergique assistant), et sa quête de l’amour pourrait bien devenir un fer de lance pour faire bouger une réalité fort différente sur le terrain. En vrai, la vie affective et sexuelle de personnes en situation de handicap continue à soulever des peurs sans fin. Un programme de terrain Le programme "Handicap et alors" du Planning familial, récompensé en septembre dernier par un laurier de la Fondation de France, a pour cela valeur innovante (même si d’autres associations comme La Gabrielle ou l’Apajh intègrent aussi peu à peu dans leurs activités la question de la vie intime). Portant en ses statuts la "lutte pour créer les conditions d'une sexualité vécue sans répression ni dépendance, dans le respect des différences, de la responsabilité et de la liberté des personnes", le mouvement populaire intervient depuis plusieurs années auprès de groupes de personnes en situation de handicap au travers d’actions de prévention contre les infections sexuellement transmissibles et, désormais, il veut mener une action concrète et plus complète en matière de sexualité dans le cadre de la loi(1). Le programme a été élaboré après une analyse des pratiques et des difficultés rencontrées par les associations départementales de Paca et Languedoc-Roussillon du Planning familial. Après réflexions et rencontres avec les directions et les professionnels des établissements, nous intégrons le sujet de la vie affective, relationnelle et sexuelle des personnes accueillies explique Jeannine Langleur, responsable du programme. Nous évaluons ensuite les besoins de la structure et nous constituons des groupes de 7 à 15 personnes handicapées qui se réuniront sur des thématiques comme la pudeur, l'appropriation du corps, le désir, le plaisir, la contraception… Mais nous assurons aussi une formation des professionnels du lieu et nous mettons en place des espaces de paroles pour les parents et/ou les familles. Former des professionnels "La sexualité des handicapés est souvent niée par leur entourage, soit du fait de l'infantilisation liée à la situation de dépendance, soit du fait de la crainte de l'expression d'une sexualité déviante" souligne Jeannine Langleur. Accompagné un enfant handicapé vers l'autonomie est complexe. Les limites institutionnelles, l'isolement fréquent des familles, une vie sociale limitée peuvent constituer une entrave à l’expression de sa vie sexuelle. Quant à la formation des professionnels, elle n’intègre pas les questions relatives à ce sujet et aux représentations qui sont liées à la relation sexuelle, au handicap, au genre et à la parentalité. Le programme bénéficie d’ores et déjà à 600 particuliers et 225 professionnels. "Nos collègues intervenant sur ce projet ont l’agrément de conseiller conjugal et familial et effectuent régulièrement des formations complémentaires. Parce que la demande des établissements croit, nous souhaitons maintenant mettre en place une formation nationale de formateurs régionaux et élaborer un guide des bonnes pratiques." Carine Hahn (1) La loi de 2005 prévoit de favoriser l’accès à l’information, à la vie affective, relationnelle et sexuelle des personnes qui - du fait de leur(s) handicap(s) se trouvent dans une situation sociale qui limite la reconnaissance de leur autonomie et de leur citoyenneté. QUESTION A LOUIS BONNET, PRESIDENT DU GROUPEMENT POUR L’INSERTION DES PERSONNES HANDICAPEES PHYSIQUES (GIHP) ET DU GROUPE DE TRAVAIL DU CONSEIL NATIONAL CONSULTATIF DES PERSONNES HANDICAPEES (CNCPH), "SEXUALITE, HANDICAP ET VIE COLLECTIVE" Quel accès à la sexualité pour celles et ceux qui ne maîtrisent par leur corps ? C'est la question centrale. Rien n'est plus intime que le positionnement de la personne à l’égard d’elle-même et de la sexualité. Dans notre société où le corps est surexposé et où celui de la personne en position de handicap n’est pas conforme aux canons de beauté (jeunesse, minceur, sportivité...) de plus en plus impérieux. Il est évident qu’elle est considérablement mal à l'aise. Son corps n'est pas un corps de désir. De plus – il faut le dire ! – il y a chez elle quelque chose de profondément irréparable car définitivement cassé. Combien même le regard de la société changerait, son corps restera différent et pas nécessairement séduisant. En conséquence, je ne crois pas qu'il y ait une mais des solutions : de ce qui relève de l'individuel et d'une séduction ne passant pas par le seul corps mais par l'expression, l'intelligence (mais il s'agit là d’une course laissant beaucoup de personnes sur le carreau, sans affection, sans amour, sans sexe, sans espoir d'en avoir et en détresse profonde)… à l'idée d'une assistance sexuelle.
VALEURS
MUTUALISTES 276 janv/fev 2012 |
Un
film sur le sujet : je ne résiste pas au plaisir de recopier ce
compte rendu trouvé sur le net : "Hasta la vista" du Flamand Geoffrey
Enthoven raconte l'expédition de trois jeunes handicapés à travers la Belgique,
la France pour atteindre l'Espagne où se trouve l'endroit de leurs rêves, El
Cielo, un bordel rempli de créatures délicieuses spécialement formées dans
l'accueil et la satisfaction des handicapés.
Ce film est génial, non seulement par l'interprétation des acteurs mais aussi
par l'absence de tout pathos, de toute victimisation de l'handicap, de l'absence
de jugement, de la vision mythique apporté au bordel qui, au final, est bien le
paradis pour deux des personnages alors que pour le troisième, le bonheur est
ailleurs. Sans vouloir donner de leçon, ni faire une étude générale mais l'on
voit que les prostituées de cette maison vont leur accorder ce que la société
leur refuse (sauf exception), contre monnaie trébuchante mais avec générosité et
tendresse. Aimer son prochain, voilà !
notes
(2) J'ai trouvé amusant que l'article n'utilise jamais le mot "handicapé" mais
l'expression "personnes en situation de handicap", faudra qu'on m'explique la
différence ? A moins que ce soit encore une des manifestation du politiquement
correct.