De
la poésie payante et en tenues légères…
Le « bordel de la poésie » a débarqué en France. Le principe:
des femmes en tenues affriolantes susurrent de jolis mots aux
oreilles de clients en extase… Aujourd’hui, les bordels de la
poésie se déclinent dans plusieurs villes sous forme de
soirées mensuelles dans les clubs et restaurants de Chicago,
Londres, Barcelone, Bruxelles. Dans l’ambiance feutrée
d’alcôves, des femmes en petites tenues récitent des poèmes.
On est à Pigalle mais ici c’est la poésie qui se monnaye. Le
principe: vous choisissez votre interprète – elle (le plus
souvent ou il) récite en toute intimité pendant une dizaine de
minutes des vers de sa composition sur le thème de votre choix
ou selon son inspiration. Pas de classiques, ni de poésie
érotique.
L’idée du « bordel de la poésie » est née à New York en 2008
sous l’égide d’une californienne, qui «s’ennuyait à mourir»
dans les rencontres de poésie traditionnelles. « J’avais envie
de donner un peu de sang neuf à cet art qui est passé de mode.
Baudelaire et Oscar Wilde étaient des célébrités à leur
époque, il n’y a pas de raison que les poètes ne soient pas
des stars aujourd’hui ! », s’exclame Stephanie Berger (30
ans).
Ce vendredi soir, ambiance rétro d’un cabaret de
l’avant-guerre au restaurant Pigalle, dans le quartier éponyme
des plaisirs nocturnes. Vêtue d’un fourreau de satin doré,
brodé de dentelle noire, Madame fait défiler ses « prostituées
» : The Lady, Chronos, Ginger Bitch ou encore le comte de
Bellemort, maître de la rhapsodie macabre. Une bouteille de
whisky à la main et l’air faussement éméché, le ténébreux
Tennessee Pink, dans la vraie vie Nicholas Adamski,
cofondateur du Bordel de la poésie, vend des jetons à sept
euros. C’est le prix qu’il en coûtera au client pour un moment
intime avec un poète.
Pourquoi mêler le sexe à la poésie? C’est naturel, explique
Madame : poésie et prostitution sont les «deux plus vieux
métiers du monde», tous deux portent en eux l’idée «de
marginalité, de fantasme, d’intimité, de désir, de violence et
de plaisir». Stephanie Berger est fascinée par les maisons
closes du 19è siècle, où venaient s’inspirer des artistes
comme Henri de Toulouse-Lautrec ou Arthur Rimbaud. Mais
aujourd’hui, c’est difficile de vivre de la poésie, « alors il
faut bien se prostituer pour en vendre ! », ironise-t-elle.
http://www.20min.ch/ro/news/insolite/story/De-la-poesie-payante-et-en-tenues-legeres—-28094140
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