0224 - Juin 2008 - France
Bon
alors, puisque tout le monde en parle, on va en parler à notre
tour.
Donc le tribunal de grande instance de Lille, a annulé le
mariage d'un couple de musulmans au motif que la femme avait
menti au mari en lui cachant qu'elle n'était pas vierge.
C'est quoi ce cirque ?
Il y a plusieurs façons d'envisager cette affaire :
1) le plan juridique pur
En droit français, trois vices de consentement peuvent entraîner
la déclaration de nullité d'un contrat, l'erreur, la tromperie
(dol) et la violence. Le mariage fait exception en ceci que
c'est le seul contrat où le dol ne peut être cause de nullité,
selon d'adage d'Antoine Loysel (1536-1619) qui dit "En mariage,
trompe qui peut". Le sens de l'adage est que la justice n'a pas
à mettre le nez dans les manœuvres de séduction ayant eu lieu
entre les futurs conjoins. En fait le tribunal n'a pas appliqué
la loi française, il a fait droit à une demande fondée sur la
conception musulmane du mariage.
2) sur les conséquences de l'annulation
Si la femme échappe à une vie de couple qui aurait sans doute
été infernale avec un tel bonhomme, elle est néanmoins mise au
ban de sa société et son seul espoir de survie sans sombrer dans
la dépression est d'aller vivre ailleurs. On en est là !!! Quand
au mec, il va parader comme un coq et donner envie de faire
pareil à tout un tas de petits machos. Du coup on risque de voir
prospérer un petit métier, celui des réparateurs d'hymens qui
vont se frotter les mains en voyant affluer dans leurs arrières
boutiques des jeunes filles qui ont perdues leur virginité mais
qui ne veulent pas que ça se sache ! Quelle tristesse !
3) du point de vue de la morale :
Ni l'état, ni la loi, ni le justice ne devraient se mêler de
morale. D'autant que la morale, chacun à la sienne. Et si dans
une société de droit, une personne reste libre de considérer que
la virginité avant le mariage est une affaire de morale, tout un
chacun reste tout aussi libre de considérer cette attitude comme
dépassée, ringarde, stupide, machiste, en un mot gravement
débile ! Le tribunal n'a pas à trancher entre ses deux
conceptions. Il ne l'a pas fait, mais donne l'impression de
l'avoir fait, ce qui revient donc au même !
Alors que fallait-il faire ?
Déjà balayons l'argument lu ici et là "de quoi je me mêle
puisque les deux parties étaient d'accord ?" Il est effet facile
de deviner le poids des pressions qu'à subi la femme pour
qu'elle soit d'accord ! Alors divorce en consentement mutuel (ou
pas) le résultat pour les deux parties aurait été le même, mais
la couverture médiatique nulle. C'eut été un moindre mal... En
fait le problème est la racine dans l'institution même du
mariage et dans cette fiction d'une fidélité entre époux jusqu'à
la mort... Cette conception dépassée (et qui l'a de toute façon
toujours été) ne correspond plus à rien à notre époque et rien
ne la justifie. Et tant que le mariage existera, nous verrons
surgir de ci delà des aberrations dont celle-ci n'en est que
l'une des plus outrée. |
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