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Réflexions sur l'opéra "contemporain"

Page mise à jour le 01/07/2014

En fait, le passage au 20ème siècle aura été fatal pour l'opéra classique en Europe et la mort de Puccini en 1924 précipita le désastre. Malgré quelques belles exceptions (Le chevalier à la Rose, R. Strauss, 1911 - L'Amour des trois oranges, Serge Prokofiev, 1921) c'est ceux qui avaient décidés sans se concerter que la voix humaine ne devait plus être utilisée comme auparavant, qui occupèrent alors le haut du pavé d'un art lyrique qui avait donc programmé la fin du bel canto et de l'opéra populaire. Alors on a eu droit à Pelléas et Mélisande (1902, Debussy, œuvre ridicule, ennuyeuse et à la réputation formatée), Le Château de Barbe-Bleue, (1918 Bartok) Woyzeck, (1925, Berg qui a pourtant composé de jolies choses), Le dialogue des Carmélites (1957, Poulenc, auteur pourtant estimable) et sans doute le pompon du genre : "Saint François d'Assise" par le curé Messiaen (1983)

A ce propos un petit souvenir rapporté par Boris : je n'aime pas du tout Messiaen, même ses œuvres les plus accessibles m'emmerdent, mais on a cru un jour me faire plaisir en m'offrant 2 cartons pour la première de Saint François d'Assise à Garnier en novembre 1983, j'y suis allé avec une collègue dans une salle remplie de pingouins et de robes du soir, ça a commencé par un discours interminable, cabotin, lèche bottes et insupportable de Jean Louis Barrault, dont tout le monde se foutait... et puis c'est parti. L'Opéra débute par un récitatif de plus d'une demi-heure de José van Dam qui tenait le rôle de St François, pénible, soporifique, inintéressant (au sens propre), après on a droit à Christine Eda-Pierre chantant suspendue à une poulie en costume d'Ange ! Pénible, alors moi le fou d'Opéra, j'ai pour la première fois de ma vie, quitté ce cirque, j'ai sans doute été le premier à le faire, quelques-uns  (oh, pas tellement, on est à Paris et tout le monde se regarde) qui n'attendaient que cela m'ont emboîté le pas, un mal luné nous a crié "chut", alors que nous ne faisions pas de bruit... et j'ai emmené ma charmante collègue jouer une toute autre musique .
A noter que la reprise de 2004 à Bastille a été un joli flop et la critique bien embarrassée... quand on lit des choses comme :  "S'il ne s'agit pas à proprement parler d'une très grande œuvre..." de la part de gens qui d'habitude n'ont pas ce genre de réserve, c'est que quelque chose ne va pas !

En fait ce que n'ont jamais voulu voir nos musicologues traditionnels , c'est que l'opéra populaire, celui qui faisait les succès de Mozart, de Verdi, de Puccini, s'est perpétué, mais loin des côtes européennes. Pendant que Debussy et Schoenberg nous endormaient, Scott Joplin créait Trimonisha en 1911 (mais joué seulement en 1972), puis il eut Porgy and Bess (1935, Georges Gershwin), Show boat, (1936, Jérome Kern), Candide, et West Side Story (1956 et 1957, Léonard Bernstein) et puis tout un tas de créations de Cole Porter, Richard Rodgers…

Le rock s'est ensuite invité dans l'Opéra, ça nous a donné pas mal de niaiseries, mais néanmoins quelques perles : Tommy (1969, the Who), Evita, (1976, Andrew Lloyd Webber) The Wall (1979, Roger Waters et les Pink Floyd), Cats (1981, Andrew Lloyd Webber), The Phantom of the Opera (1986, Andrew Lloyd Webber)



Rares sont les créations de la seconde moitié de du XXème siècle qui ont perduré. Tout ou presque était du même tonneau, celui de l'ennui, aujourd'hui en ce début de XXIème siècle on recommence a entendre des choses intéressantes ! Encore quelques années et l'opéra va peut-être enfin renaître de ses cendres.