Le MOMOSITE vous présente  : 

Notes de lecture

Page mise à jour le 09/03/2024

Justine, ou les malheurs de la vertu
Il y a tellement mieux à lire !

Un roman du Marquis de Sade (1791). Une multitude d'ouvrages a été consacrée à ce personnage, à sa vie et son œuvre. Et ce n'est pas en quelques lignes jetée sur le papier que j'aurais la prétention de conclure le débat autour de cet auteur bourré de contradictions. J'aurais d'ailleurs choisi de l'ignorer superbement s'il ne continuait pas à être cité, vénéré, adulé à tout bout de champ et souvent hors de propos. Je me contenterai de souligner quelques points :
1) Les pratiques décrites dans ses ouvrages (et parfois mises en œuvre dans sa vie privée) s'apparentent au sadisme pur et simple, c'est-à-dire au plaisir de voir sa victime souffrir gratuitement (et de façon non consentante, est-il besoin de le préciser ?)
2) La lecture de Justine, son œuvre phare, n'est qu'une accumulation de viols, de tortures et de meurtres, tous plus atroces les uns que les autres. Ces descriptions donnent la nausée !
3) Les adeptes du sado-masochisme qui se référant à Sade, soit se trompent d'adresse, soit censurent dans leurs actes leurs côtés purement sadiques, tout en se délectant de leurs lectures.
Nous passerons sur ceux qui n'ont à la bouche que l'expression "divin marquis", ne retenant du personnage que son anticonformisme et sa liberté de ton !
4) Il est amusant de se demander qu'elle fût la motivation de Sade en écrivant Justine. Si certains sont persuadés que c'était pour faire de la philosophie, il n'est pas interdit de penser qu'il écrivait ça juste pour s'exciter et se masturber.
5) Il est faux de croire qu'il existe un consensus critique sur son œuvre, et si l'opinion de ceux se situant dans la réaction de la pensée ne m'intéressent pas, il faut par contre savoir que des gens comme Simone de Beauvoir, Raymond Queneau ou Elisabeth Badinter ont condamné sévèrement le personnage et ont été pour certains jusqu'à assimiler les pratiques décrites à du nazisme pur.
6) Que Roland Barthes puisse dire que Sade est l'un des plus grands écrivains français, nous parait pratiquer de l'exagération provocatrice, mais même si cela était vrai, le fond n'en serait pas gommé.

Manuel d'érotologie classique
Le charme des mots étranges

Un ouvrage de F.K. Forberg (1770-1848). publié en latin en 1824 sous le titre "De Figuris Veneris". Ce livre fut celui de mes premiers émois, je croyais découvrir toute une terminologie inconnue, en fait Forberg ne parle pas comme tout le monde  Il est question de mentule, de futution, de pédication, d'irrumation et tenez-vous bien de postures spintriennes ! Mais en lisant et à moins d'être idiot, on comprend évidemment ce qui se cache derrière ces barbarismes. C'est extrêmement documenté, Forberg faisant appel à des textes grecs ou latin et ce n'est jamais triste. Il termine son ouvrage en imaginant 90 postures érotiques, mieux que le kamasoutra !

A la feuille de rose, Maison turque
spectacle de Guy de Maupassant

 

Cette œuvre libertine fut jouée en privé pour la première fois le 19 avril 1875 quai Voltaire (Paris 7ème) dans l'atelier de peintre Maurice Leloir, puis reprise le 31 mai 1877 dans l'atelier du peintre Georges Becker, 26 rue de Fleurus (Paris 6ème, à l'ouest du Jardin du Luxembourg). Le carton d'invitation (rédigé sur du papier à entête du ministère de la Marine) précisait "Nous allons, quelques amis et moi, jouer une pièce absolument lubrique… Inutile de dire que cette œuvre est de nous." Dans la salle il y avait le père de Maupassant, Emile Zola, Ivan Tourgueniev (qui anima les répétions), J.K. Huysmans ("Soirée hénaurme" notera-t-il), Edmond Goncourt (qui joua les dégoûtés dans son journal et parla de "salauderie") et aussi Gustave Flaubert qui était dans la confidence et qui fut enthousiaste, (il chuchota à l'oreille de Victor Hugo : "Non de Dieu, que c'est rafraichissant") ainsi que quelques femmes dont la chanteuse Suzanne Lagier (qui partit avant la fin) la princesse Mathilde et la célèbre demi-mondaine Valtesse de la Bigne ainsi que d'autres, masquées. Les rôles féminins était jouées par des acteurs travestis dont Maupassant lui-même (dans le rôle de Raphaëlle), et le rôle de Monsieur Baeuflanquet était tenu par Octave Mirbeau. La pièce ne fut jamais publiée du vivant de Maupassant et il fallut attendre 1945 pour qu'elle le fut (de façon confidentielle) On peut aujourd'hui en lire l'intégralité sur Internet et on s'en régale ! la_Feuille_de_rose,_maison_turque

La guerre du feu
Un roman qui a bercé mon enfance !

Un livre de J.-H. Rosny aîné (1911) Je l'ai lu en roman quand j'avais 8 ans il était aussi paru en bd dans le journal de Mickey à la même époque (mais peut-être que je confonds avec "le félin géant"). Ça m'a toujours fait rêver et puis cette scène de fraternité avec les mammouths, j'en avais les larmes aux yeux. Rosny est vraiment très à l'aise dans ce genre de littérature. (il s'est aussi essayé à la science fiction ce fut une catastrophe)

La vie de garçon
7 femmes

Un livre de Jean Galtier-Boissière (1930) Les tumultueuses aventures amoureuses du jeune Jean Galtier-Boissière avec Olga, Aurore, Manon, Jeannine, Evelyn, Alberte et Geneviève. Pourquoi cette petite perle n'a jamais été rééditée ? Mais on la trouve en occase ou chez les bouquinistes. Faut dire qu'il ne s'emmerde pas le garçon, il nous raconte avec un plaisir rabelaisien ses douces et cocasses rencontres avec sept dames, femmes du monde, artistes ou prostituées, tout cela est raconté avec une décontraction de bon aloi qui en rend la lecture joyeuse, et en plus c'est très bien écrit dans un style très léger et le propos est intelligent.

Voyage au bout de la nuit
Quelque chose m'aurait échappé ?

Un livre de Louis-Ferdinand Céline (1933). Je ne l'avais jamais lu, allez donc savoir pourquoi, donc ça manquais à ma culture d'autant que combien de fois autour d'une table où des gens que je n'avais vu se mettant à parler littérature, affirmait avec une solennité péremptoire que décidément ce livre était leur préféré. Alors j'achète et je lis. Au début on est ébloui par ce style utilisant le langage, parlé, le vrai celui que l'on parle tous les jours, avec du français académique et son imparfait du subjonctif obligé. Ce qui est fabuleux c'est que cette écriture parvient à fonctionner parfaitement. On regrettera néanmoins la typographie où les dialogues ne sont même pas séparés du texte par un retour chariot ! On ne lui a jamais dit à Céline qu'un texte ça s'aère ? Non mais dés fois ! Maintenant le fond, pendant cent pages nous suivons les pérégrinations de Bardamu, un point de vue désabusé sur la chose militaire et la société que l'on peut trouver intéressant, le problème c'est que plus ça avance plus ça se délaye, ça se répété, ça fait du surplace, et moins je n'y ai trouvé d'intérêt et arrivé page 130, il m'en restait 470 à lire, je n'ai pas eu ce courage

Kallocaïne
Orwell a fait tellement mieux

Un roman de SF Suédois de Karin Boyle (1940). Une dystopie pessimiste dans la même esprit que le meilleur des mondes d’Aldous Huxley ou du 1984 d’Orwell. Celui-ci est moins connu et dans un genre où l’on à tendance à ne retenir le fond et à négliger la forme, il apparaît que cet ouvrage pêche dans ce qui est essentiel dans un récit, la structure, ici tout n’est que bloc, les phases essentielles du récit étant noyées au milieu d’interminables soliloques et ne bénéficiant pas d’un traitement propre à accrocher le lecteur (ou si peu). On finit par s’ennuyer à cette lecture. Reste le fond, mais Orwell a fait tellement mieux.,, Ps : il est toutefois possible que l’impression d’ennui que j’ai ressenti à cette lecture puisse résulter d’une traduction peu inspirée (j’ai lu la version traduite par Léo Dhayer en 2016)

Le monde des A
Un succès basé sur un malentendu

Un roman de A. E. Van Vogt (1945)  traduit par Boris Vian, ce qui a fait de suite crier au chef d'œuvre. Or Vian ne l'a pas traduit par amour de l'histoire mais parce qu'il avait besoin de sous ! De plus en 1953 à la parution française du bouquin la SF en France était balbutiante, d'un côté le Fleuve noir, où le seul auteur digne de ce nom était l'encore inconnu Stephan Wul, et de l'autre quelques américains, Asimov, Simac, Bradbury encore peu connus. Le bouquin de Van Vogt a été écrit en feuilleton dans Astounding SF. L'inconvénient du feuilleton, c'est que si vous écrivez des bêtises, vous ne pouvez pas revenir en arrière et vous êtes obligé de tordre l'histoire pour rester cohérent, tout le monde ne s'appelle pas Victor Hugo. On a donc un bouquin confus ou il se passe toujours quelque chose, mais avec un héros inintéressant et où la cohérence est toujours artificielle. C'est plein d'idées mais ce n'est pas de la bonne écriture, c'est d'ailleurs l'un des problèmes de la science-fiction, dont une partie du lectorat préfèrent les idées à la façon de les mettre sur le papier. Ce n'est même pas le meilleur Van Vogt, lisez donc le livre de Ptath, c'est mieux !

Histoire d'O
Une conception morgue du sadomasochisme

Un roman de Pauline Reage (1954). Je n'ai rien, bien au contraire contre les ouvrages érotico porno. et en ce qui concerne le style, c'est plutôt bien écrit, même si ce n'est pas du Flaubert. Ces deux préalables étant posés, il me faut parler du fond. Il existe deux conceptions des rapports sadomasochistes. le premier est ludique, c'est un jeu érotique comme un autre, un jeu qui lorsqu'il est terminé, on range les jouets et on passe à autre chose. La seconde conception, c'est l'esclavage permanent, une situation complètement déphasée où l'on va jusqu'à faire signer des contrats d'obéissance et d'appartenance. C'est cette conception qui est illustrée dans le roman, c'est cette conception qui me rebute. Qu'on me comprenne bien, chacun prend son plaisir comme il veut, mais il y a un moment où selon moi il faut revenir à la réalité. De plus ce roman a contribué à donner une réputation morgue et triste du SM. Où est l'humour là-dedans, la fantaisie, la joie de vivre ? Le sexe doit reste un fête, bordel !

Une certaine souris
Même en mode "nostalgie", ça ne fonctionne pas !

Un livre de Anne de Bollène (1957) Nous sommes en 1957. Ecrire de la littérature osée voire légère en ces années-là était une gageure, la censure sous les yeux bienveillants de l'église catholique et du puissant parti communiste s'avérant aussi impitoyable que stupide à ce point qu'il était interdit d'écrire certains mots ! Ainsi on imposa à Sartre de changer le titre de sa pièce "la putain respectueuse" en la "P… respectueuse". Alors les récits se voulant coquins œuvraient par périphrases, par allusions, par suggestions, par ellipses. En 1962 grâce à l'opiniâtreté de Maître Maurice Garçon on put enfin appeler un chat un chat. Mais ce roman-ci date de 1957, il nous conte les aventures d'un groupe de gens sur un yacht, qui se croisent, se décroisent, se séduisent, se rencontrent, se quittent, se réconcilient, mais ça ne parvient pas à passionner, même en sautant des pages, même en le essayant de lire avec l'œil de la nostalgie..

P
Il fallait faire plus court, jeune homme !

Un roman de Maurice Ellabrt (1963). Tout le bouquin n'est que la description de l'enquête vue du point de vue des policiers. Les 100 premières pages sont assez fabuleuses et le récit nous scotche littéralement dans notre fauteuil. Arrivé à la moitié ça commence à déconner sévère, l'enquête avance à partir d'indices improbables, on se noie dans des digressions assez tortueuses, mais on voudrait savoir qui est l'assassin alors on continue, on nous le dit presque, on espère une fausse piste, et tout cela finit de façon abracadabrante à ce point qu'on y croit plus. Il fallait faire plus court, jeune homme !

Une perle rare !

Un roman de Frederic Dard (1972) Acheté par hasard parce que j'avais une heure à perdre, j'ai commencé ce bouquin pour ne plus le lâcher ! Il ne se passe pas grand chose, seulement trois personnages,mais on a tout de suite envie de savoir comment leur rapport vont évoluer... et on est pas déçu. Dard a un sens aigu de la narration, et un style d'une efficacité foudroyante, c'est limpide, c'est bien écrit, Et puis ce plongeon dans la France rurale des années 1960, on s'y croirait.un vrai petit bijou !

Bleu sang
Immersion dans le Chartres médiéval

Un roman de Viviane Moore (1997)  Ce polar médiéval passionnant qui se lit d'une traite, fait partie de la saga de Galéran de Lesneven, le cadre est la ville de Chartres au moment de la construction de la cathédrale. L'immersion dans l'époque est surprenante, Viviane Moore s'étant remarquablement documentée, j'ai d'ailleurs après la lecture du livre été trainer mes guêtres dans le vieux Chartres où j'ai retrouvé les veilles rues dont il est question. L'un des personnages (Mahaut) est une prostituée et l'auteur la dépeint avec une jubilation et une humanité qui surprend agréablement. Citons le dernier paragraphe :  "Le bien se révèle souvent dans des endroits les plus inattendus, chevalier... Et comme notre Seigneur l'a dit, cette gentille catin et toutes ses sœurs entreront avant nous dans le royaume des cieux !" Une lecture jubilatoire.

La forêt des mânes
Ça part dans tous les sens

Un roman de Jean Christophe Grange (2009). Que de confusion ! Ça part dans tous les sens, ça ouvre des arcs narratifs qu’on abandonne sans raison, ça raconte des personnages capables de citer des passages de Nietzsche ou de Rimbaud par cœur . L’auteur a un avis sur tout, l’expressionnisme  allemand, les actrices porno, la, sculpture grecque antique et j’en passe (c’est le roi de la digression) et pendant ce temps-là l’enquête policière n’arrive pas à nous passionner.

Dictionnaire des mots du sexe
Un ouvrage de référence

Un ouvrage de Agné Pierron, (2010) Un véritable pavé, 900 pages, 2500 définitions, 5000 expressions. Ce bouquin est d'une richesse incroyable, ça ne se lit pas, ça se feuillète et quand on le nez dedans on y reste des heures entières. Véritablement un ouvrage de références d'une érudition et d'une richesse incroyable pour tous ceux pour lequel le sexe n'est pas tabou.


Un grand auteur est né

Un roman de Joel Dicker (2012). J'avais acheté ça par hasard pour lire dans le train, je ne suis pas arrivé à m'en détacher tellement j'ai été scotché. Savoir passionner le lecteur est un don, l'auteur le possède, on sent derrière tout le travail, rien de bâclé, tout est relu, pesé, rien n'est laissé au hasard.
Alors évidemment quand arrive la fin, on en aurait sans doute souhaité une autre, mais cela n'a rien à voir ave le livre, c'est le "syndrome de le fin du livre", ce syndrome qui ne nous touche que quand le livre est bon. Je relirais ce livre, j’achèterais ses autres ouvrages. Un grand auteur est né et tant pis pour les esprits chagrins


A lire aussi : Bernard Werber et ses petites fourmis / Les ouvrages de SF de la collection Ditis illustrés par Giovanni Benvenuti

excellent
Très bon
assez bon, pas si mal
bof...
mauvais
nul


)