Le MOMOSITE vous présente

Notes d'Opéras
(et oratorios, comédies musicales, opérettes

Page mise à jour le 16/06/2024

 

L'enlèvement au sérail

Un opéra de Wolfgang Amadeus Mozart (1782). Retransmis en 2002 à Florence. Le livret est simpliste, mais véhicule des valeurs de clémence et de renoncement à la vengeance, égrainé de passages comiques avec la présence du personnage d'Osmin incarné ici par la basse Kurt Rydl. La musique est fabuleuse, puisqu'il s'agit là d'un des cinq grands opéras de Mozart, L'interprétation masculine est correcte, mais ce sont ces dames qui ont la part belle avec Eva Mei, prodigieuse dans le rôle de Constance, mais qui se fait piquer la vedette par la belle rousse Patrizia Ciofi dans le rôle de Blonde laquelle nous fait un numéro époustouflant à ce point qu'on la dirait montée sur piles. Les décors son sobres et suffisant, la mise en scène se garde bien de trahir l'œuvre et les costumes sont jolis. Quant à la direction d'orchestre, c'est Zubin Mehta. Que du bonheur !

Les noces de Figaro

Un Opéra de Mozart crée en 1786, représenté ici en 1993 dans une production du Théâtre du Chatelet. Des grands opéra de Mozart, Les Noces de Figaro est sans doute le moins bon, il n'a pas la folie de "L'enlèvement au sérail" ni la légèreté libertine de "Cosi fan tutte", ni le souffre de "Don Giovanni", ni la féérie de "La flute enchantée". La musique de Mozart reste brillante, mais c'est au niveau du livret de Del Ponte que ça cafouille à un point que parfois on ne sait plus où on est. Notons donc l'opéra à 8/10. Maintenant l'adaptation, Déjà on va mettre un zéro pointé au décorateur, c'est vraiment une honte et une insulte à la mémoire de Mozart que de jouer cette œuvre dans un décor minimaliste composé de planches, de murs vides et de portes ! L'interprétation est globalement passable au sens propre du terme, la seule s'impliquant totalement dans l'œuvre est Alison Hagley, dans le rôle de Suzanne, talentueuse et charmeuse qui aurait sans doute pu faire une grande carrière si elle n'avait pas ensuite été s'égarer chez Boulez. Les rôles secondaires de Cherubin et de Barbarine ne sont pas si mal, mais c'est au niveau du jeu du Comte et de Figaro que ça ne va pas du tout, ces deux là (surtout Figaro, d'ailleurs) n'ont absolument pas le physique de leur rôle. Quant à la mémère qui nous joue Marceline, heureusement que le ridicule ne tue pas… L'orchestre sonne bien, mais sans plus et John Eliot Gardiner tient à préciser que tout cela est joué sur instruments d'époque, comme si cela constituait une valeur ajoutée ? Donc 8/10 pour l'opéra, 4/10 pour l'adaptation ce qui nous fait 6/10. Une production qui ne méritait aucunement une sortie DVD.

Le Requiem de Mozart

Composé en 1791 et dirigé ici sous la direction de Léonard Bernstein dans une église de Bavière. Un petit bémol, cette œuvre magistrale nous est présentée sans applaudissements, sans rappels et sans salut au public, accentuant le côté religieux et mystique de l'œuvre, je ne suis pas sûr que Mozart aurait apprécié cette privauté. Mais passons ce n'est pas le plus important, Même si l'œuvre a été terminé par les proches de Mozart, c'est bien du Mozart et c'est l'un de ses chefs d'œuvre absolu. L'interprétation "habitée" de Bernstein est remarquable, le quatuor vocal, les chœurs et l'orchestre, tout contribuent au plaisir de cette musique dont on ne voit vraiment pas pourquoi on la prendrait au premier degré.

Tancredi

Un opéra de Gioacchino Rossini (1813) Retransmis en 1992 à Stuttgart. Plusieurs choses peuvent gêner, déjà le livret n'est pas d'une clarté limpide, pourquoi Trancrede est-il banni ? La confusion quand au message écrit par Aménaïde n'est pas claire. On peut aussi déplorer certaines longueurs, notamment cette interminable fin. Et puis je ne vois pas bien l'intérêt d'avoir confié le rôle de Trancrede à une femme, d'autant que dans la présente version, je ne voudrais vexer personne, et m'en voudrais de contester son talent, mais l'interprète fait un peu camionneuse. Ces remarques étant évacués, c'est quand même du Rossini, une musique brillante et dynamique qui fait plaisir a entendre. On a de jolis costumes surtout pour ses dames, on est parfois peu loin de la transparence. La distribution est dominée par la jolie Maria Bayo (Aménaïde) , elle est dotée d'une jolie voix de rossignol et maîtrise parfaitement son personnage, mais aussi par le ténor argentin Raul Gimenez (Argirio) qui nous fait une prestation extraordinaire. Un bon opéra même si on a le droit de préférer Rossini dans un registre moins mélodramatique.

Le barbier de Séville

Un opéra de Gioacchino Rossini (1816) Retransmis en 1988 à Stuttgart. J'en ai vu des versions du Barbier de Séville y compris des meilleures comme celle montée à l'Opéra-Comique en 2006 par Jerome Savary. Celle-ci est loin de démériter, déjà il y a la présence magique de la belle et talentueuse Cecilia Bartoli dans le rôle de Rosine. Elle illumine la distribution mais ne la domine pas, tous les rôles étant assurés brillamment par l'ensemble des chanteurs. Gino Quilico nous campant un excellent Figaro et David Kuebler un Almaviva plein de fantaisie, mention spéciale à Robert Llyod en Basile pour son interprétation magistrale de l'air de la calomnie. La mise en scène est correcte comportant comme il se doit son brin de folie. Et puis la musque de Rossini… quand même !

La donna del lago

Un Opéra de Gioacchino Rossini (1819.) La musique est fabuleuse, géniale, dynamique ! Vu dans une retransmission de 1992 à la Scala conduite par Riccardo Mutti.  l'interprétation est parfaite avec en vedette la grande June Anderson, toujours impériale, mais sans doute éclipsé par Martine Dupoy qui dans un rôle travesti nous livre une prestation extraordinaire. Il faudrait aussi parler de l'étonnant Rockwell Blake, en fait il faudrait citer tout le monde, ils sont tous bons. Rendons grâce au metteur en scène d'être resté fidèle à l'œuvre sans aller chercher à la contemporanéiser n'importe comment. (ici on aurait presque l'effet contraire avec une mise scène presque trop sage) Le seul défaut de la retransmission (eh oui, il y en a un et de taille) c'est l'éclairage, tout est censé se passer dans une espèce de caverne qui manque singulièrement de lumière. Ils avaient des projecteurs en panne à la Scala ?

L'élixir d'amour

Un Opéra de Gaetano Donizetti (1832) Ici dans une retransmission du MET en 1991. Qualifié bizarrement de mélodrame ludique, il s'agit en fait d'une farce, un amoureux transis se faisant gruger par un bonimenteur ambulant, mais tout se terminera bien. On atteint ici la perfection, pas une seule faute, une interprétation magistrale de Luciano Pavarotti dans le rôle de Némorino, avec une merveilleuse Kathleen Battle qui lui donne la réplique. Les seconds rôles ne sont pas en reste avec un cocasse Juan Pons en militaire d'opérette et surtout Enzo Dara dans le rôle du bonimenteur qui nous fait une démonstration de son talent et de sa diction particulière dans la délirante scène du boniment. Jolis costume, bonne ambiance, que du bonheur !

La fille du régiment

Un Opéra-comique de Gaetano Donizetti (1840) Ici dans une retransmission du Royal Opéra House en 2007. On laissera les diptèrophiles disserter gravement afin de savoir si l'œuvre est militariste et si sa retransmission est antimilitariste. Pour la part je m'en fous complètement, ce qui compte c'est que le spectacle est assuré avec une mise en scène plutôt décalée et très inventive. La distribution est dominée de la tête et des pieds par une Natalie Dessay qui s'en donne à cœur joue et qui ajoute à ses talents de chanteuse, ceux de comédienne et de fantaisiste. Juan Diego Florez nous fait aussi une belle prestation vocale, mais personne ne démérite, la fantaisie et le délire étant omniprésents. La mise ne scène introduit une dose de contemporanéité sans pour cela trahir l'œuvre et en restant mesuré et efficace. Il n'est pas impossible de penser que cette œuvre ait pu influencer Jacques Offenbach dans ses opérettes militaires (La grande duchesse de Gerolstein ou la fille du tambour major). Deux heures de pur plaisir.

Le trouvère

Un opéra de Verdi composé en 1853 et capté ici en 1988 dans une production du Métropolitan de New-York. Eh bien, moi l'amateur fou d'Opera, j'avoue m'être ennuyé devant ce spectacle que j'ai fini par regarder d'un œil distrait. A cela deux explications, la première est la médiocrité du livret, on a beau raconter ce qu'on veut, tout cela est confus (pour ne pas dire brouillon) au possible, les passions sont exacerbées diront d'aucuns, non elle ne sont pas exacerbées elle sont exagérées, ce qui n'est pas la même chose. Maintenant parlons de l'interprétation, Sherrill Milnes est impeccable faisant même la pige à Pavarotti (non pas que celui-soit mauvais, son art vocal est fabuleux, mais il est désespérément statique. Eva Marton sait nous enchanter de sa voix merveilleuse. Reste Dolora Zajick, je ne me permettrais pas de mettre en cause ses capacités de chanteuse et de comédienne, mais côté glamour, ce n'est vraiment pas ça. Je ne reverrais donc pas cette version. mais heureusement il reste la musique !

La Traviata

Un opéra de Guiseppe Verdi composé en 1853 retransmis ici en 1994 à Coven Garden. On a le droit de considérer comme une faiblesse la requête du père d'Alfredo. Alexandre Dumas fils, auteur de l'œuvre originale, la dame aux camélias aurait pu trouver plus subtil. De même, on peut s'étonner que Violetta cède à ses exigences au lieu de le foutre à la porte. Mais alors il n'y aurait pas eu le drame et surtout la démonstration que la société bourgeoise n'admet la prostitution (parce que c'est bien de cela qu'il s'agit) que lorsqu'elle reste à sa place. Verdi était bien placé pour illustrer le sujet, puisqu'il vivait lui-même en amour libre avec une ancienne courtisane. La représentation de 1994 est classique mais efficace, brillante dans les scènes festives, touchante dans les scène intimistes, Georg Solti à la baguette est impérial, la distribution est dominée par une Angela Gheorghiu sublime et rayonnante de talent et de beauté malgré une gestuelle que l'on pourrait trouver parfois mécanique. Et si Frank Lopardo nous compose un bon Alfredo, que dire de la performance de Leo Nucci, qui tout en retenue et sans forcer son immense talent joue le rôle difficile et ingrat du père de Germont. Une superbe Traviata. !

Orphée aux enfers

Un opéra-bouffe de Jacques Offenbach (1858) ici dans une retransmission de l'Opéra de Lyon en 1997. C'est une des chefs d'œuvre de Jacques Offenbach et l'œuvre mérite empilement un 10/10. Maintenant il faut parler de l'adaptation, elle n'est pas mauvaise et se regarde avec plaisir, mais on peut emmètre pas mal de réserve, non fondamentales, mais réserves quand même. D'abord cette manie de contemporanéiser, ne serait-ce que partiellement la pièce devient agaçante. Eurydice qui regarde la télé et qui lit Paris-Match ce n'est pas scandaleux, c'est juste débile. Maintenant l'interprétation, Nous avons une distribution féminine quasiment parfaite dans laquelle domine Natalie Dessay qui nous fait une performance époustouflante, Nous avons une bonne Martine Olmeda en "Opinion publique"  et une cohorte de jolies déesses blondes en tenues légères et affriolantes constituant la cour de l'Olympe, on remarqua au passage la belle albanaise Alketa Cela dans le rôle de Minerve (c'est elle qui a les cheveux raides) Côté masculin, c'est moins bien, ni Pluton, ni Oprhée, ni John Styx malgré son rôle en or ne sont vraiment convaincant. Seul Laurent Naouri (Jupiter) parvient à s'en sortir. La mise en scène est assez inégale et donne au début l'impression de se chercher. Il y a quand même deux scènes absolument fabuleuses qui rattrapent presque le tout : Celle de l'Olympe d'une fantaisie et d'un érotisme discret, franchement très belle, très inventive et puis le duo de la mouche dans lequel Dessay et Naouri s'éclatent dans une gestuelle assez osée. Bien sûr on attend le cancan final, il n'est pas mal mais on en a vu des mieux d'autant que les danseuses de cancan on les attend encore. Œuvre originale : 5 – Adaptation 4 en étant gentil, ce qui nous fait 4,5

Barbe Bleue

Une opérette de Jacques Offenbach (1866) ici dans une réalisation de la télévision est-allemande en 1973, remastérisé pour sa ressortie en vidéo en 2009. L'opérette elle-même est un petit bijou, le personnage de Boulotte étant un modèle d'impertinence défiant les convenances et l'hypocrisie ambiante. il est magnifiquement interprété ici par Anny Schlemm. Le personnage de Barbe bleue, est joué par l'impressionnant et excellent ténor Hanns Nocker La distribution est dans son ensemble excellente, la musique magique, les costumes impeccable, la mise en scène inventive, quand à l'histoire, Meilhac et Halevy les librettistes après nous avoir amusé dans cette histoire farfelue saupoudrée d'humour macabre, ils terminent par une des plus belles queues de poisson de l'histoire de l'art lyrique, le n'importe quoi l'emportant sur la logique et tant pis pour la morale ! A redécouvrir et à déguster.

La Grande-Duchesse de Gérolstein  

Un opéra-bouffe de Jacques Offenbach (1867) ici dans une retransmission du Théâtre du Chatelet en 2004. L'un des chefs d'œuvres de Jacques Offenbach (il y en a pas mal !), La mise en scène de Laurent Pelly respecte parfaitement l'esprit de l'œuvre originale et est d'une inventivité qui donne le tournis. Si la pièce est passionnante dans son ensemble, c'est le premier acte qui culmine. On a un peu peur quand on voit arriver Sandrine Piau dans le rôle de Wanda mais elle s'en sort très bien. Chez les hommes, la distribution est assez inégale, tout le monde ne pouvant pas être au même niveau et si j'ai trouvé le soldat Fritz en peu fade et le baron Puck transparent, nous avons droit a un général Boum (François Le Roux) très volontariste et à un Prince Paul (Eric Huchet) absolument surprenant. Et bien sûr il faut parler de Felicity Lott qui nous joue la grande duchesse, c'est un plaisir de voir cette femme de 67 ans user d'une telle énergie et jouer avec une telle fantaisie communicative, elle est fabuleuse. La musique est de Marc Minkowsky. Une représentation qui honore le génie de Jacques Offenbach !

Don Carlo

Un opéra de Guiseppe Verdi crée en 1867 mais remanié plusieurs fois par la suite. Ici c'est une version enregistrée en 1992 à la Scala, avec Lucciano Pavarotti et Samuel Ramey. Il fallait me le dire qu'il fallait lire le livret avant de regarder le spectacle, mais je n'avais pas le livret et le moins qu'on puisse dire c'est que niveau confusion on est servi, je ne sais pas si ça vient du livret initial, de ce qu'en a fait Verdi, de la mise en scène ou du sous-titrage, mais  Marguerite et Carlo se nomment respectivement Maman et fils, alors qu'en fait il n'ont aucun lien de parenté, ce qui fait que je me suis demandé si le sujet de l'Opera n'était pas l'inceste ! Philippe II et Rodrigue s'engueulent comme des chiffonniers mais en conclusion le roi en fait son favori ? Plus loin, on répudie la reine, mais la reine n'est pas la même (?) On a du mal à comprendre l'évolution des rapports entre Carlo et Rodrigo. Quant au final il est clair comme de l'eau de boudin. Pour le reste, l'opéra est un enchantement musical et vocal, Ramey faisant presque la pige à Pavarotti qui pourtant ne démérite pas. A noter l'excellente prestation de Daniella Dessi en Marguerite de Valois et celle de Paolo Coni en Rodrigo. On peut aussi citer celle d'Alexander Anisimov en grand inquisiteur, il fait peur ce mec ! Côté mise en scène, c'est du Zeffirelli, on est dans la surcharge à l'instar du final du 2ème acte.

Aïda

Un opéra de Guiseppe Verdi (1871) Ici dans une production de la Scala de Milan en 1985. L'opéra lui-même est l'un des chef-d'œuvre de Verdi et un chef-d'œuvre tout court de la musique lyrique. Cette production n'a pas lésiné sur les moyens, j'ai rarement vue autant de figurants sur une scène, il y a même quelques jolies esclaves aux seins nues ! On peut éventuellement regretter l'aspect grosse machine de la mise en scène avec des statues géantes en stuc montées sur roulette et tirées par des cordes, ainsi qu'un interlude assez fadasse ! L'interprétation est un sans faute absolu, avec un Luciano Pavarotti impérial, une Maria Chiara complètement habitée par le rôle et qui nous enchante de sa beauté et son talent, et puis il y a la soprano bulgaro-italienne Ghena Dimitrova qui nous scotche dans notre fauteuil en interprétant le rôle d'Amneris. Juan Pons et Nicolai Ghiaurov complètent cette distribution exceptionnelle. Et à la baguette c'est Lorin Maazel. Magistral

Aïda

Un opéra de Guiseppe Verdi (1871) Ici dans une production de la Scala de Milan en 2006. L'opéra lui-même est l'un des chef-d'œuvre de Verdi et un chef-d'œuvre tout court de la musique lyrique. Cette production tout en étant d'un bon niveau ne peut faire oublier la version mythique de 1985 (Pavarotti/Chiara/Dimitrova). La mise en scène de Zeffirelli n'est pas toujours convaincante, c'est une bonne idée de remplacer les interludes par de la chorégraphe mais si c'est pour nous imposer un danseur étoile genre kéké de la plage, ce n'était pas la peine, idem pour la grande prêtresse anorexique ,et puis il n'ait qu'à regarder comment Zeffirelli traite le début du 2ème acte et le comparer avec la version de 1986, il n'y a vraiment pas photo. Côté chanteurs Roberto Alagna se débrouille fort bien même s'il ne peut faire oublier Pavarotti, Coté féminin, Violeta Urmana qui joue le rôle-titre est complètement dépassée, vocalement, dramatiquement et physiquement par la belle hongroise Ildiko Komlosi qui interprète Amneris. On va dire 5/5 pour Verdi, 3/5 pour la production en étant gentil, ce qui nous fera une moyenne de 4/5

La veuve joyeuse

Une opérette de Franz Lehar crée en 1874, présenté ici dans une adaptation de 2008 à l'Opéra de Lyon. Le twist final qui arrive comme un cheveu sur la soupe ne trompe personne, cette opérette est un joyeux plaidoyer pour le libertinage et la frivolité, le tout agrémenté de morceaux inoubliables. L'adaptation est ici plus que correcte, coloré, et dynamique, Véronique Gens crevant l'écran de son talent et de sa fantaisie, mais il serait injuste d'oublier le double rôle joué avec enthousiasme par Magali Leger. Côté masculin François Le Roux est toujours impeccable. Un petit bémol pour le rôle de Danilo que j'ai trouvé un peu empêtré, Quant à Robert Horn, il est hélas ridicule, Malgré ces deux petites réserves le bilan est largement positif..

Le docteur Ox

Une opérette de Jacques Offenbach (1877) d'après Jules Verne, ici dans une adaptation de la campagne "Les Brigands" en 2003 au Théâtre de l'Athénée à Paris. Bien sûr on aurait préféré plus de monde et un orchestre un peu plus fourni… mais ne nous plaignons pas, cette opérette n'avait jamais été reprise depuis sa création, et elle vaut largement le coup. La troupe s'en donne a cœur joie dans une bonne humeur communicative,  côté interprète on notera l'excellence de la distribution féminine avec notamment Emmanuelle Goizé dans le rôle de Mademoiselle Ygène et Aurelia Legay  dans celui de la princesse Prescovia. Chez les messieurs, Christophe Crapez nous campe un excellent Docteur Ox, c'est très inventif, la musique pétille, c'est de l'Offenbach, quoi !

La Bohême

Un Opéra de Giacomo Puccini (1896). ici dans une retransmission de 1988 au San Francisco Opéra. En lisant le livret on ne peut faire autrement que d'en déplorer l'absurdité, après deux premiers actes joyeusement farfelus, surtout le second, nous avons au troisième une rupture totale de ton et nous plongeons dans le mélo après une ellipse peu évidente. Mais le génie de Puccini transcende tout ça et en fait un chef d'œuvre grâce à une musique sublime . Dans la présente version la distribution est un véritable sans faute, Luciano Pavarotti nous démontre que sa réputation de ténor exceptionnel n'a rien d'usurpée et nous enchante. Mirella Fremi qui nous joue Mimi est également au top. Les seconds rôles ne démérite pas à l'image de Sandra Pacetti dans le rôle de Musette, courtisane au grand cœur un peu déjantée, ou Gino Quilico dans celui de Marcel. Un grand moment.

Madame  Butterfly

Un Opéra de Giacomo Puccini (1904) ici dans une retransmission de 1983 aux Arènes de Vérone. Tout simplement un chef d'œuvre, la musique de Puccini est magnifique, les décors et la mise en scène remplissent leurs fonctions (on est loin des incongruités d'Olivier Pi). Quant à l'interprétation, si elle est globalement très correcte, elle est dominée de la tête et des pieds par la quasi inconnu italo-bulgare Raina Kabaivanska qui nous délivre une prestation extraordinaire à ce point qu'elle parait habitée par le rôle, et puis quelle voix !

Le chevalier à la rose

Un opéra de Richard Strauss (1911). Ici dans une production du royal opéra house en 1985. Une œuvre au style très particulier mais dont la musique, la poésie et le délire nous enchantent pendant plus de trois heures. Cette production de 1985 au Royal Opera House de Londres réuni un quatuor vocal de très haut niveau. Kiri Te Kanawa dans le rôle de la maréchal nous enchante de sa beauté et de son talent, mais la surprise est Anne Howelles dans le rôle d'Octavian, un rôle travesti qui lui permet outre une amusante mise en abime de montrer ses facettes d'un talent de comédienne très sensuelle. Et si Barbara Bonney ne démérite pas, l'autre surprise est Aage Haugland qui nous joue le baron, on a très peur quand on voit arriver ce gros bonhomme, moche comme un pou, mais quel talent ! Les seconds rôles sont aussi très bon, Notamment Jonathan Summers dans le rôle de Fanimal ou la jolie Cynthia Buchan dans celui d'Annina. La mise en scène est très soignée, et les scènes de groupes magnifiquement organisées. Un must.

Ta bouche

Une opérette de Maurice Yvain (1922) Ici dans une représentation au Théâtre de la Madeleine en 2005 par la compagnie "Les Brigands". Relevons en préalable ce qui ne va pas, déjà au moins l'un des chanteurs ne sait pas dire ses répliques, on dirait qu'il les lit, Et puis le réalisateur se livre à des privautés contestables, genre entrecouper ce qui se passe sur scène par des images des coulisses, de la régie ou par des plongées futiles. Franchement ça ajoute quoi ? Sinon il faut bien avouer qu'on passe un bon moment, tout le monde s'amuse comme des petits fous sur scène, c'est enjoué, Emmanuelle Goizé nous charme de sa beauté et son talent et les autres comédiennes ne sont pas mal non plus, c'est gentiment amoral, pas coincé pour un sou, et la musique d'origine qui a été respectée (on n'est pas chez Resnais) nous donne des fourmis dans les pattes. Merci monsieur Yvain !

Trois jeunes filles nues

Une opérette de Raoul Moretti (1925) reprise par des animateurs et journalistes de France 2 en 2006. Faire chanter des gens dont ce n'est pas le métier, à cet exercice Alain Resnais s'était planté en beauté en 2003 avec le calamiteux "Pas sur la bouche". Autant dire qu'ici on pouvait craindre le pire. Et bien non ! La mise en scène de Francis Perrin respecte l'esprit et la folie douce de l'époque, tout le monde s'amuse et s'efforce de chanter bien, ça danse, ça gesticule, ça rigole, et ces demoiselles sont charmantes, on notera notamment la belle mature Catherine Ceylac dans le rôle d'une Madame Ducros absolument déchaînée, Marie-Ange Nadri dans le rôle de Lotte, la fausse ingénue, Nathalie Rihouet dans celui de Miss Tapsy qui nous chante l'air de "Raymonde" et même Sophie Davant dans le rôle de la reine de crevettes. Quant à David Martin, premier rôle masculin, on ne s'attendait vraiment pas à ce qu'il soit si bon et se révèle si bon comédien. 2 heures 15 de pur bonheur et de fantaisie..  lien youtube sur "Raymonde"  Lien youtube sur l'air des crevettes

Cats

Une comédie musicale de Andrew Llyod Webber créée en 1981 et représenté ici dans une mise en scène de 1998. D'emblée quelque chose choque, quand on veut adapter une œuvre musicale au cinéma, soit on prend le parti d'en faire une œuvre cinématographique à part entière (comme Rosi pour Carmen ou F. Mitterrand pour Mme Butterfly) ou alors on filme carrément la représentation sur scène. Or ici on a la scène mais pas le public, ça fait vraiment bizarre, une belle impression de manque. Si on ajoute que la deuxième scène entièrement récitée en chœur est ratée, ça s'annonçait plutôt mal. Et pourtant le plaisir gagne en puissance au fur et à mesure que l'on regarde, ces déguisement de folie, cette troupe déchainée, cette inventivité dans les mots, Elaine Page qui à 50 ans nous entonne un "Memory", …mémorable. Finalement malgré ces réserves, le spectacle est assuré et vaut largement le coup d'œil.  

Le fantôme de l'Opera

Une comédie musicale d'Andrew Llyod Webber créée en 1986 et représenté ici dans une mise en scène de 2011 pour en célébrer le 25ème anniversaire au Royal Albert Hall. C'est tout simplement prodigieux, tout est parfait. La distribution est dominée dans tous les sens du terme par la belle et talentueuse Sierra Boggess qui nous fait une prestation extraordinaire et je n'exagéré rien. Le reste de la distribution est également au top mais il faut souligner les performances remarquables des deux acteurs jouant Monsieur Firmin et Monsieur André, ainsi que celle de Wendy Fergusson dans le rôle ingrat de Carlotta. Cette comédie musicale se permet tout y compris des pièces dans la pièces en y allant de sa satyre ou encore cette étonnante "Mascarade" déluge de couleur, de son et de fantaisie. Et puis cette musique… d'Andrew Llyod Webber qui est véritablement le plus grand musicien de la fin du 20ème siècle, et tant pis pour ceux qui préfèrent Boulez.

Candide

Une opérette de Léonard Bernstein présentée ici dans sa version "définitive" de 1989. C'est une version de concert, donc sans mise en scène, il est donc permis de regrette ce choix (même si une bonne version de concert vaudra toujours mieux qu'une mise en scène inepte). L'œuvre est magistrale, déjà de par sa musique où l'inventivité est à chaque couplet, mais aussi par le texte fortement pompé dans l'œuvre de Voltaire qui non seulement est tout sauf triste, mais qui est remarquablement intelligent. L'interprétation est magistrale que ce soit June Anderson fabuleuse dans le rôle de Cunégonde (bien que Natalie Dessay l'ai surpassé depuis) ou Christa Ludwig dans le rôle de "la vielle femme" et qui à 61 ans s'amuse comme une gamine. Quant à l'auteur, Léonard Bernstein qui dirige lui même sa création : quelle classe !

Love never dies

Une comédie musicale d'Andrew Llyod Webber créée en 2010 et représentée ici dans une production de 2011 au Regent Théatre de Melbourne. Je m'attendais à découvrir une suite brillante au fabuleux "Fantôme de l'Opéra", je suis tombé de haut. Déjà le scénario est très faible, l'œuvre est mal rythmée s'encombrant de duos interminables, l'humour est totalement absent et puis surtout le personnage de Catherine Daaé ne va pas du tout. Certes Anna O'Byrne est une très belle femme et une bonne chanteuse, mais c'est un véritable iceberg, jamais la passion ne semble l'habiter. Quand on pense que la même année Sierra Boggess brillait de mille feux dans le reprise du "fantôme", il n'y a vraiment pas photo ! Cela dit tout n'est pas jeter non plus, la musique d'Andrew Llyod Webber reste sublime, le rôle du fantôme est vocalement assuré, et on peut aussi apprécier les instants de folie des décors et de la mise en scène, même si ses côté felliniens peuvent rebuter. Une déception !

Not the messiah

Un oratorio composé par Eric Idle (2010) et célébrant le 40ème anniversaire de la fondation des Monty Python, Il s'agit d'une adaptation de concert de la Vie de Brian. Je ne suis pas un grand fans des Monty Python dont nombre de productions m'ont déçu, j'ai néanmoins bien apprécie "Personal Service de Terry Jones" et "L'armée des 12 singes" de Terry Gillinan. Mais là j'avoue que ce spectacle m'a scotché sur mon fauteuil. Ils n'ont pas fait les choses à moitié, l'orchestre symphonique et les chœurs de la BBC, 250 musiciens et choriste, un quatuor vocal totalement impliqué dans le délire, des textes complètement décalés, de la dérision, un humour ravageur, de la bonne musique, un enchantement.

 

Compilations et récitals

 

José Carreras – Le gala

Un spectacle de 2002 -105 minutes de bonheur. Si José Carreras est un ténor exceptionnel, que dire de la quasi inconnue Rossana Potenza, gracieuse à souhait émouvante à pleurer dans sa façon de chanter. Dans cette optique ses deux duos avec Carreras (La Veuve Joyeuse, et West Side Story) sont à tomber d'émotions !

Natalie Dessay, le miracle d'une voix

Une compilation d'extraits d'opéras. (2006) Treize extraits d'opéras chantés par Natalie Dessay, notre rossignol national. Autant dire que c'est fabuleux, à ses talents de chanteuse s'y ajoute ceux de comédienne et cela quelque soit le registre. Boute-en-train dans deux versions des Contes d'Hoffmann, délurée dans les deux versions d'Ariane, coquine dans Orphée, rayonnante dans La flute enchantée, le sommet de la compilation étant atteint dans l'interprétation de la scène de la folie de Lucia de Lammermoor, dans une performance alliant le débraillé au tragique et même un érotisme diffus. La fête serait complète si la compil ne contenait pas une incroyable scorie, il s'agit d'une des trois versions des conte d'Hoffmann où un agité du réservoir a transposé la scène dans un EHPAD, Dessay chantant en s'avançant avec un déambulateur ! Il faut vraiment avoir des problèmes pour nous imposer une pareille ineptie propre à retourner le pauvre Jacques Offenbach dans son cercueil. Je vous livre le nom du responsable de cette chose non pas pour le clouer au pilori, mais à titre de précaution : "Louis Erlo". Zappons cette chose et régalons nous en écoutant et en regardant Natalie nous enchanter !

Un cas particulier (juste pour mémoire)

 

Un spectacle de Serge Serve qui ose s'appeler "La flute enchantée"

Je cherche encore l'intérêt de cette imposture ! Imaginez La Flute Enchantée jouée sur une scène de 12 m² avec un orchestre de six musiciens, des comédiens qui non seulement ne savent pas chanter, mais dont les propos sont inaudibles, des décors minimalistes. ajoutons-y des couleurs hideuses et le tableau sera complet. En plus la démarche est malhonnête, Il aurait fallu intituler cette bouffonnerie d'un titre quelconque et éventuellement ajouter en petit en dessous "très librement inspiré de La Flute Enchantée de Mozart, non là c'est indiqué La Flute Enchantée en grand, ce qui fait que je me suis fait avoir. J'ai la rage !


excellent
Très bon
assez bon, pas si mal
bof...
mauvais
nul