Marthe Richard
Page mise à jour le 14/10/2015
Mythomane et aventurière
(1889-1982)

Débuts

En 1937, Raymond Bernard (1) réalisa en 1937 un film qui pulvérisa le Box-office, "Marthe Richard, une espionne au service de la France," avec Edwige Feuillère dans le rôle-titre et Eric Von Stroheim, gravant ainsi un peu plus dans le marbre ce qui n'était qu'une légende
Prostitué mineure dans un bordel pour militaires à Nancy, elle choppe une saloperie, est obligé de changer de lieu et se retrouve à paris, rue Godot de Mauroy dans le quartier de la Madeleine. C'est dans cette rue qu'elle y rencontra en 1907, un riche industriel du nom d'Henri Richer qui l'épousera en 1915, puis ayant eu la mauvaise idée de mourir au front en 1916, lui laissera sa fortune !
Son mari était très généreux, elle a tout, la maison, les domestiques, la voiture et il lui achète même un avion ! Elle décroche alors le record féminin de durée en joignant Le Crotoy (dans la Somme) à Zurich. Record complètement bidonné (non seulement Marthe Richard ne le pilotait pas elle-même, mais l'avion ni fit pas la totalité du parcours)

Espionne

En 1916, elle manifeste l'intention de devenir espionne et est engagé par le Capitaine Georges Ladoux pour une mission en Espagne auprès de l'attaché naval Allemand à Madrid qui devient son amant. Elle devient alors plus ou moins agent double. Les missions qui lui sont confiés sont mineures et elle finit par se faire griller an bout de seulement quelques mois. Ça c'était sa carrière d'espionne !
En 1926 elle rencontre le financier anglais Thomas Crompton, ils se marient, Crompton meurt en 1928 et elle hérite de sa fortune.
En 1930, la capitaine Ladoux se souvenant de Marthe, a l'idée d'écrire un roman intitulé : "Marthe Richard, une espionne au service de la France" (C'est de cette date que date le patronyme Marthe Richard auparavant c'était Marthe Richer du nom de son mari défunt) date de la parution de ce livre puisque Marthe conservait le nom de son mari, Richer. Ce livre n'est qu'une suite de faits complètement inventés et sortis de l'imagination du Capitaine qui en ce qui le concerne n'a d'ailleurs jamais prétendu autre chose.
La vraie Marthe s'émeut de ce succès, mais plutôt que de faire rétablir la vérité elle publie un autre livre "Ma vie d'espionne au service de la France" qui en rajoute encore dans l'affabulation.
Ça ne fait rien, tout le monde y croit et sa popularité est immense et en 1933 le président du conseil Edouard Herriot, l'un de ses amants se débrouille pour lui faire avoir la légion d'honneur !
En 1937, Raymond Bernard porte le livre à l'écran avec en vedette Edwige Feuillere et Eric Von Stroheim !

Deuxième guerre mondiale

Pendant la 2ème guerre mondiale son activité parait assez trouble, elle n'est évidemment pas inquiétée par les Allemands, puisqu'ils ne la connaissent pas.(2) ce qui est sûr c'est qu'elle se rapprocha de certains malfrats français exécuteurs des basses œuvres de la Gestapo comme le gangster marseillais François Spirito, (1900-1967). Quand le vent commence à tourner elle se fait intégrer dans la résistance. Elle racontera ensuite ses exploits de résistance qui laisseront sceptiques la majorité des spécialistes.
Plusieurs affaires louches l'incriminant ayant eu lieu pendant ou après la guerre (recel, trafic d'influence) sont plus ou moins étouffés. On ne touche pas à une icône !
Et puis parce qu'il faut bien en arriver là, il y eut la fermeture des maisons closes contre lesquelles elle s'acharna et qui associa définitivement son nom à cette décision !
Pourquoi un tel acharnement ?

La fermeture des maisons closes

A la libération Marthe Richard se lança dans la politique et milita dans une organisation centriste proche du MRP, parti qui avait l'ambition de devenir à l'instar de la "Démocratie Chrétienne" italienne, un grand parti défendant les valeurs catholiques (et financé en sous-main par la banque vaticane). Dans l'ambiance néo-puritaine de la libération, le MRP se mit à militer pour la fermeture des maisons closes, rejoint en cela par le Parti Communiste.
Marthe Richard, ne trouva pas mieux que de proposer un deal aux principaux tenanciers de bordels : "Mon influence est grande, je peux faire capoter ce projet, mais il faut me donner des sous."
On l'envoya paître et la raison de son acharnement n'est que là, pas ailleurs.
Quelques mois après les maisons closes étaient fermées(3), des plus huppés aux plus sordides. La prostitution n'était plus réglementée, la majorité des filles tombèrent entre les mains de maquereaux clandestins. Comme souvent en France, on avait préféré interdire plutôt que de réglementer correctement !

Décidément elle ne nous plait pas, cette Marthe Richard !


Notes
1) Et non pas Maurice Bernard comme l'écrit Guy Breton
2) L'épisode du livre de Guy Breton reprit complaisamment par Wikipédia selon laquelle vexée par l'indifférence des allemands, Marthe Richard finit par se rendre dans les locaux de la Gestapo où elle aurait déclaré : "Messieurs, je suis Marthe Richard, celle qui vous a fait tant de mal au cours de la dernière guerre". L'officier lui fait répéter son nom, qui ne lui dit rien…. Faut pas pousser, tout de même... et puis elle n'avait pas lieu d'être vexée puisqu'elle savait très bien que les allemands ne pouvait pas la connaître.
3) C'est abusivement que la loi est appelé rétrospectivement loi Marthe Richard, cette dernière n'a jamais été député et ne pouvait donc pas soumettre de projet de loi. Elle était conseillère de Paris, élue du 4ème arrondissement, et c'est en une séance surréaliste que le conseil de Paris décida cette fermeture : "
Il n'y a pas d'électricité. Il n'y a pas de charbon. Il n'y a pas de vin. Il n'y a pas de pommes de terre et les sinistrés attendent toujours un toit (…). Fuyant ces déprimants débats, les conseillers municipaux parisiens consacrent deux longues séances à discuter de la suppression des maisons closes… Mme Marthe Richard, l'espionne bien connue a ouvert le débat ! (Pierre Bernard, reprise de Tartuffe in le Canard enchaîné, 19/12/1945). L'interdiction gagna ensuite plusieurs villes de province avant d'être ratifié par une loi nationale